L'effondrement du marché du travail a eu de graves conséquences sur la plupart des secteurs économiques en Espagne mais deux catégories sociales, les immigrés et les jeunes, se sont distinguées spécialement pour être les grandes victimes de la crise de l'emploi. En peu de mots, il y a 1.216.437 étrangers (dont 226.090 marocains) et 1.623.800 jeunes âgés de 16 à 29 ans sont sans emploi, soient respectivement 23,06% et 30,7% des 5.273.600 personnes recensées en 2011 comme chômeurs. Ces données donnent une idée de l'ampleur de la crise du marché de l'emploi et de ses incidences sur le présent et le futur de ces deux catégories sociales. Le collectif des étrangers représente un impressionnant capital humain qui contribue à faire fonctionner la machine de l'économie. Les jeunes sont l'avenir d'une nation pour être à la fois de grands consommateurs, la garantie de la relève générationnelle et de l'équilibre démographique. Dans cette catégorie sont recensés aussi bien les jeunes autochtones qu'étrangers, les universitaires hautement qualifiés, les diplômés des instituts de formation professionnelle et les personnes sans nulle préparation professionnelle. La récente Enquête sur la Population Active (EPA), réalisée par l'Institut Espagnol de la Statistique (INE) au quatrième trimestre de 2011, décrit en détails la situation des jeunes en chômage. Si pour l'ensemble de l'Espagne, le chômage touche 22,8% de la population active, ce pourcentage atteint 48,7% en ce qui concerne les jeunes. Il est cependant utile de faire une analyse détaillée de ce pourcentage selon les catégories d'âge. Dans ce contexte, les personnes de 16 à 19 ans se trouvant sans emploi représentent 69,3% du total des 1.623.800 jeunes en chômage. Ce chiffre baisse à 44,45% en ce qui concerne la catégorie de 20 - 24 ans et 28,01% pour celle des jeunes âgés de 25 à 29 ans. Selon l'EPA, le chômage affecte particulièrement 609.500 chômeurs (37,5% de tous les sans emploi de moins de 30 ans) qui sont des jeunes qui ont à peine terminé la formation secondaire obligatoire. Ce collectif s'ajoute aux 1.130.000 jeunes qui n'ont aucune formation, ce qui révèle le bas niveau éducatif des jeunes chômeurs espagnols. Il n'est guère surprenant de constater que ces données traduisent une situation globale qui fait distinguer l'Espagne au sein de l'Union Européenne en termes d'emploi. Le chômage dans cette zone s'est maintenu jusqu'à décembre dernier à une moyenne de 10,4%, selon l'Eurostat qui place l'Espagne en tête du ranking européen avec un taux de 22,9%. Sur les 23,816 millions de chômeurs en UE, plus de 5,27 millions sont recensés uniquement en Espagne. En face, d'autres pays ont réussi à maîtriser ce phénomène telle l'Australie qui compte 4,1% de chômage, les Pays-Bas (4,9%) et le Luxembourg (5,2%). A la lumière de ce diagnostic, l'Espagne s'affronte à une situation délicate en prévision des réformes que compte appliquer l'actuel gouvernement concernant les marchés du travail et financier. L'emploi des jeunes et des étrangers demeure à ce titre au centre de la préoccupation de la société.