Aujourd'hui, le monde entier se mobilise pour l'éradication de la violence que subissent les femmes. Eradication serait un mot bien ambitieux parce que, au Maroc comme partout dans le monde, ce fléau est loin d'être négligeable. Le Centre des Droits des Gens/Maroc (CDGM) a fait état de pas moins de 2.363 femmes victimes de violence au Maroc. Et ceci, durant ces premiers huit mois de l'année 2011 seulement ! Viol, harcèlement sexuel, violences corporelles ou encore psychologiques, rien n'a été épargné à ses femmes qu'on qualifie, à tort ou à raison de «le sexe faible». Le CDGM a avancé des chiffres qui font froid au dos «Nous avons recensé 305 cas de licenciement abusif contre des ouvrières, 40 affaires de harcèlements sexuels, 92 cas de viol, 823 cas de violences corporelles et 1.103 affaires de refus de versement de la pension matrimoniale». Dans ce sens, il faut dire que ces dernières années ont connu une forte mobilisation de la société civile, notamment en matière de sensibilisation. Les fruits de cette sensibilisation n'ont pas tardé à se faire ressentir, selon le CDGM : «le nombre de plaignantes a connu une baisse importante au cours des deux dernières années en raison du rôle grandissant des associations et des médias en matière de sensibilisation». D'après les acteurs associatifs, il est constaté qu'en dépit de ce saut de conscience qu'a connu notre société, la majorité des femmes victimes de violence n'ont toujours pas le courage de porter plainte. L'observatoire marocain des violences faites aux femmes a reçu récemment une plainte des plus horrifiantes. S.B se dit « violée par son médecin ! » la jeune mariée, à l'instar de tant d'autres femmes violentées, n'a malheureusement pas le courage de porter plainte de peur des conséquences « Je ne sais pas quelle sera la réaction de mon mari, encore moins celle de mon père, je ne peux pas porter plainte devant la justice de peur de me voir rejetée. Ma vie sera détruite. Je me sens impure aussi bien physiquement que psychiquement ». Ce cas est tout sauf unique, elles sont malheureusement aujourd'hui des milliers à craindre le regard de la société, laissant ainsi leurs agresseurs échapper à toute sanction. Une loi mise en attente En 2010, elles étaient 63% à subir des violences au Maroc. Selon un rapport du Haut commissariat au plan (HCP). « Sur 9 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans, près de 6 millions ont subi un acte de violence durant les 12 mois ayant précédé l'enquête, qui s'est déroulée entre juin 2009 et janvier 2010 » indique le rapport qui précise que « la plus fréquente et la plus répandue est la violence psychologique ». En cette même année, une proposition de loi avait été présentée au parlement dans l'objectif d'apporter plus de protection aux femmes victimes de violence. Un texte qui n'est, jusqu'aujourd'hui pas encore sorti du placard. Ce texte contient une liste exhaustive de toutes les formes que peut prendre cette violence à l'égard des femmes et leur permettra, si jamais adopté, une protection effective bien avant qu'une enquête judiciaire ne soit ouverte. A ce titre, et en attendant une réelle protection pour ces femmes, il faut commencer par faire sortir ce fléau du tabou. Plus on en parle, plus on s'approche de son éradication. Ainsi, nous mettons à la disposition du public les coordonnées du Centre Nejma. Un centre d'écoute, d'information et d'orientation juridique des femmes victimes de violences : Tél/ Fax :+212 537 72 16 56 et email : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. .