“Tel père, telle fille”, est-on tenté de dire dans le cas de Hanane El Fadili. Mais, cette dernière a tout de même ce petit plus d'humour qui la caractérise. C'est pourquoi, peut-être, a-t-elle préféré faire cavalier seul et voler de ses propres ailes dans le monde du divertissement et des gags intelligents. Sur scène, elle joue sur les mots avec beaucoup de finesse et d'intelligence, sans jamais se prendre pour une donneuse de leçons ou verser dans un “intellectualisme” un peu dépassé à notre époque. Bénéficiant de la confiance d'un large public, Hanane aborde, dans un langage simplifié à l'extrême, les thèmes les plus poignants et les plus proches des gens. C'est d'ailleurs cette façon simple et directe de donner la priorité et traiter les problèmes quotidiens vécus qui a fait d'elle une humoriste sincèrement aimée de son public. Samir El Mellali : Dans votre famille, on est humoriste de père en fils (et en fille). Est-ce héréditaire, si le terme convient, ou est-ce un choix délibéré de votre part ? Hanane El Fadili : C'est sûr que le milieu où on a grandi m'a beaucoup aidée à choisir ma voie, ça remonte à ma grand-mère (“Mouilala allah irhemha”) qui avait beaucoup d'humeur et qui, lors des fêtes familiales où seules les femmes étaient conviées, se déguisait en “Fkih” et faisait son entrée théâtrale au milieu de toutes ces femmes qui prenaient peur et étaient surtout intimidées par la présence d'un homme parmi elles ! Vous êtes l'unique “one-woman-show” au Maroc. Cette distinction ne vous crée-t-elle pas quelques petits problèmes, des manigances en sourdine de la part de vos détracteurs, des présumés confrères qui ne vous portent pas dans leur cœur ? Je ne leur demande pas de me porter dans leur cœur. Je pense qu'il n'y a pas de comparaison à faire parce que je suis la seule humoriste femme au Maroc et c'est ce qui fait ma force. De plus, j'ai un style complètement différent et une méthode de travail propre à moi. Je ne pense pas qu'il y ait des manigances de leur part ni de ma part d'ailleurs… La chaîne 2M n'a pas daigné vous programmer lors du mois de Ramadan écoulé, malgré le succès de vos précédents passages sur l'écran de la boîte de Ain Sebâa. n'aviez-vous rien proposé ou bien vous a-t-on gentiment mise de côté ? Je ne sais pas ce qui s'est passé exactement, ça s'est arrêté d'une manière floue. Cela doit être une question d'argent. Ils ont peut-être trouvé que le produit coûtait cher. En tous les cas, faire rire le téléspectateur marocain n'a pas de prix à mon avis. On dit de vous que vous êtes difficile dans les relations humaines, compliquée à approcher, est-ce vrai ? Tout à fait ! Tout le monde sait que c'est ma maman qui gère tous mes contacts, mais je garde l'œil sur tout ce qui se passe et les décisions me reviennent toujours. Vous savez, un artiste ne peut pas gérer sa carrière tout seul. Prendre des contacts, écrire, produire…, je pense que c'est trop pour la petite nature que je suis (rire). Vous avez une solide formation bilingue. Question langue, vous vous en tirez à merveille. Alors, pourquoi vous n'avez jamais essayé de jouer en français, que ce soit au Maroc ou à l'étranger ? J'ai déjà joué en français à Paris au “Divan du monde ”, dans le cadre du Temps du Maroc. J'ai donné plus de 70 représentations, ce qui m'a valu un passage dans la célèbre émission “Nulle part ailleurs” sur Canal + et d'autres passages sur France 2 et France 3. C'est votre papa qui écrit vos sketches ou est-ce le fruit de votre propre imagination ? Œuvrez-vous ensemble pour les concevoir ? C'est un travail d'équipe. On écrit tous les deux, mais une chose est sûre : c'est que je ne fais jamais un truc si je ne le sens pas. Sinon, cela ne serait pas crédible aux yeux des téléspectateurs. Pardonnez-vous facilement à ceux qui disent du mal de vous en votre absence ? En général, ceux qui parlent en mal de moi, ce sont des gens qui ne me connaissent pas. D'ailleurs, je leur pardonne tout en gardant mes limites. Lorsque vous vous trouvez embarrassée par quelqu'un ou par une situation déterminée, préférez-vous vider les lieux ou affronter l'imprévu ? Quand je sens que je vais être dérangée par quelqu'un ou par une situation donnée, je préfère cacher ma colère et m'éclipser sans faire de mal à personne. N'avez-vous jamais été tentée par la chanson ou par un quelconque autre domaine artistique ? Je passe mon temps à chanter du Naima Samih. À propos, j'aurais tant aimé chanter moi aussi ou faire une comédie musicale. C'est un vœu cher que je nourris. Vos apparitions dans les tournées se font de plus en plus rares. Un manque de moyens, d'organisation ou un défaut d'imprésario pour vous faciliter la tâche ? Je prends beaucoup de mon temps, parfois trop même (rire). Mon absence de la scène artistique ne me fait pas inquiéter du tout si c'est pour mieux rebondir. Le théâtre fait partie de mes projets pour l'année en cours. Quel est votre plus grand regret dans la vie ? Dans ma vie à moi, je ne laisse pas de place aux regrets car je garde toujours comme devise : “Il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets”. C'est tout dire. Avez-vous un faible pour la cuisine ? Préparez-vous vos repas de vos propres mains ? Et quel est votre plat favori ? Oui et non à la fois ! j'adore cuisiner quand je suis de bonne humeur. Par contre, j'apprécie la bonne cuisine de chez nous. D'ailleurs, mon plat préféré reste le poisson au four (hum ! !). Les apparences (vestimentaires) comptent-elles pour vous, dans votre carrière et dans la vie de tous les jours ? Enormément. D'abord, en tant que femme, j'adore tout ce qui est fringues, sans être accro de la mode. J'ai mon propre style qui fait un peu mon originalité. Le mari idéal, selon votre propre jugement ? D'ailleurs, songez-vous actuellement au mariage ? Si non, qu'est-ce qui vous empêche de le faire ? C'est “ould ennass” avant tout. Par la suite, on verra ce que la vie nous réserve comme surprises… Avez-vous un jour été déçu par une amitié trahie ? Et quel sentiment avez-vous ressenti à ce moment-là ? Non ! “alhamdou-lillah”, je n'ai jamais vécu de trahison en amitié. J'aime mes amis comme ils m'aiment de leur côté. Entre nous, il y a beaucoup de fidélité et d'attachement sincère. Sans l'aide de votre papa, vous est-il possible de faire carrière et d'aller encore loin ? Oui, certainement. Mais sa présence et son aide sont très importantes pour moi. Comme vous le savez, le talent seul ne suffit pas toujours. On a toujours besoin d'un bon encadrement. Bref, notre union fait notre force. Quelle définition donnez-vous à ces cinq mots : Célébrité-Echec-Naïveté-Folie des grandeurs et Méchanceté ? •Célébrité : elle est éphémère •Echec : ça renforce la conviction •Naïveté : je suis moi-même naïve •Folie des grandeurs : que Dieu m'en protège ! •Méchanceté : j'ignore ce que c'est ! Si l'on vous nomme directrice d'une chaîne de télévision, quelles seraient les deux premières mesures à prendre juste après la prise de vos fonctions ? D'abord, encourager la production nationale. Ensuite, réserver une grande place au divertissement. Avez-vous un mot à dire à une certaine tranche du public qui n'apprécie pas votre style d'humour ? Je les invite à mon prochain spectacle. Et sur le ticket, je me contenterai de noter : “Satisfait, mais remboursé” !