Migrations Le débat a repris de plus belle, mardi en Espagne, sur les effets de la crise espagnole, avec cette fois comme argument le solde négatif des migrations. En 2012, l'Espagne, jadis pôle d'attraction des mouvements migratoires il y a une décennie, a vécu une circonstance particulière avec plus d'Espagnols qui partent et moins d'étrangers qui y débarquent. Elle a perdu, suivant cette équation, plus de population à cause de l'émigration, plus que tout autre pays européen. Au total, il y avait 162.000 citoyens qui avaient émigré, soit plus que le total des immigrés venus s'y installer. Ce diagnostic, établi par l'Office statistique des communautés européennes (EUROSTAST) dans son rapport démographique, a alimenté les commentaires dans la presse et medias audiovisuels espagnols. La donnée statistique, considérée comme un des aspects les plus cruels de la crise économique, place le pays dans une délicate situation démographique et risque de provoquer un dépeuplement avec pour conséquence une baisse de la croissance de la population. Déjà, dans un de ses rapports, début 2013, l'Institut espagnol de la statistique (INE) avait relevé une chute de 113.900 habitants. Au 1er janvier 2013, l'Espagne comptait 46.704.300 habitants contre 46.818.200 un avant auparavant. Il ne faut pas être démographe pour expliquer les causes de ce phénomène. Depuis l'hécatombe des secteurs employant une nombreuse main-d'œuvre, des Espagnols et immigrés ont fait leur valise pour tenter leur chance hors des frontières. Cependant, le rapport d'EUROSTAT, publié fin novembre, dessine un tableau peu reluisant en jouant sur les comparaisons entre l'Espagne et le reste des pays de l'Union européenne (UE). De ce fait, le pays a eu le pire solde migratoire net sur la totalité de sa population. Seules l'Irlande et l'Estonie ont eu des soldes pareils. Curieusement, et à titre d'exemple, l'Allemagne a accueilli plus de personnes que le total de celles qui avaient opté de l'abandonner. Comme solde net, sa population est passée de 80.327.900 d'habitants au 1er janvier 2012 à 80.523.700 soit un solde net de 195.880 personnes. L'Italie, qui vit la même situation de crise que l'Espagne, a eu un solde démographique net de 291.000 habitants. Dans l'ensemble, la population de l'UE a augmenté de 1.099.500 d'habitants de janvier à décembre 2012 avec un solde d'immigration supérieur d'un million à celui qui ont quitté l'espace communautaire européen (505.730.500 au 1/1/2013 contre 504.631.000 au 1/1/2012). Déjà, dans le recensement provisoire établi par l'INE (fin juin dernier), il était apparent que la démographie espagnole va subir des transformations du fait qu'elle a baissé de 0,2% par rapport à 2011, perdant du coup 162.390 habitants. C'est la plus forte baisse de la population espagnole depuis 1971. Selon l'INE, 476.748 personnes (autochtones et étrangers) avaient abandonné le pays contre 314.358 personnes qui y étaient arrivées. En détail, 59.724 étaient espagnoles et 417.023 étrangères. Le départ des derniers a réduit de 2,3% la dimension de la population étrangère qui se situe actuellement à 5.118.112 résidents. Cette baisse s'inscrit dans un processus continu depuis l'enclenchement de la crise en 2007 puisque, selon l'INE, au moins deux millions de personnes autochtones et étrangères avaient abandonné l'Espagne, dont plus d'un million en Catalogne et 368.000 à Madrid. L'absence d'opportunités de travail est la principale cause du départ des étrangers, chinois et équatoriens en tête. Une agence conseil chinoise «Orient Consulting», signale que son portefeuille d'entrepreneurs a baissé de 25% en l'espace d'un an. «En 2013, entre cinq et six entreprises espagnoles déposent leur bilan chaque mois», a explique Zhang, responsable de l'agence, en juin dernier. Les Equatoriens sont partis en masse suite à l'appel des autorités de leur pays qui leur garantissent l'occupation de milliers de postes d'emploi vacants. Selon une récente enquête, publiée en août dernier par l'entreprise de l'emploi temporaire, Randstad, 65% des jeunes espagnols affirmaient qu'ils étaient disposés à partir à l'étranger en quête d'un poste d'emploi, soit dix points de plus par rapport à une autre enquête élaborée un an auparavant. En tout cas, il serait utile d'attendre la fin de l'année pour connaître une radioscopie fiable de la population espagnole de l'INE. Cet organisme officiel se base sur les registres d'inscriptions municipales pour établir un recensement général de la population et les mouvements migratoires affectant le pays.