Les maladies cardiovasculaires représentent aujourd'hui la cause principale de décès dans le monde avec prés de 18 millions de décès par an. Selon l'Organisation mondiale de la santé, les maladies cardio-vasculaires rendent compte de 30% de la mortalité globale, à égalité avec la malnutrition et les problèmes liés à la maternité et à la période néonatale, ce qui correspond à un pourcentage nettement plus élevé que celui attribué au cancer (13%) et aux accidents (8%). Sur le plan de la mortalité, l'hypertension artérielle est en fait le facteur de risque principal, suivie par le tabagisme et l'hypercholestérolémie. Zoom sur le bourreau des cœurs que l'OMS qualifie d'ennemi n°1 de la santé partout dans le monde Des chiffres qui interpellent Le Maroc n'échappe pas à ces maladies, il en paie même un lourd tribut. Et si l'on croit les chiffres d'une enquête sur les facteurs de risques réalisée par le ministère de la santé, le Maroc est un pays à risque cardiovasculaire. En tête de peloton des facteurs de risques des maladies, nous retrouvons l'hypertension artérielle (HTA) avec 33,6 %. La dyslipidémie (concentration anormalement élevée de lipides dans le sang) occupe la seconde place avec 29 %, puis le diabète avec 6,6 % et le tabagisme, surtout masculin qui avoisine 31%. Sans oublier l'obésité, de plus en plus mise en cause, avec un taux de 11%. Les chiffres sont ceux de d'enquête réalisée en 2000, on comprend qu'ils sont à revoir à la hausse. Quoiqu'il en soit ces chiffres sont éloquents, ils montrent clairement qu'il y a péril en la demeure et qu'il faut agir pour arrêter ce fléau qui coûte très cher sur les plans économique et humain. Les maladies cardiovasculaires sont la cause directe de la mort de prés de 18 millions d'individus chaque année à travers la planète. Ces pathologies tuent plus de gens qu'aucune autre maladie et entraînent des millions de handicapés. Ce qui interpelle encore plus, c'est que nombre de ces victimes ont moins de 60 ans (donc des morts prématurées), on constate aussi que ce sont surtout les cadres supérieurs, les professions libérales et de plus en plus les cadres moyens, qui sont les premières victimes de ces maladies Des coûts qu'il faut connaître Le choix de ce sujet réside dans le fait que les maladies cardiovasculaires sont évitables. La prévention est possible. Elle permet non seulement d'épargner des vies humaines, d'économiser de l'argent, mais aussi de stopper ou tout au moins de réduire de façon significative ces affections. Et de surcroît, la prévention de ces maladies est peu coûteuse au regard du coût des interventions aux coûts exorbitants sans oublier aussi la cherté des médicaments qui dans bien des cas ne sont pas à la portée de tous nos concitoyens en particulier celles et ceux qui n'ont pas de couverture médicale type AMO ou autres. A titre indicatif, il faut savoir qu'une coronarographie coûte 8000 DH, une dilatation d'une artère coronaire 32.000 DH, une intervention de pontage coronaire 90 à 100.000 DH. Le remplacement des valves cardiaques de 80.000 à 100.000 DH. Ces prix ne sont pas fixes, ils peuvent varier en fonction de plusieurs critères dont celui de l'état général du malade, les suites opératoires, le séjour en réanimation… Des maladies Handicapantes Commençons d'abord par identifier les principales maladies du cœur et des vaisseaux qui nous intéressent le plus et qui sont la raison d'être de cet article. Dans ce registre on note l'infarctus du myocarde, l'hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux (A.V.C). Ces affections sont aujourd'hui très fréquentes contrairement à ce que l'on peut penser, il suffit de voir autour de soi au boulot, dans la rue, de regarder pour bien comprendre l'ampleur du problème. Qui parmi nous ne souffre pas dans sa chair parce qu'un proche, un ami, un parent ou une connaissance qui était la joie de vivre c'est retrouvé soudainement victime d'une de ces maladies ? L'infarctus du myocarde est dû à la formation d'un caillot dans l'une des artères coronaires (qui entourent le cœur) bloquant instantanément l'apport de sang donc d'oxygène au muscle cardiaque irrigué par cette artère. De manière générale, ce caillot se constitue sur un rétrécissement localisé de l'artère, suite à des dépôts de cholestérol (graisses). L'hypertension artérielle ou tension élevée, correspond à une pression trop élevée du sang dans les artères. (Il est admis que les chiffres 140/90 mmHg ne doivent pas être dépassés) Ce qui oblige la pompe cardiaque à une surcharge de travail qui la fatigue prématurément et provoque sa défaillance. L'hypertension favorise également le dépôt de graisses sur et dans la paroi des artères (athérosclérose). Cette obstruction peut entraîner à plus ou moins long terme une angine de poitrine ou un infarctus du myocarde si elle touche les artères coronaires, une insuffisance rénale dans le cas des artères rénales et une destruction progressive des cellules nerveuses du cerveau, avec les conséquences graves que l'on sait : accidents vasculaires cérébraux (AVC ) avec des conséquences dramatiques paralysie, perte de la parole, baisse intellectuelle, démence ou mort subite, si ce sont les artères cérébrales qui sont touchées. Si l'infarctus du myocarde, l'hypertension artérielle et les AVC constituent les principales maladies cardiovasculaires, l'hypertension artérielle est et demeure l'affection cardiovasculaire la plus répandue, la plus coûteuse en souffrances, en argent et en vies humaines. L'hypertension artérielle : Un Tueur silencieux Ce qui est plus alarmant, plus grave c'est que le nombre des individus hypertendus est en augmentation rapide chez nous. Pour s'en rendre compte, il suffit de se référer aux résultats de l'étude nationale réalisée en 2000 qui nous apprend que le taux de prévalence de l'HTA au Maroc est de 33, 6% chez la population adulte à partir de 20 ans et 54 % chez l'homme de plus de 40 ans. Cependant, seulement 18% savent qu'ils sont hypertendus et 12,7% des traités sont contrôlés. C'est une véritable épidémie, si on peut se permettre l'expression; non seulement très fréquente mais sous diagnostiquée et mal contrôlée, ce qui donne à l'hypertension artérielle un caractère pernicieux très dangereux. L'augmentation de ces maladies est liée à l'augmentation de l'espérance de vie, au vieillissement de la population et surtout aux modes de vie. En termes de modes de vie, nous consommons de plus en plus sucrés, gras et salés. C'est la porte ouverte aux cardiopathies et leurs conséquences, au diabète et à l'obésité qui deviennent fréquentes et pose un réel problème de santé publique. Il ne faut pas non plus négliger l'abus de l'alcool et le tabagisme, une tendance à la hausse surtout auprès des jeunes. Or, tout comme les excès de graisses, de sel et de sucre, le tabac est une grande menace pour nos artères avec exactement les mêmes risques que l'hypertension. En effet, le tabac en favorisant le dépôt de cholestérol (graisses) sur et dans les artères, en augmentant la tension artérielle et en favorisant la formation de caillots cause les mêmes dégâts graves : infarctus du myocarde, mort subite, paralysie, perte de la parole, démence ou artérite, en fonction de la localisation du caillot. Au rang des accuses : Notre mode de vie L'urbanisation et l'industrialisation dont les conséquences immédiates sont, le stress, le manque d'activité physique et l'excès de poids, n'arrangent pas du tout les choses. Cette absence d'exercice physique régulier nuit gravement à notre cœur, car elle l'affaiblit. En effet les sports d'entretien (la marche, la natation et le vélo) pratiqués régulièrement dilatent les artères et les protègent donc contre les obstructions (thromboses) dues aux graisses et aux sucres en excès dans le sang, conséquences de notre malbouffe. Ainsi, à l'origine de nos problèmes de santé, nos propres régimes alimentaires, très pauvres en légumes frais et fruits et malheureusement riches en graisses animales : beurre, crème, préparations de viandes très salées (saucisses, saucissons, merguez, viandes grillées…), notre sédentarité et le tabac ennemi public qui cause des ravages. Nous venons ainsi, d'identifier les bourreaux de notre cœur (hypertension, cholestérol, tabac et sédentarité) et en attendant de revenir plus attentivement sur le rôle de chacun d'eux, que faire ? S'il y a des facteurs favorisants sur lesquels nous ne pouvons pas beaucoup agir tels, l'âge, l'hérédité, le sexe, nous pouvons au moins adopter une hygiène de vie saine. Il est souhaitable de sensibiliser le plus grand nombre de citoyens contre les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et promouvoir un mode de vie sain. Si la maladie est dépistée à temps et prise en charge correctement, le malade peut éviter les graves complications. Il faut organiser des campagnes de sensibilisation, de dépistage au profit de la population. Au dispensaire, au centre de santé, à l'hôpital on peut organiser des séances d'éducation et d'information avec des séquences vidéo, diapo, affiches. Au niveau des écoles, des collèges et lycées organiser 10 minutes par mois pour parler des facteurs de risques des maladies cardiovasculaires, la TV, la radio, la presse écrite, tous peuvent contribuer à sensibiliser contre le fléau des maladies cardiaques. Aujourd'hui, il est admis qu'avec une bonne information, de l'éducation et la prévention, on réduit 50 % les complications mortels de HTA. Contre les maladies cardiovasculaires : Marchons Des études sérieuses ont établi de manière scientifique, un lien entre les maladies cardiovasculaires et la sédentarité, apportant ainsi la preuve que l'exercice physique est bénéfique pour la santé. Tous les sports (exceptés les sports, de combat) pratiqués régulièrement, sont bénéfiques; seulement à partir de 35 à 40 ans, nous devons privilégier les sports d'entretien cités plus haut. Le plus important dans l'exercice physique n'est pas son intensité mais sa régularité, 7 km trois fois par semaine ou une marche d'une demi heure par jour. En effet, nos muscles doivent continuer de fonctionner assez activement pour retarder l'apparition de l'athéromatose (athérosclérose). Des trois sports conseillés, la marche est l'exercice physique indispensable que l'on peut pratiquer à tout âge et toute sa vie, régulièrement, progressivement et sans forcer. Alors marchons, encore et encore ! C'est gratuit et ça rapporte très gros. Pour terminer nous appelons nos responsables, nos élus, nos décideurs afin qu'ils puissent tout mettre en œuvre pour que soit multiplié le nombre des terrains de jeux, de sports et les espaces verts.