Une nouvelle polémique remonte sur la surface. En effet, le projet de loi N°04.20 relatif à la carte nationale d'identité électronique (CNIE), qui sera examiné mercredi 17 juin en commission de l'intérieur, des collectivités territoriales, de l'habitat et de la politique de la ville, a suscité un débat dans les milieux associatifs et des ONG amazighs. Ainsi, ce mécontentement de la part des activistes amazighs sur ce projet de loi qui remplace la loi n° 35.06 portant création de la carte d'identité nationale, approuvé par le Conseil de gouvernement le 12 mars 2020, est dû essentiellement à l'absence totale de la langue amazighe et de sa graphie en tifinagh de la nouvelle CNIE. Dans cette optique, plusieurs acteurs ont jugé que cette absence de l'Amazigh dans la version actuelle du projet de loi de la CNIE est catégoriquement contradictoire avec l'article 5 de la constitution et de la loi organique n°26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazigh, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique. «Le projet de loi concernant la carte d'identité nationale est un projet « hors constitution » et qui est contradictoire avec la loi organique de la mise en œuvre du caractère officiel de l'amazigh qui a été publiée au Bulletin officiel depuis octobre 2019», a souligné Ahmed Assid. Ce dernier a appelé non seulement à développer des lois mais aussi à changer les mentalités des décideurs pour qu'ils puissent accompagner l'évolution à la fois dans le domaine législatif et juridique dans notre pays. En revanche, il a considéré que l'un des fondements de la réconciliation nationale consiste à ne pas retourner en arrière en répétant les mêmes erreurs envers les amazighs et l'amazigh comme identité, langue et culture. En outre, les ONG et associations amazighes à savoir l'organisation Tamaynut (le bureau fédéral), l'Université d'été d'Agadir, la Confédération des associations amazighes au Sud, la Confédération des associations amazighes au Nord, ont exprimé leur mécontentement sur ce projet de loi de la CNIE. «L'exclusion de la langue amazighe sur le projet de loi N°04.20 relatif à la carte nationale d'identité électronique est une «violation» du principe d'adaptation des nouvelles lois et législations avec les dispositions de la Constitution et la loi organique de la mise en œuvre du caractère officiel de l'amazigh ; chose qui approfondira la marginalisation dont a souffert l'Amazigh depuis plusieurs années», soulignent les associations et les ONG amazighes signataires dans un communiqué adjoint. Toutefois, ces dernières ont appelé les partis politiques à assumer leurs responsabilités législatives au sein de la commission chargée de l'examen de ce projet en modifiant cette loi en intégrant la langue amazighe officielle dans la nouvelle la CNIE. Pour l'activiste amazigh M'hamed Sallou, ce projet de loi est une occasion pour que la langue amazighe soit présente dans la nouvelle CNIE et dans tous les documents officiels, entre autres le passeport et les billets de banque. Au-delà de la portée symbolique de cette discision, dit-il, c'est également la mise en œuvre des lois. «Ce qui est étrange, c'est qu'il y a des partis politiques qui se disent qu'ils ‘'militent'' pour l'Amazigh qui ont approuvé ce projet de loi sans faire attention à ça. C'est une espèce d'hypocrisie politique de la part de ces gens-là». Dans le même cadre, Abdellah Badou président du Réseau Amazigh pour la Citoyenneté (Azetta Amazigh), a appelé dans une lettre adressée à la commission à intégrer des modifications sur le projet de loi. «Quand le gouvernement a préparé et approuvé ce projet de loi, il a omis l'utilisation de la langue amazighe et son alphabet tifinagh dans l'écriture des données inclues dans la nouvelle CNIE en ignorant l'article 5 de la Constitution marocaine et les dispositions de la loi organique n°26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazigh, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique», a-t-il fait savoir.