Les Marocains s´apprêtent à se rendre le 25 novembre aux urnes pour élire les membres de la Chambre de représentants, dans le cadre du premier scrutin sous l'ère de la nouvelle constitution qui s'inscrit en droite ligne des réformes substantielles engagées depuis longtemps dans le Royaume. Cette échéance, qualifiée de “cruciale et historique” par les observateurs, intervient en effet dans le sillage du printemps arabe et des mutations en cours dans le monde arabe. Mais le scrutin du 25 novembre s'inscrit avant tout dans la dynamique de réformes engagées par le Maroc en réponse aux attentes et ambitions légitimes du peuple marocain, qui ont été concrétisées dans le discours historique de SM le Roi Mohammed VI, le 9 mars dernier. Un mois après l'adoption de la nouvelle Constitution, le Souverain avait appelé, dans son discours du 30 juillet 2011, à l'élection d'un nouveau Parlement, suivie de la nomination d'un chef du gouvernement issu du parti arrivé en tête du scrutin. «Il importe de commencer par l'élection de la nouvelle chambre des représentants» pour qu'un chef du gouvernement puisse être nommé du parti en tête des élections, soulignait SM le Roi, affirmant que tout atermoiement risquait de remettre en cause la dynamique initiée par la réforme constitutionnelle. Et c'est dans ce sens que la participation massive des électeurs à ce scrutin ne peut que conforter ces réformes engagées au fil des dernières années, durant des étapes successives sur la voie de consolidation des acquis du Royaume en matière de pluralisme et d'ouverture politique et de consolidation de la démocratie. Selon les observateurs et analystes au fait de la situation politique marocaine, le processus de réformes et de l'établissement d'une démocratisation réelle a été entamé, depuis plusieurs années, bien avant les changements qui touchent aujourd'hui des pays arabes. L'alternance politique engagée à la fin des années 90 avec la nomination par Feu SM Hassan II de M. Abderrahmane Youssoufi, leader de la gauche, au poste de Premier ministre, a constitué un tournant et un modèle au sein du monde arabe. Aujourd'hui, ce modèle, conforté par une croissance économique soutenue et la modernisation des infrastructures, incarne l'exception marocaine dans la région arabe. SM le Roi Mohammed VI a en effet placé son accession au trône sous le signe du changement, en mettant l'accent dans son discours du 12 octobre 1999 sur un «nouveau concept d'autorité», la lutte contre la corruption, la poursuite de la décentralisation et la mise au premier plan des priorités nationales telles la réduction de la pauvreté et les questions sociales. Le lancement de programmes tels que Villes sans bidonvilles en 2004 ou encore l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) en 2005, la multiplication des grands chantiers en matière de transport et d'équipements et les efforts en matière de désenclavement et d'équipement rural soulignent cette volonté de réduire les disparités et d'améliorer les conditions de vie des Marocains. Dans le même sillage, le nouveau code de la famille qui consolide l'égalité entre femmes et hommes et la création de l'Instance équité et réconciliation (IER), dont la mission était la réalisation de la réconciliation afin de tourner, une fois pour toutes, la page des violations passées des droits de l'homme et d'entamer une nouvelle étape ouverte sur l'avenir, la démocratie et le développement, traduisent aussi cette ferme volonté du Maroc, de son Roi et de son peuple, de consolider ce processus démocratique. En s'appuyant sur la nouvelle Constitution, démocratique dans sa lettre et son esprit, et qualifiée de tournant historique par la communauté internationale, SM le Roi et le peuple, à l'unisson, se sont attachés à ancrer et consacrer, de façon pérenne et irréversible, la volonté de la nation de s'inscrire dans une démarche prospective et de s'ouvrir sur l'avenir avec confiance et détermination. L´objectif du Royaume est de consolider les fondements de l'Etat de droit et des institutions, afin de raffermir les règles de bonne gouvernance et de moraliser la vie publique. Il s'agit aussi de conforter l'Etat dans sa vocation stratégique, garantissant la libre entreprise, la concurrence loyale et la transparence dans toutes les transactions. Le Maroc, qui a été prompt à se mettre en phase avec les aspirations légitimes des peuples des régions maghrébine et arabes, a souligné la nécessité d'accompagner les mutations saillantes qui s'opèrent dans un certain nombre de pays arabes. Et c´est dans ce cadre, que le Souverain a appelé dernièrement à la mise en place d'un +Nouvel Ordre maghrébin+, qui sera capable de stimuler et de peser sur le paysage régional arabe, tout en s'affirmant comme une partie prenante majeure dans la coopération euro-méditerranéenne et comme un facteur favorisant l'instauration et la consolidation de la sécurité et de la stabilité dans la région du Sahel, tout en structurant l'intégration africaine. La tenue d'élections transparentes et crédibles en cette conjoncture délicate marquée par des turbulences et des bouleversements, qui ont été coûteux en vies humaines dans certains pays du monde arabe, constitue un pari et aussi un défi majeurs que le Royaume veut gagner pour en faire un modèle et une source d´inspiration pour les autres Etats arabes qui font face à des risques de convulsions qui menacent de compromettre la construction démocratique dans son ensemble.