Il y a un an, Barack Obama, premier président noir de l'histoire des Etats Unis accédait à la magistrature suprême de son pays, sur la promesse de réconcilier l'Amérique avec un chapitre ségrégationniste de son histoire et d'inaugurer une nouvelle ère dans ses relations avec le reste du monde basée sur "le respect mutuel et "les intérêts communs". -Par Fouad Arif- Mais au-delà la grande symbolique incontestable de cette élection, Barack Obama a hérité d'un pays en proie à sa plus grande crise économique et financière depuis la Grande Récession de 1929, un déficit budgétaire stratosphérique de 1,4 trillion de dollars, un double engagement militaire en Irak et en Afghanistan et tout récemment une menace d'Al-Qaeda qui plane encore une fois sur la sécurité nationale américaine. Autant dire que la complexité de la tâche à laquelle devait s'atteler le nouveau chef de l'exécutif US n'avait d'égale que les attentes, qui ne peuvent forcément être toutes assouvies, de ceux là même qui l'avaient porté au pinacle. Conscient de la nécessité d'agir sans plus attendre, Obama annonce d'emblée qu'il allait réformer le système de santé, là où avait échoué Bill Clinton en 1994, fermer la prison de Guantanamo et mettre en oeuvre un plan de sauvetage de plus de 700 milliards de dollars, destiné à sauver le système bancaire, force de frappe de l'économie américaine. +Gouverner à partir du centre-gauche+ Dans son premier discours devant le Congrès, le 24 février 2009, Obama a dévoilé son agenda de réforme touchant la société américaine dans ses trois piliers que sont le système de santé, l'énergie et l'éducation. Beaucoup d'observateurs y ont vu un revirement idéologique et un nouveau mode de gouvernance à partir du centre-gauche de l'échiquier politique le comparant dans son ampleur au New Deal de Franklin Roosevelt. La réforme du système de santé, qui avait suscité un débat enfiévré aux quatre coins des Etats-Unis et mobilisé pas moins de six lobbyistes pour chaque législateur au Congrès qui en compte 535, est en passe de devenir une réalité législative après son passage à la Chambre des représentants et au Sénat. Reste, toutefois, à trouver une version finale à soumettre au Président Obama pour sa promulgation. En attendant la polémique qu'a suscitée ce débat a entrainé dans son sillage la popularité du locataire de la Maison Blanche qui a chuté à 46 pc d'opinions favorables, soit la plus basse performance pour un président américain à l'entame de la deuxième année de son mandat, révèle un récent sondage de la chaine de télévision CBS.
Obama souhaite une promulgation dans les jours qui viennent afin de donner au parti démocrate une nouvelle impulsion en cette année d'élections de mi-mandat. Bill Clinton avait mis en garde contre un échec au Congrès de la réforme du système de santé. Les "vainqueurs écriront l'histoire par la suite", avait-il mis en garde, faisant allusion à la débâcle que le parti Démocrate avait subie lors de même scrutin en 1994, justement après la déconvenue d'un projet de réforme similaire. +Un engagement en Afghanistan pour le meilleur et pour le pire+ En annonçant en décembre dernier, l'envoi de quelque 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan dans le but de neutraliser les Taliban et Al-Qaida, Obama a lié son propre mandat présidentiel à l'issue de la guerre dans ce pays, une guerre que le chef de l'exécutif US s'est ainsi appropriée pour le meilleur et pour le pire, estiment plusieurs observateurs. La décision est intervenue après plusieurs mois de réflexions et de spéculations sur le nombre de troupes à envoyer au front afghan, sur fond de scepticisme sinon d'opposition des Démocrates au Congrès et d'un soutien paradoxal de la part des adversaires naturels du locataire de la Maison Blanche, les Républicains. Longtemps, Obama a été entre l'enclume des militaires qui réclamaient pas moins de 40.000 soldats et le marteau de son noyau dur électoral qui ne veut pas cautionner une guerre qui risque de s'enliser. Afin de ramener vers lui son propre camp, Obama a donc opté pour une solution intermédiaire, à savoir l'envoi de 30.000 soldats au lieu des 40.000 réclamés par le commandant des forces US et alliées en Afghanistan, le général McChrystal, en accompagnant cette décision par un calendrier de retrait du contingent américain de ce pays vers juillet 2011. Obama a du par la suite faire face à ceux, comme son ancien rival aux dernières élections présidentielles, le sénateur républicain John McCain, qui estimaient que "la stratégie de sortie doit être dictée par la réalité sur le terrain", insistant que le retrait ne peut avoir lieu qu'après avoir assuré la victoire. Afin de justifier sa décision, le Président Obama a expliqué que l'Afghanistan et sa région constituent "le coeur d'un extrémisme international violant mené par Al-Qaida", indiquant que de nouvelles attaques "s'y trament" contre les Etats Unis. Le récent attentat contre une base avancée de la CIA dans la province de Khost, ayant fait sept morts dans les rangs de l'agence de renseignement US, lui a donné raison. Plusieurs analystes à Washington estiment que les réformes du système de santé et du secteur financier et la trajectoire que prendra la guerre en Afghanistan détermineront, pour une large partie, la présidence de Barack Obama. A court terme, elles seront déterminantes pour les élections de mi-mandat qui se tiendront en novembre prochain. En attendant, l'élection partielle qui se tient au Massachussetts, pour pourvoir le siège du sénateur défunt Ted Kennedy, s'est révélée être plus serrée que prévue bien que se déroulant dans un Etat traditionnellement démocrate. Ce scrutin risque de prendre l'allure d'un min-référendum sur Obama et son agenda, tout particulièrement la réforme du système de la santé, d'où sa décision de venir lui-même à la rescousse du candidat démocrate dans cette course, qui, bien que locale, risque d'avoir des répercussions nationales.