Les Américains aiment à répéter qu'être président de leur pays est un «mauvais poste de travail» ! Alors que nous vivons les derniers jours de 2010 – une année décrite comme «ronde» par certains – le président Barack Obama a déjà eu probablement l'occasion de méditer l'anecdote de ses compatriotes. Mais pas seulement. Le premier président noir des Etats Unis d'Amérique doit sans doute être en train de réfléchir aux succès et aux échecs qui ont marqué la deuxième année de son mandat. Les professionnels de la politique made in Washington disent que «l'objectif premier de tout président pendant son premier mandat, est de réussir à en décrocher un deuxième» ! Obama et son équipe ne dérogent pas à cette maxime érigée en règle non-écrite dans la capitale fédérale. La popularité du président joue énormément dans la balance. Pour le moment, sa cote demeure élevée, en dépit de la défaite cuisante du camp démocrate pendant les élections législatives à mi-mandat. Barack Obama sera – sauf accident de parcours – candidat à sa propre succession dans deux ans. Mais il lui faudra compter plus que sur son aura personnelle pour se faire élire en 2012. Il lui faudra présenter un bilan positif et des réalisations concrètes, notamment sur le front de la politique interne. Et qui dit politique interne dit économie ; et qui dit économie dit amélioration du niveau de vie des électeurs. Ceux-là mêmes qui l'ont porté à la maison blanche en 2008. Mais pas seulement. Il y a également ceux qui ont sanctionné ses amis politiques en novembre dernier. Pour se sortir du piège de la cohabitation avec une Chambre des Représentants dominée par les républicains, Obama a un plan : celui du compromis politique. Il en a d'ailleurs usé avant la fin du mandat de l'actuel Congrès en réussissant à faire voter trois législations, dont deux lui tenaient particulièrement à cœur. La première est celle qui permet aux personnels militaires homosexuels de se revendiquer comme tels. Jusqu'à maintenant, les gays et les lesbiennes ne pouvaient faire carrière dans l'armée que s'ils taisaient leur préférence sexuelle. Le vice-président Joe Biden a salué la nouvelle loi comme un grand succès progressiste, qui ouvre la voie à une légalisation possible des mariages homosexuels. La deuxième loi à mettre à l'actif du bilan d'Obama dans sa version 2010, est la ratification de l'accord passé avec la Russie pour la limitation de l'arsenal nucléaire des deux pays. C'est le fameux nouveau traité START. Quant à la troisième réalisation législative, c'est celle qui a ouvert la voie aux deux premiers. Il s'agit du compromis fiscal sur les réductions de la taxe sur le revenu, y compris pour les ménages les plus riches. Fruit d'un deal politique passé avec les élus républicains, ce compromis a permis – en passant – de reconduire les indemnités versées par le gouvernement aux chômeurs de longue durée. Mais ce deal a mis en rogne une bonne partie des amis politiques du président. Pour eux, l'année 2010 aura été mauvaise à cause de la tendance qu'a le président de ne pas écouter les conseils et les propositions venant du camp libéral. Ils n'arrêtent pas de lui reprocher ses retournements sur des questions qui ont fait de lui le champion toutes catégories de ce même camp, dit de gauche. Ainsi, lui rappellent-ils sa décision controversée d'augmenter le nombre des soldats américains engagés en Afghanistan et son incapacité à fermer le centre de détention de Guantanamo. C'est dans ce centre – défini par beaucoup comme extra-judiciaire – que se trouvent emprisonnés ceux que l'administration américaine appelle les «combattants ennemis ». Le candidat Barack avait promis de le fermer. Mais le président Obama n'arrive toujours pas à matérialiser cette promesse électorale majeure ! D'ailleurs, d'aucuns pensent que l'administration du 44-eme président des Etats Unis d'Amérique n'a toujours pas fait ses preuves sur la scène internationale. Car en plus des difficultés militaires liées à la situation en Afghanistan et au Pakistan, Obama et sa Secrétaire d'Etat Hillary Clinton semblent avoir jeté l'éponge devant Israël. Le premier ministre de l'Etat hébreu refuse obstinément de mettre un terme à sa politique d'expansion en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ce qui a conduit à l'échec des bons offices américains pour parvenir à une solution définitive du conflit Israélo-palestinien. Ces «échecs» sur le plan extérieur seront sans doute mis de côté, vraisemblablement à partir de la deuxième moitié de 2011. En effet, en juin prochain, Barack Obama devra ordonner à une partie des soldats déployés en Afghanistan de rentrer au pays. Après, toute son attention sera tournée vers 2012 : l'année de tous les dangers pour ce fils d'un immigrant Kenyan, aux manières un peu hautaine, mais dont l'élection à la maison blanche, il y a à peine deux ans, a pu réconcilier les Américains avec une certaine idée de la politique.