Les médias du monde entier ont été unanimes à dénoncer la barbarie israélienne qui s'est opérée au large de Gaza. L'effet de la flottille de la paix, celle qui visait à briser l'embargo inhumain qui frappe le territoire palestinien où le Hamas sévit, est loin de s'estomper. Et dans ce concert de protestations, les unes plus énergiques que d'autres, même la presse israélienne est sortie de l'ombre. Pour fustiger un acte criminel opéré par Tsahal. Et qui plus est dans les eux internationales ! Mais au-delà de la dénonciation, sincère ou pas, ce qu'il faudra retenir de substantiel dans ce triste épisode qui s'est soldé par la mort de civils, et Israël n'est pas à son premier forfait du genre comme le montre l'histoire sanglante de ses agressions militaires, c'est que l'establishment israélien vient de souffler sur le chaudron religieux pour mieux l'attiser. Histoire de bloquer net les démarches entreprises aujourd'hui par toutes les bonnes volontés pour que les négociations de paix puissent reprendre. Et aux Américains d'en tirer les conclusions nécessaires. La tactique choisie pour favoriser la stratégie israélienne de blocage systématique de tout processus de paix est du plus mauvais effet dans la région. Car Tel-Aviv vient de froisser un de ses alliés dans la région, la Turquie en l'occurrence. En donnant au parti islamiste au pouvoir la chance de mettre au pas un appareil militaire qui, historiquement, assumait le rôle de gardien de la laïcité telle qu'imaginée par Ataturk. L'affaire est, bien évidemment, des plus graves. Car c'est une prime qui a ainsi été gracieusement servie à Erdogan pour aller de l'avant sur la voie de la «réislamisation» d'un pays qui prétend intégrer l'ensemble européen par la grande porte. La rue turque a drôlement été secouée par les images scandaleuses de l'abordage, dans le sang, de la flottille de paix. Et la marée de la colère noire n'est pas circonscrite à l'aune de ce seul pays avec lequel Israël avait des rapports stratégiques qui débordaient y compris sur le plan militaire. De Djakarta à Casablanca, les vagues de colère ont toutes les chances d'être récupérées par les formations islamistes qui utilisent la juste cause palestinienne à des fins bassement politiciennes. Tel-Aviv sert dès lors l'agenda et du Hamas et de ses pairs dans le monde arabo-musulman. Un agenda qui met en équation la véritable cause qui conditionne l'émancipation des terres arabes spoliées, celle de la démocratie pleine et entière. Les rues qui seront secouées par les millions de marcheurs seront aux couleurs vertes. Celles qui symbolisent le Hamas et sa résistance face à l'occupation israélienne. Tel-Aviv joue donc parfaitement la partition de la guerre psychologique. Celle qui confine les masses arabo-musulmanes au repli identitaire. Celle qui porte le conflit israélo-arabe sur un registre des plus étroits ; le religieux en l'occurrence. Mais en attisant ce feu là, Tel-Aviv ne fait qu'affaiblir les partisans d'une paix juste et durable dans le monde arabe. En les coupant de leurs bases qui n'ont d'yeux que pour les civils que Tsahal se permet de martyriser en toute impunité. Comment dès lors pourrait-on ne pas assister à la résurgence de la culture du martyre ? Comment ne pas y voir un encouragement aux rites du sacrifice que les Israéliens redoutent par-dessus tout ? Assurément, Israël court contre l'Histoire en se dérobant à la seule issue possible : la paix qui réhabiliterait les droits légitimes du peuple palestinien à disposer de ses terres et de son Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. En lieu et place de cela, l'establishment israélien choisit la surenchère en s'assumant comme pirate et en multipliant les colonies dans les territoires occupés. Bref, si cela ne s'appelle pas dérive suicidaire… Cela y ressemble drôlement.