La liste des métiers artistiques est enfin dévoilée. Une bonne nouvelle pour les professionnels du secteur culturel et artistique. Le Conseil de gouvernement a adopté le projet de décret n° 2.18.546 sur les métiers artistiques. C'est ce qu'a annoncé, jeudi 2 août, le ministre délégué chargé des relations avec le parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. Réagissant à cette décision, Bouhcine Messaoud, président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques, indique dans une déclaration à Al Bayane que ce décret aura des retombées bénéfiques sur le plan juridique, fiscal et artistique pour le secteur. «Aujourd'hui, il y a une reconnaissance de ces métiers et leurs catégories, ce que n'existait pas auparavant», explique-t-il. Y a-t-il d'autres métiers qui méritent d'être intégrés dans le décret ? «Je ne pense pas parce que les métiers artistiques se reproduisent et se multiplient, mais les fondamentaux restent les mêmes avec des évolutions dans leurs particularités. C'est une liste qui reste ouverte sur l'évolution du secteur artistique», ajoute-t-il. Il faut rappeler que cette liste qui concerne l'écriture, l'interprétation, les métiers des arts du spectacle et les métiers artistiques techniques et administratifs s'inscrit dans le cadre de la mise en application de l'article 2 de la loi n° 68.16 relative à l'artiste et aux métiers artistiques. Brahim El Mezned, directeur fondateur du Bureau Export de la musique marocaine (MoMex), estime quant à lui que ce dossier a pris un peu de retard. Toutefois, à son sens, l'adoption de ce décret est une bonne nouvelle. «Aujourd'hui, le secteur baigne dans l'informel. Je pense que pour faire avancer ce secteur, il faut mettre en place des outils d'accompagnement à la fois pour aider les acteurs culturels à créer des entreprises dans le secteur culturel, soit avec des motivations fiscales, soit avec un soutien économique pour créer de petites activités génératrices de revenus et de l'emploi», a-t-il affirmé. Pour mieux promouvoir le secteur, El Mezned estime qu'il faut encourager ces petites entreprises culturelles dans des territoires précaires et non pas uniquement dans l'axe Casablanca- Rabat. Il faut aussi mettre en œuvre la régionalisation par le biais de la culture et du soutien aux industries créatives dans les zones enclavées. Pour ce faire, selon lui, d'autres ministères dont le Ministère de la tutelle, le Ministère des finances et de l'emploi doivent encourager les gens à investir dans ce domaine. «Le risque doit être pris par tout le monde», souligne-t-il. Abdelkader Retnani, président de l'Association marocaine des professionnels du livre (AMPL), quant à lui, accueille chaleureusement cette décision. « Dans le cadre de notre filière et métier qui est l'écriture, il n'y a pas une reconnaissance. Et un pays qui ne reconnait pas son écriture, ses auteurs, ses écrivains, ses pièces de théâtre… ne peut pas avancer. Dans ce cadre-là, l'année dernière il y a eu la création d'une fédération des industries culturelles et créatives qui, j'espère, va prendre ce message comme une lettre ouverte à tout le gouvernement pour qu'on puisse faire bouger les choses », a-t-il confié au journal. Si le décret est largement salué par les artistes, il ne fait pas bon écho auprès de certains. Mohammed Mansouri Idrissi, président du Syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels, juge ainsi que ce décret concerne uniquement certains métiers, notamment le cinéma, des arts du spectacle… «Nous les artistes plasticiens n'avons pas une relation avec ces métiers. Pour vous dire, nous n'avons pas été contactés pour l'élaboration de ce projet. Notre syndicat n'a été convié à aucune réunion pour parler de métiers et les définir. Ce décret ne concerne pas les artistes peintres», indique-t-il. Malgré les critiques et lacunes liées au texte, certains artistes, écrivains et acteurs estiment que ce projet de décret reste un acquis dans le sens de la structuration du secteur et artistique. «Les métiers artistiques souffraient depuis toujours de l'absence d'infrastructures, mais aussi de l'absence de l'arsenal juridique qui donne à ces métiers la valeur et le statut dans la société et dans l'Etat. Il faut encourager le secteur culturel et artistique afin de promouvoir l'investissement et contribuer au renforcement de l'économie nationale», commente l'écrivain et poète, Hassan Najmi.