Hicham Lakhmiri, directeur général de la plate-forme web, AmalJob, considère que dans un monde en pleine mutation, les entreprises, face à la mondialisation, doivent être plus performantes et compétitives. L'initiateur de la Caravane «Emplois aux jeunes» précise aussi que le monde universitaire ne peut rester en marge de cette évolution tout en soulignant qu'il doit se mettre à niveau en s'ouvrant davantage sur le monde professionnel. Al Bayane : pouvez-vous nous établir un bilan préliminaire sur le lancement de la caravane «Emploi aux jeunes» ? Hicham Lakhmiri : la caravane «Emploi aux jeunes» est à mi-parcours et le bilan que nous en tirons est plus que positif, et ce sur les deux thèmes principaux de son intervention, celui des débats ainsi que celui des salons de recrutement. -Les débats que nous organisons à chaque escale sous le thème de "l'insertion professionnelle des jeunes diplômés une problématique régionale", et qui font intervenir d'éminentes personnalités de la région de tout bord (mairie, chambres de commerce, CGEM, CRI, instituts d'enseignement supérieur publique et privé, différents ministères, jeunes de la région, etc..) ont permis de faire émerger des idées et des recommandations concrètes pour une meilleure insertion professionnelle des jeunes diplômés de la région. L'ensemble des débats et des recommandations sont consignés et feront état d'un rapport final consolidé. Les salons de recrutement, organisés aussi à chaque escale, permettent aux chercheurs d'emploi une rencontre directe avec les entreprises et une meilleure visibilité des possibilités d'offres d'emploi. Ces visiteurs demandeurs d'emploi ont été très nombreux et ont atteint plus de 5 000 par étape. Cet engouement nous a très agréablement surpris. Les entreprises et différents exposants qui nous accompagnent sont, eux aussi, très satisfaits de ces rencontres avec les jeunes et moins jeunes chercheurs d'emploi qui apprécient grandement ce contact direct. Notre but via cette Caravane est triple, celui de rapprocher les jeunes diplômés des différentes régions du Royaume au monde professionnel (en vue d'une employabilité dans leur propre région), chercher et trouver des solutions pour une meilleure insertion professionnelle des jeunes diplômés et faire la promotion et la vulgarisation des outils mis en place par le gouvernement pour faciliter l'accès à l'emploi et à l'entreprenariat. A ce titre, plusieurs ministères nous accompagnent dans cette entreprise citoyenne, au niveau de l'artisanat, de la culture, de la jeunesse et des sports et de l'agriculture. Comment peut-on envisager une intégration professionnelle des jeunes demandeurs d'emploi dans un marché de travail trop exigeant, marqué par une concurrence serrée ? -Dans un monde en pleine mutation où les entreprises, face à la mondialisation, doivent être plus performantes et compétitives, le monde universitaire ne peut rester en marge de cette évolution et doit se mettre à niveau en s'ouvrant sur le monde professionnel et en entamant un dialogue et des partenariats avec les entreprises. L'emploi des jeunes reste au cœur des préoccupations de tous les acteurs de la société. La jeunesse d'un pays c'est son avenir, son capital mais aussi son fer de lance pour un développement durable et continu. Or, les jeunes d'aujourd'hui sont confrontés aux défis d'un monde en crise, dont ils ne sont absolument pas responsables. L'insertion professionnelle des jeunes est un parcours du combattant, le monde professionnel devrait s'ouvrir davantage à eux pour leur faciliter la tâche. Nous pensons qu'il faut assister les jeunes diplômés dans leur processus d'insertion professionnelle par la formation et l'information, permettre aux recruteurs de sélectionner les profils de la région et contribuer au développement de la régionalisation de la politique de l'emploi. Quel diagnostic faites-vous du marché de l'emploi au Maroc et quelles sont, selon vous, les mesures que devraient prendre l'Etat pour le booster ? -Il est difficile de faire un diagnostic exact et complet du marché de l'emploi marocain vu le manque de chiffres et de statiques fiables et réalistes à ce sujet. Il est à noter que nous avons deux marchés parallèles qui subsistent et qui sont tolérés, celui du formel et celui de l'informel. L'informel reste et demeure, à mon sens, un fléau à éradiquer d'urgence car il gangrène et tire vers le bas notre économie. Il y a lieu donc de réglementer l'ensemble du marché de l'emploi marocain afin que les actions qui seront entreprises dans ce domaine soient réellement efficaces. Prenant compte de l'importance de la question, certaines institutions ont pris l'initiative d'étudier cette problématique et ont émis des recommandations, c'est le cas du Conseil Economique et Social, de la CGEM et de AmalJOB.com (voir site www.eaj.ma) D'ailleurs nous avons organisé en septembre 2011, une conférence débat sur le thème de "la problématique de l insertion professionnelle des jeunes diplômés" dans le cadre du projet emploi aux jeunes auquel ont participé des professionnels du marché de l'emploi, de l enseignement, du monde associatif, ...etc Il nous semble utile que l'ensemble des recommandations soit étudié et pris en considération par les décideurs, ce qui encouragera les différents intervenants dans ce domaine à continuer à œuvrer dans ce sens et devenir une force de proposition. En tant que directeur général d'un site de recrutement, estimez-vous que le net pourrait jouer un rôle pour la promotion de l'emploi dans une société qui demeure encore liée, plus ou moins, à des pratiques traditionnelles ? - Internet fait partie intégrante de notre vie quotidienne alors comment peut-on penser le contraire lorsqu'il s'agit de l'emploi? D'ailleurs, d'après l'enquête emploi aux jeunes 2011 réalisée par AmalJOB.com, internet est le premier outil de recherche d'emploi. Il faut absolument prendre cela en considération dans toute action entreprise et il est primordial que les entreprises privées, publiques, grandes ou petites se mettent à niveau. C'est en adoptant ce vecteur comme l'un des moyens principaux pour la promotion de l'emploi que son utilisation se démocratisera davantage et atteindra toutes les couches de notre société. AmalJOB.com œuvre quotidiennement dans ce sens en rapprochant plus de 3 millions de chercheurs d'emploi par an au monde professionnel et ces chiffres ne cessent d'augmenter. Cependant, internet est essentiel mais non suffisant et ne remplace en aucun cas le contact humain et n'est qu'un outil de facilitation et d'intermédiation. Le virtuel a atteint ses limites malgré les progrès technologiques. Le contact humain reste essentiel et complémentaire, c'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle nous avons initié cette Caravane qui sillonne le Royaume.