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La santé pour tous : Les raisons d'y croire
Publié dans Albayane le 27 - 12 - 2011

Depuis le recouvrement de notre indépendance, le secteur de la santé est passé par plusieurs étapes qui ont marqué l'histoire de la médecine marocaine aussi bien au niveau du public que du privé. Des expériences heureuses, mais aussi d'autres malheureuses. Au final, le secteur de la santé semble avoir bien résisté aux écueils qui ont jalonné son parcours
parsemé d'obstacles qui ont tour à tour freiné son évolution, son essor, sa modernisation. Mais force est de constater que malgré tous ces éléments négatifs, le secteur de la santé a su relever tous les défis, tous les obstacles grâce à des femmes et des hommes, des médecins, des infirmiers, constamment mobilisés pour répondre aux demandes de soins des populations souvent dans des conditions difficiles. Entre gestion approximative des hôpitaux, accès aux soins limité, médicaments inexistants, pénurie de personnels, charge de travail rebutante, quel regard porter sur la santé ? La santé des citoyens marocains est – elle une priorité de nos gouvernants ?
Avant d'aborder le volet relatif à la gestion des hôpitaux, il est utile de revenir sur certains aspects fondamentaux de notre système de santé et plus particulièrement les problèmes qui représentent des écueils à la santé
C'est une question qui demande une réponse claire, il est vrai que de très grands efforts ont été consentis par le ministère de la santé pour relever le niveau sanitaire de notre pays, ça personne ne peut le contester.
De grandes réalisations ont vu le jour, de nouvelles structures mieux adaptées à une médecine moderne, et dotées d'une technologie de pointe font certes plaisir à voir.
En outre la sollicitude Royale constante à l'adresse du secteur de la santé, permet de remédier ici et là à de nombreuses disparités entre régions. Des disparités choquantes et pénalisantes, surtout pour les populations les plus défavorisées, pour ceux qui sont démunis, qui habitent les zones enclavées, difficiles d'accès, où il n'y a ni hôpitaux, ni dispensaires, ni pharmacies, et encore moins de médecins ou d'infirmiers. En un mot, là où existe un réel désert médical.
Il est vrai que cette tâche n'est pas de tout repos, que de nombreux obstacles se dressent à ceux qui veulent inverser la tendance. C'est pourquoi, ceux qui auront la responsabilité de gérer le secteur de la santé après les dernières élections législatives du 25 Novembre 2011, devront aller pas à pas, il ne s'agit pas de tout faire en même temps, d'entreprendre des actions dans la précipitation. Cette approche qui consiste à aller très vite en besogne n'apportera rien de bon, tout au plus elle ne servira qu'à replâtrer des erreurs.
Des défis à relever
Mais d'ores et déjà, nous pouvons dire que nous avons, dès à présent et pour les cinq années qui viennent, cinq défis majeurs en matière de santé à surmonter :
1. Le vieillissement de la population qui se fait sentir et qui demandera des besoins nouveaux en matière de prise en charge des personnes âgées,
2. nos hôpitaux doivent se préparer pour assurer ces prises en charges lourdes, longues qui demanderont des moyens humains qui font aujourd'hui défaut.
3. l'émergence de nouvelles maladies, les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l'insuffisance rénale, la pollution, le stress, auxquels nous sommes et seront de plus en plus confrontés.
4. Toutes ces maladies demanderont des moyens financiers, une organisation adaptée, des équipements nouveaux, des médicaments, une technologie sans cesse renouvelée, une meilleure répartition des potentialités existantes.
5. Il s'agit d'ores et déjà de réfléchir aux meilleurs moyens à mettre en place pour combattre la persistance et l'aggravation des inégalités entre régions en ce qui concerne l'affectation harmonieuse et équitable des ressources humaines et matériels.
Aussi, nous manquons de personnel médical, le peu qui existe est très mal réparti, nous manquons terriblement de personnel infirmier et dans les quelques années à venir, c'est-à-dire qu'à partir de cette année 2012, il va y avoir un départ énorme d'infirmiers en retraite, nos hôpitaux, nos dispensaires et nos centres de santé se videront de compétences avérées en soins infirmiers. Qu'avons- nous prévu ? Que comptons-nous entreprendre pour pallier au plus pressé ? Il serait lourd de conséquences de vouloir prétendre aujourd'hui que le problème sera réglé grâce au recrutement de quelques centaines d'infirmiers inexpérimentés débutants. Nous savons tous que les CHU manquent terriblement d'infirmiers, qu'en sera-t-il des autres qui ne sont pas encore opérationnels ? La situation est sérieuse, il serait temps d'analyser chaque problème posé et d'entrevoir les nouveaux défis auxquels notre système de santé sera confronté au cours des années à venir.
Un financement inadapté
c'est le problème dans le problème, nul doute que notre santé souffre d'un obstacle financier, le budget alloué à la santé est dérisoire, insignifiant, c'est le budget du sous développement sanitaire, la gratuité des soins pour corriger les inégalités sociales flagrantes entre riches et pauvres qui compliquent plus les données car les hôpitaux doivent faire face à une clientèle insolvable dans 80% des cas, au moment ou les coûts de productions des soins ne cessent de croître, l'AMO ne rapporte pas grand-chose aux hôpitaux, du moins pour le moment. Il est vrai que le cadre actuel des hôpitaux reste peu attractif comparativement au luxe affiché par certaines cliniques privées
Il s'agit de procéder à une mise à niveau de l'ensemble des hôpitaux si l'on désire réellement attirer une clientèle solvable.
Par ailleurs, le RAMED tarde à voir le jour, il faut espérer qu'avant fin 2011 son entrée en vigueur sera effective telle que voulue par Sa Majesté le roi Mohammed VI. Ces défis ne pourront être abordés et surmontés que si nous proposons la mise en œuvre d'une politique de santé durable, d'un programme National de santé qui ne se contente plus de vouloir colmater les brèches mais qui propose une mutation au long cours.
Là est la question, là est le réel problème.
Dans les dix années à venir, notre système de soins devra connaître une profonde mutation. Faire face à l'émergence de nouveaux risques sanitaires (épidémie, chronicité des maladies, problèmes de santé publique etc.), bénéficier pleinement des progrès scientifiques et techniques de l'exercice médical implique une nouvelle organisation des soins si l'on veut garantir les principes de qualité et d'égalité d'accès aux soins.
Remédier aux erreurs
Le secteur de la santé est comme un enfant que l'on martyrise à longueur d'année.
Ses souffrances permanentes résultent d'une ignorance flagrante de ceux-là mêmes qui procèdent à sa déchéance pour mieux masquer leur incompétence.
L'une des erreurs flagrantes a consisté à parachuter à des postes de responsabilités (délégués-directeurs d'hôpitaux..) des individus sans expériences avérées
La presse écrite nationale a longuement décortiqué ces dernières nominations de directeurs régionaux, de directeurs d'hôpitaux qui ne sont pas passées inaperçues, elles ont même provoqué de vives réactions auprès des syndicalistes du secteur. Ils se disent surpris par les décisions prises dans un timing très sensible, à deux mois du départ du gouvernement El Fassi.
Il faut dire que ces réactions sont amplement justifiées car la gestion des hôpitaux a toujours représenté le point faible de nos structures hospitalières. Il ne faut pas être un sorcier ou un grand devin pour mettre le doigt sur ce grand mal, qui ronge depuis des décennies le système hospitalier. D'ailleurs tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la santé publique, ont tous été unanimes pour reconnaitre cette tare. A cet effet, il est utile de rappeler que la question de la bonne et efficace gestion des hôpitaux, consiste tout d'abord et avant toute chose à confier cette responsabilité à des personnes compétentes, formés aux principes de gestion au niveau de l'INAS, ISCAE …
Des gestionnaires au sens vrai du terme ayant toutes les capacités requises pour mener à bien toutes les missions qu'exige aujourd'hui la direction d'un hôpital.
Au ministère de la santé, les responsables et les décideurs au plus haut niveau ont toujours reconnu le bien fondé de la démarche qui veut que l'on confie la gestion des hôpitaux aux hommes formés pour ces missions, d'ailleurs la gestion des hôpitaux figure en tête des priorités de la stratégie 2008-2012.
Donc, nous sommes tous d'accord aux hautes directives Royales contenues dans le dernier discours de sa Majesté le Roi et qui consistent à accorder la priorité aux hommes compétents. C'est d'autant plus vrai quand il s'agît de confier la santé de nos concitoyens aux personnes compétentes, celles qui ont de réelles capacités à gérer, ceux qui sont pétris d'expériences, qui ont des diplômes reconnus de gestionnaires des structures de santé. Des professionnels exemplaires, dont la probité, la droiture, l'honnêteté ne font pas défaut. Il ne s'agit pas de nommer aux postes de responsabilité des personnes qui n'ont ni la capacité, ni le profil et de leur confier des délégations ou des hôpitaux pour des raisons que nous n'aborderons pas ici.
Quand on voit le profil de certains directeurs d'hôpitaux récemment nommés, on ne peut que s'étonner, car on souffle le chaud et le froid, on dit une chose et son contraire. Ce genre de comportement et de décision est contraire à toute éthique car il s'agit avant toute chose de la santé des Marocains et sur ce chapitre personne n'a le droit de les exposer à des risques.
La prochaine équipe qui aura la responsabilité du secteur de la santé devra prendre en considération ces éléments qui pèsent lourds sur le déroulement de la santé de nos concitoyens qui s'adressent aux différentes structures de santé pour leur besoins en matière de soins de santé de base ou de soins curatifs.
Pour peu que l'on veuille bien confier les postes de responsabilité à celles et ceux qui ont toutes les compétences requises, les profils adaptés, l'expérience voulue.
Que ces personnes soient l'exemple de la droiture, de la sagesse, de la transparence et qu'ils soient constamment à l'écoute des malades, de leurs familles et des personnels pour hisser haut et fort le niveau de santé de notre population.
Ce challenge, nous pouvons le relever, ce défi est notre portée avec le nouveau gouvernement qui place la santé des citoyens au centre de ses préoccupations.
Optimistes, nous le sommes et nous avons toutes les bonnes raisons de croire que le secteur de la santé va connaître un saut en avant, un saut qualitatif qui nous permettra de rattraper le retard et de remédier aux nombreuses anomalies et disparités qui ont toujours prévalues au niveau de ce secteur vital.
Ce n'est pas une vue de l'esprit, un rêve éphémère, non et mille fois non, le nouveau gouvernement a le devoir et la responsabilité de répondre aux attentes de nos concitoyens en matière de soins de santé de qualité. Nous connaissons les capacités des hommes et des femmes qui composent ce gouvernement et nous avons toutes les bonnes raisons de croire qu'ils sauront mener à bien ce grand chantier social.


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