L'Espagne compte, depuis le 1er avril, 46.148.605 habitantes grâce à 120.566 naissances recensées de janvier à mars. Cette donnée, reprise du recensement périodique de l'Institut Espagnol de la Statistique (INE), publié lundi, interpelle tout expert. L'Espagne est confrontée à un sérieux problème, celui du vieillissement de sa population. Au premier trimestre de 2010, il y a eu 235.372 naissances (-3,2% par rapport à la même période de 2009). Le rapport démographique de l'INE révèle une série de réalités qui démontrent que l'âge conjoncturel de fécondité (âge moyen des femmes espagnoles qui ont eu leur premier enfant) a augmenté pour atteindre 31,06 ans contre 30,98 ans en 2010 et 30,87 en 2008. Ceci se traduit par une chute du taux de fécondité qui est, au 1er avril dernier, de 1,41 enfant par femme en âge de procréation (2,23 pour le Maroc en 2010). En matière de matérialité, l'âge moyen le plus élevé est enregistré dans la province basque de Vizcaye où les femmes ont leur premier enfant à 32,3 ans. Elles sont suivies par leurs compatriotes de Guipuzcoa (32,19 ans), Palencia (32,04), Corogne (32,03 ans) et Valladolid (32,83 ans). C'est dans les villes occupées de Melilla et Ceuta où l'âge de procréation est le plus bas avec respectivement 29,34 ans et 29,45 ans. Durant le premier trimestre, il y a eu un total de 120.566 naissances, dont 62.174 garçons et 58.392 filles. C'est dans les régions d'Andalousie (23.690), Catalogne (20.540) et Madrid (18.489) où a été enregistré le plus grand nombre de ces naissances. A Sebta, 300 nouveaux-nés ont été comptabilisés et à Melilla 314 autres. En face, le taux de mortalité a baissé pour situer l'espérance de vie à 78,81 ans pour les hommes et 84,81 pour les femmes, soit une hausse de 0,3% d'il y a un an. S'agissant de l'immigration, l'INE révèle qu'au premier trimestre, la population étrangère a marqué un solde négatif. Selon les registres municipaux de population, ce solde est de 20.209 de moins puisqu'il a été constaté l'inscription de 101.610 contre 121.818 qui ont disparu de ces listes durant la même période. De même, l'INE signale que 14.108 espagnols ont émigré face à 7.875 qui ont retourné à leur pays, soit un solde net de 6.234 espagnols qui sont partis à l'étranger. Ces données corroborent d'autres données dans le même sens contenues dans le Troisième Rapport Démographique, diffusé, il y a deux semaines, par la Commission Européenne et l'Eurostat. Ce texte insiste sur le vieillissement de la population et la chute du nombre d'immigrés en Espagne. Selon ce rapport, publié une fois tous les deux ans, la population espagnole risque de devenir la plus vieille de l'Union Européenne (UE). Ceci s'explique par le fait que sur les 10 personnes en âge de travailler, six seront des retraités en 2050. De manière que 58,7% des habitants (contre 38% en UE) seront prises en charge par la Sécurité Sociale, contre 24,3% en 2009. Comme conséquence, seront augmentées les dépenses en pensions qui vont absorber 15,1% du Produit Intérieur brut (PIB) en 2060 contre 10,4% en 2009. La moyenne européenne se situera à 12,6%. Compte tenu de cette réalité démographique, l'immigration demeure la planche de salut aussi bien pour le rajeunissement de la population que pour l'équilibre des comptes de la Sécurité Sociale. La persistance de la crise économique pourrait, néanmoins, provoquer le départ massif de la main d'œuvre étrangère, principal levier dans de nombreux secteurs économiques et activer le vieillissement de la population.