Adil Fadili, 31 ans. Un réalisateur qui a fait une entrée tonitruante à la télévision avec la fiction «Ouled El Hamria» diffusée sur la TVM. Itinéraire d'un metteur en scène en émergence. Au cinéma, lorsqu'on veut tout contrôler, on devient forcément réalisateur. C'est le cas de Adil Fadili, mais sur le petit écran. Cette obsession de «tout contrôler» le poursuit depuis sa tendre enfance. «Dès mon jeune âge, j'ai toujours voulu maîtriser toutes les composantes des spectacles organisés en famille: dialogues, décor, musique…», dit-il. Il faut dire que Adil Fadili a eu cette sacrée chance de grandir dans un foyer où l'art du spectacle est à la fois un mode de vie et un métier. Il a appris de son père, Aziz Fadili, humoriste et célèbre présentateur de météo sur la première chaîne au milieu des années 80, à qui il voue une grande admiration. Pour se faire un nom sur la place artistique, on ne peut pas compter que sur la notoriété de sa famille. Sans formation académique, il est difficile de grader les échelons de la réussite. Fort de ce constat, Adil Fadili est allé en France pour poursuivre des études de mise en scène audiovisuelle. De retour au Maroc, il a monté des spectacles pour sa sœur, Hanane Fadili. Il a travaillé pendant deux ans en tant qu'assistant-réalisateur de Mustapha Derkaoui. Une expérience qui lui a permis de maîtriser la production. A 31 ans, le réalisateur dont le dernier téléfilm « Ouled El Hamria », diffusé pendant le ramadan sur la TVM a récolté un grand succès, a maintenant la chance de raconter des histoires à l'écran, comme il a toujours souhaité le faire. Il vient de terminer le tournage de son deuxième téléfilm dont le titre provisoire est « La mission ». Cette production sera elle aussi programmée sur la première chaîne. Il s'agit d'une fiction policière qui met en scène l'histoire d'un agent secret qui s'infiltre dans un réseau de drogue. Un téléfilm plein de rebondissements, promet Adil Fadili. Le réalisateur travaille sur trois autres projets de téléfilms pour le compte de la TVM. Ce qui attire l'attention dans le travail du réalisateur, c'est la manière avec laquelle il raconte ses histoires à la télévision. Avec « Oueld El Hamria », il nous a déjà donné un avant-goût. Adil Fadili met beaucoup plus l'accent sur la dimension humaine de ces personnages. Pour le cas de ce téléfilm, il ne s'est pas focalisé sur l'enquête policière mais plutôt sur les motivations et l'itinéraire des uns aux autres. Pas de confrontation aussi entre le bien et le mal, comme c'est le cas souvent dans ce genre de fiction. Le téléfilm plonge le téléspectateur dans une réalité sociale complexe sans dramatisation et sans effets de styles. Comment alors Adil Fadili arrive -t-il à atteindre ce résultat sur le petit écran ? Pas la force du scénario mais surtout par la mobilisation de ses comédiens. Concernant le scénario, il ne fait pas dans la littérature. Place à la narration audiovisuelle. Pour ce qui est des acteurs, le réalisateur leur demande une chose : être le plus naturel possible. Les acteurs sur lesquels il a misé ne l'ont pas déçu. Côté réalisation, il souligne : « si, je n'atteins pas le résultat fixé au départ, le tournage d'une seule séquence peut me prendre quatre heures». De quoi mettre en colère un producteur de télévision ! C'est pour éviter ce genre de situation que le réalisateur a créé une maison de production. «L'objectif est de réunir les conditions nécessaires pour réaliser un film de qualité», juge-t-il. Ce qui distingue Adil Fadili des autres réalisateurs, c'est qu'il mise sur les moyens techniques. Ce fanatique de Martin Scrosese et de David Lynch met souvent la main à la poche pour louer le matériel nécessaire permettant de réaliser des images à la hauteur des ses ambitions. «On n'a pas le droit de décevoir le public. Celui-ci regarde des films étrangers. Il cherche la même qualité dans les productions locales», juge-t-il. Pour l'heure, le réalisateur se concentre sur la télévision. Cela ne veut pas dire qu'il n'a pas de projets pour le cinéma. «La réalisation d'un long-métrage nécessite des fonds financiers importants. J'attends le moment opportun pour franchir le cap».