Vers un nouvel ordre culturel En adoptant un projet de décret fixant les conditions et les modalités de la délivrance de la carte de l'artiste, jeudi 8 novembre, le Conseil du gouvernement a posé un nouveau jalon visant à refonder la régulation de ce secteur. Il est certain que le désordre et le manque de transparence qui ont caractérisé ce domaine vital durant plusieurs années ont créé un climat favorable à l'émergence de certains parasites et autres pseudo-artistes. L'initiative de l'exécutif vient ainsi de rectifier le tir, cinq années après l'entrée en vigueur du décret n° 2.05.1222 qui a été souvent sous le feu des critiques des professionnelles pour ne pas avoir clarifié certains points. D'ailleurs, Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a reconnu que ce texte juridique demeure ponctué par quelques lacunes, notamment en ce qui concerne le suivi des dispositions et la fixation de la date de remise et de renouvellement des cartes. Une fois le projet approuvé, la délivrance de la carte relèvera totalement du ministère de la Culture. Ledit projet fixe également à cinq ans la durée de validité de la carte et définit les documents composant les dossiers de demande et de renouvellement. Le document juridique fixe également les documents nécessaires pour la demande et le renouvellement de la carte et sa date de validité qui ne devrait pas dépasser cinq ans. En réaction à une telle initiative, Bouhcine Messaoud, président du Syndicat national des professionnels du théâtre, a souligné que «l'action du gouvernement est méritoire à plus d'un titre et constitue une réponse à l'une des revendications des vrais artistes». En d'autres termes, ce nouveau projet «a pour objectif la défense des intérêts des artistes, en voulant instaurer l'ordre et le retour des chose à leur cour normal», a-t-il précisé dans une déclaration à Al Bayane. Notons dans ce sens que ce projet élaboré par le ministre de la Culture, Amine Sbihi, contient aussi de nouvelles dispositions d'une importance cruciale. En fait, la carte de l'artiste donne à son détenteur la priorité au travail dans toutes les créations et spectacles artistiques appuyés par l'Etat. Aussi, selon le texte, cette carte confère le droit aux artistes de bénéficier des législations relatives aux accidents de travail, la sécurité sociale et la couverture médicale. En dépit des points positifs contenus dans le projet de loi, Bouhcine Messaoud émet quelques réserves. La réforme du champ artistique passe ipso facto par l'amendement du statut de l'artiste. Pour bien réorganiser le secteur, ce dernier préconise une nette séparation entre les familles d'arts afin d'éviter tout amalgame. Le président du syndicat appelle également à consacrer un quota bien défini concernant le volet donnant la priorité au travail pour les artistes professionnels pour éviter toute mauvaise interprétation de la loi. Pour rappel, le chef du département de la Culture a annoncé récemment dans une conférence de presse que son cabinet travaille avec acharnement pour la mise en place d'un mécanisme nationale visant la protection sociale des artistes. Amine Sbihi a souligné que cet outil a pour a pour objectif de faire face à la situation sociale difficile qu'endurent certains artistes, en particulier les pionniers. Notons par ailleurs, que le Conseil du gouvernement a adopté un projet de décret, présenté par le ministre de la Culture visant à développer le Prix du Maroc Livre et d'en faire un carrefour incontournable des écrivains marocains. En fait, le projet décret comporte des dispositions visant la promotion des langues nationales et la mise en place de deux nouveaux prix pour les sciences humaines et les sciences sociales. Abderrahim El Allam, président de l'Union des écrivains marocains (UEM) a considéré que ces nouveaux amendements sont importante, tout en appelant à valorisation du montant consacré au prix. De même, et vu la diversification des expressions culturelles, le champ culturel nécessite la création de nouvelles récompenses, a-t-il ajouté.