Après l'adoption du projet de loi organique sur le caractère officiel de la langue amazighe C'est le bout du tunnel pour le projet de loi organique N°26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazigh. Les députés viennent d'adopter à l'unanimité le texte à la Chambre des représentants après plusieurs années d'attente. Le blocage était notamment dû à la manière optimale pour l'utilisation du caractère amazigh, «tifinagh», dans les documents officiels. C'est désormais acté. Les actes de naissance, les CIN (carte d'identité nationale), les passeports ainsi que les billets de banque, comporteront des années en langue amazighe et en caractère «tifinagh». Il s'agit de l'une des grandes nouveautés prévues par la Constitution du pays adoptée en 2011. Pour rappel, l'article 5 de la loi fondamentale du pays stipule que «l'arabe demeure la langue officielle de l'Etat. L'Etat œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu'à la promotion de son utilisation. De même, l'amazigh constitue une langue officielle de l'Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle». C'est désormais chose faite. Si le projet de loi organique N°26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazigh devra transiter par la Chambre des conseillers, avant son adoption finale, le texte validé par les locataires de la première Chambre prévoit déjà un calendrier pour l'introduction de l'amazigh dans les documents officiels. Une introduction qui se fera de manière progressive. Concrètement, le texte prévoit jusqu'à dix ans pour permettre aux secteurs de l'administration publique concernés de s'adapter à la nouvelle législation. Pour sa part, le ministre de la culture et de la communication, Mohamed Laaraj, a souligné que le texte permettra d'officialiser la langue amazighe dans tous les domaines prioritaires de la vie publique et de l'intégrer dans les secteurs de l'enseignement, de la législation et l'action parlementaire, les médias et la communication, ainsi que dans les différents domaines liés à la création artistique et culturelle. Le projet de loi vise à renforcer les compétences des ressources humaines des secteurs privé et public en matière de communication en amazigh avec les usagers, à promouvoir les recherches scientifiques en lien avec le développement de cette langue tout en encourageant les créations, les productions et les festivals ayant l'amazigh comme langue d'expression, a expliqué le ministre, cité dans un communiqué. Il s'agit aussi de consolider l'intégration de la culture et des expressions artistiques amazighes dans les programmes de la formation culturelle et artistique des établissements spécialisés, qu'ils soient publics ou privés. A noter par ailleurs que les parlementaires de la première Chambre ont également adopté à l'unanimité le projet de loi organique portant création du Conseil national des langues et de la culture marocaine. Il faut préciser que ce texte s'inscrit également dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution. Dans ce sens l'article 5 dispose que «(…) L'Etat veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle nationale et à l'apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde, en tant qu'outils de communication, d'intégration et d'interaction avec la société du savoir, et d'ouverture sur les différentes cultures et sur les civilisations contemporaines. Il est créé un Conseil national des langues et de la culture marocaine, chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent un patrimoine authentique et une source d'inspiration contemporaine. Il regroupe l'ensemble des institutions concernées par ces domaines. Une loi organique en détermine les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement».