La Fédération de la ligue démocratique pour les droits de la femme (FLDDF) a présenté, jeudi dernier à Casablanca, son rapport annuel sur les violences à l'égard des femmes au Maroc. Elle suggère la promulgation d'une loi coercitive pour en finir avec ce phénomène. La FLDDF appelle le gouvernement et les élus à prendre toutes les mesures pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes. Les violences envers les femmes sont toujours légion au Maroc. C'est ce qui ressort du rapport annuel de la Fédération de la ligue démocratique pour les droits de la femme dévoilé jeudi, à Casablanca, lors d'une conférence de presse. Les statistiques parlent. Entre 2010 et 2011, la FLDDF a enregistré 15 111 cas de violences à l'égard de la gent féminine. Ils sont de différents sortes : mariages forcés des mineurs , actes de viols et violences conjugales. Les centres d'écoute de la Ligue ont dénombré, au niveau national, durant la fourchette 2010-2011, 4 632 cas de femmes battues. Toujours selon le rapport, d'autres types de violences ont été repertoriés dans plusieurs coins du Royaume, notamment à Larache avec 227 cas, Mohammedia (220 cas), Tanger (114 cas), Fqih Bensaleh (286 cas), Guelmim (132 cas) et Salé avec 269 cas. La présentation du document a été agrémentée par des témoignages de victimes. Recrudescence Ce rapport est présenté presque deux semaines après la publication du 4e rapport annuel du Réseau national des centres d'écoute des femmes victimes de violences. Selon l'ANARUZ, 82 % de femmes marocaines sont victimes de violences conjugales. La gent féminine est aussi la cible d'agressions sexuelles (13 %), de violences juridiques (9 %) et de violences économiques (35 %). 11 % de Marocaines ont été violentées en dehors du foyer conjugal à travers le harcèlement, le viol, l'agression et la tentative de viol. Les femmes et filles célibataires ne sont guère mieux loties. Elles sont la cible de 50 % des actes de violences sexuelles. Réactions Suffisant pour faire sortir Fouzia Assouli de ses gongs. La secrétaire général de la FLDDF appelle le gouvernement et le Parlement à prendre « toutes les mesures administratives et judiciaires pour mettre fin à l'impunité ». Selon elle, il est urgent de promulguer une loi qui va incriminer les actes de violences subies par les femmes. L'implication des acteurs institutionnels et associatifs de même que les médias est souhaitée pour y remédier. Pour Khadija Riyadi, présidente de l'Association marocaine des droits de l'Homme « ce chiffre est anecdotique par rapport aux statistiques officiels sur le phénomène ». Elle milite aussi pour la promulgation d'une loi coercitive mais faudrait-il que « cette loi soit appliquée ». Selon elle, « es violences envers les femmes freinent le developpement social du Maroc ». Hormis l'instauration d'une législation, Khadija Riyadi préconise aussi la mise en place de programmes culturels pour sensibiliser les différents acteurs de la société au respect des droits de la femme. Actions Après les mots, les actes. Des militantes de la Fédération de la ligue démocratique pour les droits de la femme ont observé un sit-in de protestation jeudi à Casablanca, pour dire haro à la recrudescence des violences observées ces derniers mois. «Mettre un terme aux mariages des mineurs », « Agissons pour une loi cadre contre la violence de genre » , « Non aux mariages forcés des mineurs », « La violence conjugale est devenue meurtrière », « Préservons la dignité de la femme contre le harcèlement sexuel », autant de slogans scandés par les manifestantes. Les protestataires ont dénoncé aussi l'inertie des pouvoirs publics et judiciaires. Pour sonner le glas des violences sexuelles, elles proposent l'amendement de l'article 475 du code pénal qui autorise le violeur à marier sa victime et l'article 20 du code la famille qui laisse à l'appréciation du juge le droit de marier une mineure. « La refonte du code pénal permettra aux femmes violées de sauvegarder leur honneur », remarque Khadija Riyadi. * Tweet * * *