Dans un silence solennel, Naïma Samih a tourné la page d'une des plus belles épopées de l'art marocain authentique, laissant derrière elle un héritage musical impérissable et une voix qui continue de résonner dans le cœur des Marocains. Avec sa disparition, la scène artistique perd l'une des voix les plus envoûtantes, qui a marqué la conscience de générations successives et exprimé, avec une sincérité inégalée, les émotions profondes de la société marocaine. Née dans les années 1950 dans le quartier populaire de Derb Sultan à Casablanca, Naïma Samih n'était pas seulement une chanteuse, mais une véritable légende artistique. Avec sa voix suave, mêlant puissance et douceur, elle a su inscrire son nom dans l'histoire de la chanson marocaine dès ses débuts dans les années 1970. Ses chansons n'étaient pas de simples mélodies accompagnées de paroles, mais de véritables poèmes chantés, reflétant l'amour et la nostalgie, la joie et la mélancolie, l'espoir et la désillusion. De "Jrit ou Jarit" à "Rahila", en passant par "Allah Ala Raha" et "Sber Ya Qalbi", son répertoire allie le tarab authentique aux sonorités populaires, faisant d'elle une icône musicale qui a dépassé les frontières du Maroc pour toucher le cœur du public arabe. Son talent unique à fusionner une profonde sensibilité avec une interprétation impeccable l'a consacrée comme l'une des artistes les plus influentes de l'histoire de la chanson marocaine. Naïma Samih n'était pas une artiste attirée par les projecteurs, mais une femme ayant choisi une trajectoire artistique marquée par la singularité et la rigueur. Bien que ses apparitions médiatiques se soient faites rares ces dernières années, son nom est resté omniprésent, les tendances musicales contemporaines n'ayant jamais réussi à effacer une voix qui a conféré à la chanson marocaine une dimension humaine profonde. À l'annonce de son décès, les Marocains, artistes et grand public, ont exprimé leur profonde tristesse face à cette perte douloureuse. Des hommages ont afflué de toutes parts, notamment de la part d'institutions officielles et diplomatiques, à l'image de l'ambassade de France au Maroc, qui a salué son statut de figure emblématique de l'art marocain. Naïma Samih s'en est allée, mais sa voix restera éternelle, comme si elle chantait encore l'amour, la patrie et la vie.