Première et unique humoriste femme au Maroc, Hanane Fadili a dû tout abandonner pour sa passion. A l'âge de 29 ans, elle aura connu un succès considérable, aussi bien à la télé que sur scène. Mais son éternelle quête de nouveaux horizons, notamment dans le cinéma, se fait de plus en ressentir. Cap sur un personnage hors du commun. On l'aura vue dans toutes les coupes de cheveux possibles et imaginables, voilée dans tous les types de foulards que peut compter un pays aussi culturellement riche que le Maroc. Son code vestimentaire est à lui tout seul une vraie mondialisation. Et les grimaces ! Colère, haine, naïveté, intelligence, modernité, tradition…peuvent être exprimées par un seul mouvement de sourcils. On l'a vue danser, chanter, partir dans des élans lyriques dignes des meilleures pièces de théâtre ou traduisant des scènes du quotidien marocain d'un réalisme décapant. La seule règle à respecter c'est que le tout doit faire rire. Et elle y réussit bel et bien. On s'en sera facilement rendu compte. Il s'agit de Hanane Fadili, la seule humoriste dont peut se targuer le pays. Même à la voir hors scène ou hors petit écran, silhouette frêle, regard plutôt mélancolique, teint bronzé, paroles et gestes d'un naturel hors du commun, elle ne passe jamais inaperçue, tellement le public marocain s'est habitué à ce petit bout de femme qui lui a procuré tant de moments de totale hilarité. Et pour cause. Chez les Fadili, l'humour, c'est de famille. Hanane n'est autre que la fille de l'humoriste et grand marionnettiste Aziz Fadili, Alias Baïs 10. Et ce n'est pas tout. Ses deux frères Adil (metteur en scène), Rochdi (lumière) et sa sœur Ghizlane (actrice) ne sont pas loin du «milieu». Née en 1974, Hanane n'a pas trop eu l'embarras du choix. Ce dernier était fait plutôt d'avance et de sa propre initiative. «J'ai coupé court à mes études, amour de ma passion. Je savais ce que j'avais à faire : apprendre et ce, loin des bancs de l'école. La clé n'est autre que les voyages et la lecture», déclare-t-elle. Encore très jeune, Hanane rejoint la troupe de Tayeb Seddiki pour un petit rôle dans une pièce intitulée «Nous sommes faits pour nous entendre». S'en suivra, alors qu'elle n'a que 17 ans, un casting de la deuxième chaîne, qui venait de voir le jour à l'époque et cherchait du sang neuf. «Cette recherche est, heureusement ou malheureusement propre à la télé. Pour moi, c'était une aubaine, et je l'ai saisie». Cette première «aventure», où elle anime «Foukaha», une émission hebdomadaire, dure deux ans et demi. Et bien que le succès soit au rendez-vous, Hanane Fadili décide de mettre les voiles et changer de cap. Cette fois, ce sera la scène, avec son spectacle «télé Hanane». Un spectacle où elle est amenée, en moins d'une heure et demie, à se mettre dans la peau de quelque 22 personnages, des M. tout le monde. Une prouesse qui la portera jusqu'en France. De retour au Maroc, Hanane est de nouveau une star nationale de la télé. Ce sera à la TVM et travers « En attendant action”. S'ensuivra “Super Hadda”, un spectacle qui lui, n'aura pas attiré que des félicitations. Le public marocain n'a pas bien digéré ce personnage. «A l'époque, j'avais attiré trop d'attention. Plusieurs critiques disaient que j'étais aidée plus par la technologie et les moyens techniques que par mon talent», se souvient l'humoriste. C'est le départ pour la France, où elle suit pendant un an et demi des cours de théâtre aux Cours Florent. «Cette période a constitué pour moi une pause indispensable. J'avais, certes, besoin de suivre une formation technique pour m'améliorer. Mais, étouffée, j'avais surtout besoin de passer à autre chose, d'apprendre la vraie vie». Après son retour au Maroc, Hanane lance une émission télé sur les métiers : «Fach Kheddam?». «Hanane Show», qui consacre l'humoriste comme étant une référence en matière de rire au Maroc, ne tardera pas à suivre. Son humour, elle est le veut respectueux de la culture et de la société marocaines dont elle issue. «Un humour certes jeune, féminin, ouvert sur son environnement, mais qui puisse exprimer la réalité marocaine, qui soit authentique.». Malgré son immense talent et le succès qu'elle a remporté, force est de constater l'arrière-goût d'inachevé que laisse la carrière de Hanane Fadili. «Cela se comprend et s'explique par le simple fait que je n'ai pas l'impression d'être aidée. On ne peut pas réussir que par l'amour de l'art et de son public.», commente l'artiste. Loin de s'en plaindre, Hanane pense déjà à l'avenir. En attendant que 2M valide sa proposition d'une deuxième partie de «Hanane Show», elle prépare un nouveau spectacle. Même si les détails restent à connaître, il y sera question cette fois de la jet-set, made in Morocco. Et le cinéma ? «Le cinéma est un grand pas, aussi bien dans ma carrière que dans ma vie. Au lieu de foncer la tête baissée, je préfère prendre le temps nécessaire avant de le franchir. Cela étant, je reste ouverte à toutes les propositions, pourvu qu'elles s'accordent avec ce que je suis et ce que je veux être : moi-même». On ne croit pas si bien dire.