La Bolivie traverse une sérieuse crise depuis la proclamation des résultats controversés du scrutin présidentiel d'Octobre 2019 au terme duquel Evo Morales, sorti vainqueur, devait rempiler pour un quatrième mandat après avoir remporté les trois élections consécutives qui lui avaient permis de présider aux destinées de la Bolivie de 2006 à 2019. Mais ce résultat avait été vivement dénoncé par une opposition qui était descendu dans la rue manifester sa colère et crier à la fraude si bien qu'après avoir été lâché par sa police et par son armée, le président Evo Morales avait été acculé à la démission. Ayant pris le chemin de l'exil celui-ci cherchera refuge, dans un premier temps au Mexique avant de s'installer en Argentine. S'étant proclamée présidente par intérim après avoir obtenu le soutien de ses pairs, la Sénatrice Jeanine Anez qui prit ses nouvelles fonctions le 12 Novembre 2019 s'était engagée à diriger un gouvernement de transition jusqu'à la tenue d'élections présidentielles en 2020. Aussi, l'annonce de sa candidature au scrutin présidentiel du 18 Octobre prochain alors même qu'au moment de sa prestation de serment, elle s'était donné pour mission d'assurer une transition et d'organiser une nouvelle élection présidentielle transparente tout en promettant «de ne pas influer sur le processus ni d'essayer de se maintenir au pouvoir», est venue brouiller les cartes ; ce qui a été vivement critiquée aussi bien par ses adversaires que par certains de ses alliés. En conséquence, ce jeudi 17 Septembre, aux premiers jours de la campagne et un mois avant le scrutin, Jeanine Anez, la présidente par intérim de la Bolivie, soucieuse de «veiller à la démocratie» et craignant « de voir le vote démocratique divisé entre plusieurs candidats» et un retour du MAS – le «Mouvement pour le socialisme» de l'ancien président Morales – a annoncé son retrait de la course à la magistrature suprême. Accompagnée de l'homme d'affaire Samuel Doria Medina, son candidat à la vice-présidence, et d'autres alliés politiques, Jeanine Anez, a déclaré sur les ondes de la télévision nationale : «aujourd'hui, au nom de la démocratie, je mets de côté ma candidature à la présidence de la Bolivie». Sans dévoiler le nom du candidat qu'elle compte soutenir, la présidente par intérim a exhorté ses compatriotes à l'unité car, leur a-t-elle dit, «Si nous ne nous unissons pas, Morales revient ; si nous ne nous unissons pas, la démocratie perd ; si nous ne nous unissons pas, la dictature l'emporte !». Or, il convient de préciser, toutefois, que ce repli de dernière minute de la présidente par intérim de Bolivie n'est pas fortuit puisqu'il est intervenu au lendemain de la publication, par la Jubilee Catholic Foundation, d'un sondage qui, en lui attribuant 7% des intentions de vote, lui a conféré la 4ème place derrière Luis Arce (29,2%) le candidat du MAS et dauphin d'Evo Morales suivi de Carlos Mesa, l'ancien président (19%) puis de Luis Fernando Camacho, un responsable régional qui pourrait recueillir 10,4% des suffrages. Si donc ce n'est qu'après avoir été convaincue que son combat pour la présidence du pays est perdu d'avance que Jeanine Anez s'est retirée de la course à la magistrature suprême de Bolivie, le retrait de cette dernière va-t-il pousser les boliviens à s'unir autour de l'ancien président Carlos Mesa pour barrer la voie au «Mouvement pour le socialisme» d'Evo Morales ? Attendons pour voir...