Bonne nouvelle pour les artistes marocains. Le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi, vient d'annoncer la réforme des procédures de l'obtention de leurs cartes «professionnelles». Cette semaine, Sbihi a déclaré au Parlement que le décret relatif à l'attribution de la carte d'artiste sera révisé. «Deux raisons nous poussent à entamer cette révision. D'abord, ce décret stipule que le dépôt des dossiers a lieu en septembre, l'étude des commissions entre octobre et novembre et la remise des cartes en janvier. Ce qui nous oblige à attendre jusqu'en septembre pour attaquer ce dossier. La deuxième raison est relative au caractère de la carte. Elle est uniforme, alors qu'elle doit différencier certaines catégories comme éclairagiste ou scénographe», nous explique le ministre de la Culture. Dans le détail, le ministère de tutelle se réunit, depuis deux semaines déjà, avec les associations professionnelles, afin de définir les grands axes de la stratégie qui sera adoptée pour mettre en place cette nouvelle carte. Parmi les points discutés, demeure l'application d'une catégorisation des métiers liés à l'art. «C'est primordial de mettre en place un système pour différencier le métier qu'exerce tel ou tel artiste. Le ministère en est d'ailleurs conscient. Je n'aime pas que l'on parle de carte d'artiste, mais plutôt de carte professionnelle, parce qu'il s'agit à mon sens du seul moyen pour recenser les artistes qui exercent, de ceux qui n'exercent pas», souligne Mohamed Darham, président de la coalition marocaine de la culture et des arts. Une procédure serrée Mohamed Amine Sbihi, lui, préfère mettre l'accent sur la procédure qui sera adoptée pour le choix des bénéficiaires. «Il n'y aura pas de copinage... Nous allons mettre en place une procédure verrouillée, afin que tous les artistes puissent bénéficier de cette carte. Nous sommes en train de promouvoir les industries culturelles créatives dans notre pays, les textes de loi doivent être donc être en mesure d'accompagner ces réformes», ajoute le ministre. Ainsi, et après les rencontres avec les associations professionnelles, le nouveau décret sera soumis dans les deux prochaines semaines au Conseil de gouvernement, pour approbation. Juste après, des commissions seront mises en place pour étudier les dossiers déposés. «Je veillerai personnellement à ce que les commissions fassent leur travail en toute intégrité et professionnalisme. Je ne suis pas en train de remettre en cause le travail des autres commissions, qui étaient composées de personnalités remarquables. La preuve c'est qu'en trois ans, moins de 2.000 cartes ont été distribuées et environ 25 à 35 % des dossiers ont été refusés», affirme Sbihi. Par ailleurs, le ministre a annoncé que des pourparlers avec le pôle public sont en cours, afin d'unifier les contrats signés avec les artistes. L'Etat veut en effet que les cartes d'artistes soient l'unique moyen permettant aux professionnels de l'art de conclure des contrats avec le pôle public, y compris ceux relatifs au secteur publicitaire. Et des avantages sociaux À en croire les déclarations du ministre de la Culture, les reportages où l'on découvre avec beaucoup d'amertume la misère des artistes marocains, feront bientôt partie des archives. «Ces cartes doivent en premier lieu faciliter la vie aux artistes», n'a cessé de répéter le ministre. Outre une couverture médicale, une caisse sociale, le département de Sbihi est en train de négocier avec le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle la possibilité de créer une caisse de retraite pour les détenteurs de ces cartes. Ce n'est pas tout, ces cartes devraient assurer aux artistes des tarifs promotionnels dans les différents hôtels du royaume, ainsi qu'au niveau des moyens de transport. Ce n'est pas tout, Sbihi tente d'élargir la couverture médicale au plus grand nombre d'artistes. «Nous contribuons en ce moment à hauteur de 2 MDH dans le budget global de la caisse nationale des artistes». Presque 1.200 artistes bénéficient donc de la couverture médicale, soit plus de 2.000 si l'on compte les ayants droit. Toutefois, notre objectif est que le plus grand nombre d'artistes marocains bénéficient de cette carte. Face à ces réformes, le président de la coalition n'a pu qu'adhérer à ce projet. «Nous soutenons ces réformes... Toutefois, nous demandons que la loi de l'artiste, les agences artistiques, ainsi que tout projet déjà discuté mais toujours en suspens, soit mis en place». Décidément, le chemin est encore long ! Fatima-Ezzahra Saâdane