La ligne mise à la disposition du Maroc a contribué à rehausser la confiance des marchés «La Ligne de précaution et de liquidité (LPL) d'un montant d'environ 6,2 milliards de dollars approuvée par le Fonds monétaire international (FMI ) en août dernier au profit du Maroc a «contribué à rehausser la confiance des marchés comme en témoigne la réduction des écarts des contrats au risque de défaut (CDS) », a affirmé lundi à Rabat, lors d'un point de presse, Jean-François Dauphin , à l'issue d'une mission d'évaluation de l'institution de Bretton Woods ayant séjourné du 5 au 18 décembre dans le Royaume. Le Conseil d'administration du FMI avait en effet approuvé en août dernier un accord de 24 mois au titre de la LPL d'un montant équivalent à 4,1 milliards de DTS, pour lui permettre d'avoir une «assurance contre les chocs exogènes», a-t-il dit, rappelant que le pays a mis en œuvre au cours des dernières années des «politiques saines» lui ayant permis de réaliser «de robustes résultats macroéconomiques». Les LPL constituent une sorte d'assurance, mise par le FMI à la disposition de ses Etats membres pour leur permettre de consolider davantage les performances de leurs économies respectives. Jusqu'à présent d'ailleurs, le Maroc n'a pas utilisé cette ligne, a-t-il fait savoir. Quant au programme mis en œuvre par le gouvernement, il se maintient sur la bonne voie, selon lui. Plus récemment, a-t-il dit, «les solides résultats obtenus par le Maroc ont été mis à l'épreuve par la détérioration de la situation économique en Europe, le renchérissement du pétrole et des produits alimentaires et une production agricole en 2012 inférieure à la normale». C'est ainsi que la croissance du PIB, poursuit-il, devrait ralentir, en 2012, à environ 3%, même si la croissance hors agriculture se maintiendrait à 4,5 %, alors que le déficit des transactions courantes devrait dépasser 8% du PIB, bien que les réserves se soient stabilisées à environ 4 mois d'importations. En dépit de cela, «la confiance des marchés s'est confirmée en décembre avec l'émission réussie d'obligations souveraines pour 1,5 milliard de dollars, dont un tiers à une maturité de 30 ans», selon l'expert du FMI. En attendant, le déficit budgétaire devrait diminuer pour se rapprocher de 6 % du PIB, grâce notamment aux augmentations en juin dernier des prix des hydrocarbures, décidées dans le cadre de l'ajustement des produits subventionnés. Malgré ces augmentations, l'inflation devrait rester faible cette année (1,3 %). Mais c'est surtout le taux du chômage de 9%, particulièrement élevé chez les jeunes, qui semble inquiéter la mission du FMI, selon laquelle il reste beaucoup à faire pour le Maroc afin de réduire ce taux. D'après le chef de la délégation du FMI, les pressions extérieures devraient persister et une détérioration supplémentaire de l'environnement international n'est pas à exclure. Compte tenu donc de cette conjoncture, le FMI trouve tout à fait approprié le programme contenu dans l'actuelle loi de finances, lequel comprend des mesures structurelles destinées à renforcer la compétitivité, la croissance potentielle et l'emploi, un rééquilibrage des finances publiques et des politiques monétaires et financières prudentes. Il est vrai donc que le pays a considérablement avancé sur le plan du renforcement de la croissance et de la réduction de la pauvreté durant la décennie écoulée, mais il est vrai aussi qu'il lui reste beaucoup à faire pour réduire le chômage notamment chez les jeunes et améliorer davantage les indicateurs sociaux tels que le taux d'alphabétisation et l'égalité d'accès aux infrastructures de base et aux services de santé et d'éducation. Le pays se doit d'adopter des mesures structurelles pour promouvoir une croissance plus forte et solidaire et des réformes des marchés des produits et du travail, renforcer l'investissement dans le capital humain et physique et d'améliorer le climat des affaires. Il est prioritaire aussi pour le pays de maintenir la viabilité des finances publiques à moyen terme, a-t-il dit, ajoutant que l'orientation budgétaire du projet de loi de finances 2013 est appropriée. Toutefois, a-t-il expliqué, la viabilité des finances publiques à moyen terme passe par la mise en œuvre des réformes structurelles essentielles qui permettront également de dégager des marges de manœuvre budgétaire pour améliorer la protection sociale et investir davantage dans le capital humain et dans l'infrastructure, a-t-il relevé. Et c'est dans ce cadre que la réforme de la Caisse de compensation revêt toute son importance, a-t-il affirmé, notant que le plus tôt sera le mieux, étant donné que le système actuel obère les ressources budgétaires et constitue un moyen inefficace de soutien aux populations dans le besoin. Il est également urgent de procéder à la réforme du système des retraites pour en assurer la pérennité, selon lui. De telles réformes structurelles sont également souhaitables pour améliorer le climat des affaires et les investissements dans l'enseignement et renforcer la compétitivité économique du pays pour être en mesure de supporter sans dommage les chocs extérieurs. Le pays se doit aussi d'opter pour une plus grande flexibilité du taux de change pour soutenir les réformes structurelles visant le renforcement de la compétitivité économique du pays. Quant au secteur bancaire marocain, il s'est montré résilient face à la crise mondiale, a-t-il ajouté, rappelant que sa situation reste dans l'ensemble saine et que le FMI soutient les efforts de Bank Al Maghrib visant à poursuivre le renforcement de la réglementation et supervision bancaire, y compris par l'adhésion progressive aux normes de Bale III. De même la poursuite des efforts pour améliorer l'accès aux services financiers, notamment dans les régions rurales et renforcer l'intermédiation contribuera à élargir l'accès au crédit, en particulier pour les petites et moyennes entreprises et donc à promouvoir une croissance plus forte et plus inclusive.