Les candidats de la macronie sont arrivés majoritairement en tête dimanche chez les Français de l'étranger au premier tour des législatives, à l'exception de Manuel Valls, éliminé, devancé par l'alliance de gauche Nupes qui s'est qualifiée dans 10 circonscriptions sur 11. « Si la dissidence et la division ont semé la confusion, je ne peux pas ignorer mon score et le fait que ma candidature n'a pas convaincu », a déclaré l'ancien Premier ministre sur Twitter, avant même l'annonce des résultats officiels, en référence au député sortant et candidat dissident de la majorité Stéphane Vojetta, arrivé deuxième. « Il m'appartient lucidement d'en tirer les conséquences », a-t-il ajouté, avant d'appeler à faire barrage au second tour au candidat de la Nupes, Renaud Le Berre, arrivé en tête dans cette cinquième circonscription des Français de l'étranger, qui regroupe l'Espagne, le Portugal, Monaco et Andorre et compte environ 120.000 électeurs inscrits. Le chef de file des députés sortants LREM Christophe Castaner a « appelé » lundi sur France 2 « à l'élection » de M. Vojetta, « parce qu'il soutient le président ». Mais il a dénoncé « la violence » des réactions à l'échec de M. Valls. « Bon débarras » avaient clamé sur les réseaux sociaux plusieurs membres de la Nupes et en particulier de LFI. L'échec de M. Valls « est une bonne nouvelle pour la démocratie », a estimé lundi sur France Info l'insoumis Manuel Bompard. La Nupes est parvenue en tête dans deux des 11 circonscriptions de l'étranger, et à décrocher la deuxième place presque partout, à l'exception de la 8e du pourtour méditerranéen, dont l'Italie et Israël, où le député sortant UDI Meyer Habib est arrivé en tête. Dans la 1ère circonscription (Amérique du Nord), Roland Lescure, député sortant de la macronie, est arrivé en tête, mais il est talonné par la candidate de la Nupes, Florence Roger. Dans la 6e (Suisse), le député sortant Joachim Son-Forget, élu en 2017 pour LREM avant de flirter avec l'extrême droite, a été éliminé, au profit de Marc Ferracci, économiste proche d'Emmanuel Macron. Les Polynésiens, qui votaient dès samedi, ont eux aussi placé en tête les candidates investies par la majorité présidentielle dans la première (Nicole Bouteau, 41,9%) et la deuxième circonscriptions (Tepuaraurii Teriitahi, 33,2%). Dans la troisième, c'est en revanche le sortant Moetai Brotherson, qui siégeait avec les communistes à l'Assemblée, qui est arrivé en tête (34,2%), deux points devant le candidat macroniste. Les Français de l'étranger semblent s'être davantage mobilisés qu'en 2017 (19,1%) selon des chiffres provisoires. Plus encore qu'à la présidentielle, l'abstention est attendue à un niveau record pour un premier tour des législatives le 12 juin (52 ou 53% selon les sondages contre 51,3% en 2017). L'abstention des jeunes et des classes populaires pourrait avantager la majorité actuelle, qui s'appuie sur un électorat plus âgé et plus aisé que celui du RN ou de la Nupes, estiment des spécialistes. Mais « l'inquiétude est là » chez les macronistes, expliquait dimanche soir sur LCI le sondeur Frédéric Dabi (Ifop) car « il y a des hypothèses qui donneraient des majorités relatives » au camp d'Emmanuel Macron, sous la majorité absolue des 289 sièges. La majorité présidentielle devancerait la Nupes (LFI, EELV, PS, PC) autour de Jean-Luc Mélenchon qui pourrait atteindre entre 170 et 205 sièges, devant LR (35 à 55 députés) et le RN (20 à 50 sièges), selon l'Ifop. Mais « le scénario d'une majorité absolue pour la Nupes est pour l'instant exclu », selon M. Dabi. A l'extrême droite, Marine Le Pen a assuré dimanche dans le Pas-de-Calais qu'il était « encore temps d'empêcher Macron de disposer de tous les pouvoirs » et de « vaincre la malédiction d'un mode de scrutin injuste, qui maintient en place un système vermoulu ». La finaliste de la présidentielle (41,5% au deuxième tour) était restée jusqu'alors assez discrète. Mme Le Pen a depuis revu ses objectifs à la hausse et appelé ses partisans à lui « donner 100 à 150 députés ». Le président du parti Jordan Bardella avait conjuré la veille « les patriotes » de « ne pas disperser leurs voix », en pleine guerre fratricide avec le camp d'Eric Zemmour.