La grève qu'entreprennent ce Mardi 12 Avril 2011 les professionnels de santé (médecins-infirmiers – administratifs…) vient nous rappeler, si besoin est, une réalité amère que nous dénonçons sur ces mêmes colonnes depuis plusieurs années. Un malaise profond ronge le secteur de la santé et même le privé n'est pas épargné par le mal. Le ras le bol est général. La situation est sérieuse. Il ne sert a rien de prétendre le contraire et de servir aux citoyens sur les antennes TV des discours stériles avec de beaux sourires. C'est pratiquement toutes les régions du pays qui sont concernées par ce débrayage lancé par les organisations syndicales les plus représentatives du secteur de la santé, à savoir l'Union Marocaine du travail (UMT), la fédération démocratique du travail (FDT), la confédération démocratique du travail (CDT) et l'Union Nationale du travail au Maroc (UNTM). C'est à l'évidence un grand nombre de militants et d'adhérents qui sont concernés par cette grève de 24 heures et on devine les répercussions qui découleront de cet arrêt de travail qui contribuera à exacerber encore plus le manque ou plus exactement la pénurie chronique de personnel infirmier dont souffre notre pays. La situation qui découlera de ce débrayage sera particulièrement insupportable au niveau des grands établissements hospitaliers à Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech, Tanger, Tétouan pour ne citer que ces quelques villes. La gestion du secteur de la santé pointée du doigt C'est le peu d'intérêt dont fait preuve le gouvernement à l'adresse des problèmes dans lesquels patauge le secteur de la santé depuis quelques années qui est à l'origine de cette grogne. Mais le ras-le-bol général et le malaise qui s'expriment dans la grève de ce Mardi 12 Avril sont beaucoup plus profonds, ils sont le résultat d'une détérioration catastrophique des conditions de travail de tous les employés du secteur hospitalier, essentiellement à cause du manque de personnel, du manque de matériel et bien entendu des revendications qui ne sont pas prises en considération aussi bien par le gouvernement que par le ministère de la santé. Il est clair pour les grévistes que la situation actuelle risque de nuire à la santé de la population. La gestion du secteur de la santé est pointée du doigt par plusieurs responsables syndicaux qui lancent une sévère mise en garde surtout si des mesures urgentes, concrètes ne sont pas appliquées dans les prochains jours. Les syndicats revendiquent la révision des statuts des fonctionnaires de la santé publique ( Médecins – infirmiers – administratifs –techniciens ….), des conditions de travail plus humaines, une écoute responsable en ce qui concerne les contraintes quotidiennes que vivent les professionnels de santé qui sont souvent la cible de violence . Au centre de leurs revendications, figurent également l'amélioration des conditions de vie et de travail, le recrutement, à la fonction publique, de tous les jeunes médecins et infirmiers. Si on excepte les quelques revendications légitimes formulées par les centrales syndicales les plus représentatives du secteur de la santé qui ont appelé à cette grève, et si on passe en revue tous les débrayages qu'à connus le secteur de la santé depuis 72 mois, on constate que beaucoup de promesses ont été faites, mais que très peu ont été tenues. C'est aussi ce genre de gestion des conflits qui finit par faire monter la moutarde au nez. Il n'est pas exagéré de dire que les blouses blanches manifestent beaucoup plus pour leur dignité que pour des sous Ils en ont ras-le bol des engagements non tenus , on peut comprendre l'état d'âme des personnels de santé. Le débrayage dans le secteur de la santé, quelle que soit sa durée pénalise en premier lieu, les citoyens marocains démunis , celles et ceux qui n'ont d'autres choix pour se faire soigner que de se rendre à l'hôpital public. On devine aisément leur nombre, mais surtout leurs désarrois et leur déception quand ils sont dans un hôpital vide, totalement désert La question qui me vient à l'esprit est de savoir si cette situation dérange en haut lieu nos responsables du département de tutelle ? Le ministère se sent-il concerné par cette grève ? Assumer pleinement ses responsabilités Au delà de la grève et des répercussions parfois dramatiques qu'elle peut entraîner dans son sillage, il faut avoir présent à l'esprit que la santé des citoyens est du ressort du ministère de la santé qui en assume la charge. Qui dit responsabilité, dit capacité de mener à bien ses responsabilités, moyens a mettre en place sur le court, moyen et long termes pour faire face à toutes les situations. Qui dit responsabilité, dit prévisions, élaboration de stratégies capables d'améliorer la situation sanitaire du pays. C'est aussi prévoir des femmes et des hommes, des médecins et des infirmiers, la technologie, les médicaments et toute la logistique qui va avec pour réussir le challenge. Diriger ne signifie pas rester dans un bureau, s'enfermer et gérer des situations complexes par téléphone. C'est aller vers les professionnels de santé, les écouter, comprendre ce qui peut les préoccuper, être à leurs côtés pour mieux appréhender les différents problèmes, c'est vivre leurs angoisses, leurs peines et leurs joies. Un ministre aussi compétant soit-il ne pourra jamais à lui seul gérer un ministère. Il a besoin de personnes compétentes, très imprégnées des différents rouages qui font tourner la machine et qui interviennent dans le développement et l'essor de tout un pays. Si ces responsables n'arrivent pas à assumer pleinement leurs responsabilités où qu'ils faillent à leurs prérogatives, ils doivent en principe en assumer totalement la responsabilité. Il faut en finir une bonne fois pour toute avec les situations ambiguës qui découlent de l'incapacité à gérer des situations sensibles qui demandent des capacités, des compétences avérées. Le résultat de ces incapacités à pouvoir gérer des situations qui consistent à être à l'écoute des doléances des professionnels de santé se traduisent sur le terrain par des actions négatives, des grèves, absentéisme à répétition, je m'en foutisme …… Et dans tout ça c'est le pauvre citoyen qui paie les pots cassés. On comprend mieux les réactions de mécontentement des malades et de leurs familles. Il ne faut dons pas nous raconter des salades du genre concilier le citoyen avec le service public. Le département de la santé gagnerait beaucoup plus à se concilier avec lui-même, avec l'ensemble des professionnels de santé, avec les médecins, les infirmiers, les techniciens, avec les organisations syndicales avant de penser à autre chose, ce qui pourra certainement nous épargner plus d'une grève.