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Ce que les Marocains aiment
Humeur
Publié dans Albayane le 17 - 07 - 2013

Les Marocains aiment la fête. Ils sont de nature débonnaires, sont épicuriens et bons vivants. Toutes les occasions sont bonnes pour festoyer. Fêtes religieuses, nationales, régionales ou familiales ; Ils ne ratent rien. Et s'il n'y en a pas, ils en inventent : Tout est prétexte à faire la fête ; ils épient le moindre événement pour le célébrer comme il se doit:
«Tu as ton permis de conduire, ça s'arrose ! Il a eu son bac, son père doit nous faire une succulente «zérda» (festin) ! Elle vient d'être opérée et elle est en convalescence, il est de notre devoir de lui rendre visite pour lui souhaiter un prompt rétablissement et lui dire « âla slamtek ! » Il revient du pèlerinage, nous devons féliciter le nouveau Haj, boire un verre de l'eau bénite de «Zamzam» et déguster les dattes sacrées de la Mecque. Tu as perdu ton pari, tu dois payer le tajine ! »... Rien ne leur échappe, ils n'épargnent personne !
Les Marocains célèbrent même les fêtes qui ne sont pas les leurs et ne connaissent ni d'Adam ni d'Eve comme le Nouvel An ou la Saint-Valentin. Quand il s'agit de la liesse, des festivités et des festins, ils sont partants sans restriction aucune, sans aucune hésitation comme le dit si bien l'adage populaire marocain « Même à Bagdad, le festin n'est point loin ! »...Les Marocains ne savent pas dire non à la fête. Et à chaque fête son rituel, son ambiance, ses préparatifs, ses exigences à respecter à la lettre. On ne badine pas avec les traditions ; c'est sacré ! Il faut que tout soit parfait et on ne lésine pas sur les moyens. Les dépenses d'un mariage, par exemple, sont souvent ruineuses et pharaoniques ; on s'en fout ! Ils est primordial que les invités soient reçus comme des princes, qu'ils boivent et mangent copieusement, qu'ils s'amusent et dansent comme des fous, qu'ils passent une nuit des Mille et Une Nuits et disent que le mariage était parfait. Le reste ne compte guère ! Ils sont fous ces Marocains ; Ils dépensent une fortune en une seule nuit quitte à s'endetter plusieurs années et ne regrettent rien !
Bref, les Marocains sont des fêtards incorrigibles. Je sais ce que je dis ; Je suis Marocain!
Les Marocains aiment la bonne humeur, le rire, l'humour, la légèreté, la plaisanterie, les facéties, les farces. Ils ont le sens de l'humour, sont optimistes, voient le bon côté des choses et préfèrent prendre les choses à la légère. Ils rient de tout, même d'eux-mêmes ! Toutes les occasions sont bonnes pour raconter une blague, une anecdote entre collègues, entre amis ou en famille et s'esclaffer de rire... La blague marocaine est riche, variée et irrésistiblement drôle. Elle aborde tous les sujets et touche à tout sans tabou. Pour les Marocains, c'est le meilleur moyen d'expression ; un moyen infaillible pour se défouler, s'exprimer, critiquer, se moquer, dénoncer les maux de la société, ses défauts et ses tares avec satire et ironie.
Gaieté
Le peuple marocain est un peuple joyeux dont le rire tonitruant s'entend de l'autre coté de la mer ! Les Marocains raffolent de tout ce qui fait rire : Films, pièces de théâtre, émissions humoristiques à la télé, « Halkas » (spectacle de rue), etc. Ils adorent les acteurs comiques et les humoristes qu'ils vénèrent et idolâtrent... Je me rappelle, chaque fois que les salles de cinéma (qui n'existent plus maintenant et qui font désormais partie de la nostalgie) présentaient un film de Charlie Chaplin ou de Louis de Funès, elles étaient archi-pleines !
Les Marocains ont horreur de la morosité, de la tristesse et de la noirceur et cherchent par tous les moyens à créer une ambiance bon enfant, joviale, insoucieuse où le rire et la bonne humeur sont de mise. Les Marocains sont de grands enfants qui adorent jouer des tours pendables, faire des plaisanteries même de mauvais goût, enquiquiner leurs amis et leurs proches. Ils aiment celui qui a le sens de l'humour et évitent celui qui est trop sérieux et rigide. On dit de lui qu'il apporte la guigne... Bref, les Marocains sont des farceurs incorrigibles et des rieurs intarissables, gais comme des pinsons. Je sais ce que je dis ; Je suis Marocain !
Les Marocains aiment la musique, la chanson et la danse. Ils ont le rythme dans la peau et la cadence dans les gènes. Ils naissent avec ; c'est viscéral et inné ! Dès que l'on sent l'ennui nous envahir, en famille ou entre amis, on fait appel à la musique et au chant. La radio et la télé ne se taisent jamais. Indispensables et vitales dans chaque foyer : Très bon pour le moral et la bonne ambiance... Dès qu'un Marocain ou une Marocaine entend le son d'un bendir ou d'un tambourin, le grincement d'un violon ou d'un banjo, il se met à remuer la tête suivant le rythme, commence à taper dans ses mains et, sans s'en rendre compte, se met à se déhancher, à se dandiner, à se balancer, à vibrer de tout son corps comme un possédé et finit par trépigner comme s'il avait le diable au corps ! Il ne peut s'empêcher de danser ; impossible de résister en restant calme, écoutant une musique rythmée ! Il ne peut résister à l'euphorie de la danse ; cette danse qui devient souvent endiablée et se métamorphose en transe ; cette espèce de catharsis ancestrale ! ... Et si les Marocains ne trouvent pas de musique, ils créent leur propre musique (tous les Marocains sont des musiciens ) : Un objet quelconque peut facilement faire office d'instrument de musique : Un plat et des verres de thé vides, une bassine ou un seau d'eau, deviennent, comme par miracle, des instruments à percussion assourdissants ! Les autres tiennent la cadence en tapant dans les mains. Et comme par magie, la musique surgit ! On chante, on danse, on pousse des youyous, on pousse des cris de joie ; On est heureux ! ... Le patrimoine musical, le folklore, la chanson populaire dans notre pays sont d'une richesse et d'une diversité inouïes. Dans une seule région cohabitent plusieurs styles, rythmes, genres et sortes de musique et de chant aussi riches les uns que les autres. C'est magnifique ! ... les Marocains ne sont pas chauvins et aiment les chanteurs et chanteuses des autres pays. Ils sont des fans admirateurs et fidèles à leurs idoles adorées et idolâtrées ... Je me rappelle la visite historique de la plus célèbre cantatrice arabe Oum Kaltoum, comme si c'était hier. La seule chaîne de télévision nationale diffusait ses soirées en direct. Un événement au Maroc ! Il ne fallait, sous aucun prétexte que ce soit, le rater. Rares étaient les familles qui avaient le privilège et le luxe d'avoir chez elles un poste de télé en noir et blanc. Nous allions en famille chez un ami de mon paternel, habitant loin de chez nous, à pied, le soir, pour avoir l'honneur de voir la diva arabe chanter à la télé. Le patio de la maison était bondé de téléspectateurs : Les femmes et les enfants d'un côté, les hommes d'un autre. Tous avaient le regard figé sur le petit écran ; médusés, enivrés, émerveillés, emportés, envoûtés, ensorcelés. On écoutait la diva arabe chanter dans un silence religieux ! Depuis cette soirée, j'adore Oum Kaltoum. Je n'oublierai jamais ce souvenir ... Bref, les Marocains ne peuvent vivre sans musique et chant qu'ils appellent « Nachate » (allégresse), C'est vital comme l'air et l'eau. Je sais de quoi je parle ; je suis Marocain !
Hospitalité
Les Marocains aiment l'hospitalité. Le bon accueil est pour eux un devoir auquel on ne peut manquer et aussi un plaisir et une joie incommensurables. L'hospitalité fait partie de leurs us et coutumes, de leurs traditions héritées de leurs ancêtres ... L'hospitalité marocaine est célèbre dans le monde entier. Même s'il n'a rien, le Marocain donne tout à celui qui frappe à sa porte lui demandant l'hospitalité ; Cette hospitalité qu'il n'a pas le droit de lui refuser. D'ailleurs, l'adage populaire marocain dit : « Dyaft N'bbi tlt iyam » (l'hospitalité au nom du prophète dure trois jours ». Cela veut dire qu'il est du devoir de tout Marocain de bien recevoir n'importe quel étranger, de lui fournir le gîte et le couvert durant trois jours ; C'est presque un ordre divin ! Le citoyen marocain donne une grande importance à l'hospitalité et il est toujours prêt à recevoir des gens chez lui, membres de la famille, amis ou étrangers. Son souci permanent est de fournir à ses convives tous les moyens de repos et de bien-être, de confort et de luxe pour qu'ils ne manquent de rien et se sentent bien. Par exemple : les familles marocaines achètent des ustensiles, des plats, des services de très bonne qualité, à des prix exorbitants mais ne les utilisent jamais, n'en profitent jamais, se contentant de se servir avec des ustensiles ordinaires et bon marché. Les autres sont exclusivement réservés aux invités ! On ne les sort que lorsqu'on reçoit. Ainsi, plusieurs articles sommeillent dans leurs paquets attendant patiemment dans un placard l'arrivée d'un invité pour qu'en fin on fasse appel à eux ! Un autre exemple : Les Marocains réservent la meilleure pièce de leur maison aux invités. Le meilleur salon est meublé, tapissé, décoré à la mode, flambant neuf, brillant et rutilant, propre et bien astiqué et ... fermé à clé ! On ne l'utilise jamais. On séjourne dans une pièce plus modeste. On se prive du confort et du luxe du meilleur salon qui nous a demandé une petite fortune, le réservant aux invités... Je me souviens de ma mère, chaque fois que je m'aventurais à rentrer au salon, qui me criait dessus : « Misérable ! Sors immédiatement de là et ferme la porte ! Et si quelqu'un vient à l'improviste, où vais-je le mettre ? Sur ma tête ?! » ... Ils sont fous, ces Marocains ! Ils se privent réservant tout ce qu'ils ont de plus beau à d'éventuels visiteurs ! ... Je me rappelle mon enfance. Notre maison ne désemplissait pas. Il y avait souvent, pour ne pas dire toujours, quelqu'un chez nous. Hospitalier jusqu'à la moelle, mon père aimait recevoir et avait cette mauvaise habitude d'emmener un ami partager son repas sans prévenir ma mère. Je les servais et attendais qu'ils se remplissent la panse, les regardant dévorer notre déjeuner, avec mon ventre qui criait famine !
Après leur départ, je pouvais manger le reste du repas avec ma mère et mes frères. Je n'aimais pas les invités de mon père ! Ne pouvant plus supporter de manger les miettes, ma mère a eu l'idée géniale de préparer deux déjeuners : l'un pour nous et l'autre pour mon père et ses convives innombrables. Et quand il rentrait seul pour le déjeuner, elle laissait le deuxième repas pour le dîner. De cette façon, tout le monde était satisfait. Sacrée maman !
Notre ville n'est pas loin du village de mes origines paysannes, ce qui encourageait les villageois à venir chez nous chaque fois qu'ils avaient à faire en ville (rendez-vous avec le médecin, hospitalisation, problèmes administratifs, tribunal, commerce, etc.). Tous les habitants du bled et même ceux des patelins avoisinants venaient chez nous ; même les voisins de l'oncle d'un cousin germain très éloigné ; ceux que les Marocains appellent « l'odeur de la graisse dans la hache ! »... nombreux trouvaient la ville plus propre, plus belle et plus confortable que leur douar poussiéreux et décidaient, sur un coup de tête, de prolonger leur séjour chez nous, passant carrément des vacances gratuites ! Et il fallait les faire sortir, les promener, les accompagner en ville voir les immeubles, admirer les vitrines et les voitures. Seuls, ils risquaient de s'égarer, les pauvres !... je n'oublierai jamais un campagnard cinéphile que je devais accompagner au cinéma, le soir. On rentrait à minuit et j'avais classe le lendemain à huit heures ! Il ne fallait surtout pas refuser. On ne dit jamais non à un invité ; hospitalité marocaine oblige !... bref, les Marocains vénèrent l'hospitalité qu'ils considèrent comme un devoir sacré. Je sais de quoi je parle, je suis Marocain !
Les marocains aiment le sport, surtout le football. Dans ce domaine, ils n'ont rien à envier aux autres peuples du globe, fous du ballon rond...Chaque fois qu'ils y a un match à la télé, les rues deviennent subitement désertes et les cafés bondés de consommateurs pour l'euphorie indescriptible de voir des joueurs courir derrière un ballon ! On crie, on applaudit, on siffle, on encourage, on insulte, on critique, on parie, on profère des obscénités à trouer le tympan, on se moque des supporters de l'équipe adverse, on rit, on pleure ! On peut même devenir une bête féroce et frapper, détruire, fracasser et tout casser !...Dans nos cafés, les bagarres entre supporters sont devenues chose banale. Il est, paraît-il, que quelques-unes se sont terminées en apothéose : mort d'homme ! ... Et quand il y a un match au stade, le dimanche, c'est l'état de siège : Barrières, frontières, policiers avec arsenal anti-émeute, stade encerclé, routes barrées... Non, ce n'est pas le couvre-feu, ce n'est pas la guerre ; ce n'est qu'un match de football ! Et malgré toutes ces précautions, souvent, fous de rage à cause de la défaite de leur équipe favorite, les monstres saccagent, détruisent, brûlent, terrorisent, tabassent, provoquant même la mort. Quelle démence ! ...
Plage et café
J'aime le football mais je ne vais plus au stade ni au café pour voir un match. Je préfère le voir chez moi, à l'abri...Bref, quand il s'agit de la folie du foot, les marocains sont imprévisibles. Je sais ce que je dis ; je suis marocain !
Les marocains aiment beaucoup de choses encore : Ils aiment aller au café ; ce lieu de rendez-vous et de rencontre quotidien où on fait beaucoup de choses ou on ne fait rien : un lieu propice pour tuer le temps en regardant les passants et en matant les femmes ; un lieu idéal pour discuter avec les amis, lire le journal en sirotant le café du matin et en fumant la première cigarette matinale ; un lieu indispensable et vital.
Je me demande ce que pourraient faire les Marocains de leurs journées s'il n'y avait pas de café !
Les marocains aiment aussi voyager, passer les vacances, visiter des lieux inconnus, surtout en été. ..Leur destination principale est chez leurs proches ou leurs connaissances. Malheur à celui qui habite une ville touristique comme Agadir ! Tous ses proches et ses amis se pointent chez lui sans prévenir dans l'intention de passer « quelques » jours et profiter de la plage. Les émigrés aussi viennent avec leurs voitures et leurs petits cadeaux insignifiants et restent au moins deux semaines ! C'est ruineux pour le pauvre hôte qui ne sait plus à quel saint se vouer et prie en silence, jour et nuit, pour les voir partir !
Les marocains aiment la sécurité et sont très sédentaires. Ils aiment posséder leur propre maison qu'ils laisseront à leurs enfants après leur mort. Ils sont prêts à s'endetter toute leur vie et se priver de beaucoup de choses pour réaliser ce rêve. Le marocain déteste le loyer et son premier souci c'est d'acheter une maison ou un appartement. L'immobilier a atteint des prix faramineux et les gens achètent toujours. C'est une obsession, une psychose ! Et celui qui n'a pas sa propre maison ( comme moi) est considéré comme un incapable, un irresponsable, un raté ! Ils sont fous, ces Marocains !
En guise de conclusion, je peux vous affirmer que les Marocains aiment tous les plaisirs de la vie, toutes les jouissances et les réjouissances, tous les délices et les succulences, toutes les beautés et les voluptés. Ils sont épicuriens, débonnaires, gais et bons vivants... Bref, les Marocains aiment la vie ! Donc, ils sont vaccinés et immunisés contre le virus du salafisme fanatique, obscurantiste, réactionnaire et vermoulu ! Les Marocains aiment trop la vie pour voiler leurs femmes et leurs filles dans des burqas, mettre un accoutrement de bédouins, se laisser pousser la barbe et retourner au Moyen-âge ! Jamais !... Les Marocains aiment trop la vie ! Je sais de quoi je parle ; Je suis Marocain !


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