Palestine . Les sanglants heurts entre partisans du Fatah et du Hamas sont la conséquence des sanctions internationales qui étouffent les territoires. La tension est montée d'un cran dans les Territoires palestiniens, dimanche, entre les partisans du Fatah et ceux du Hamas, alors que la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, a entamé une tournée au Proche-Orient au cours de laquelle elle s'entretiendra notamment avec les dirigeants israéliens et palestiniens. Huit Palestiniens ont été tués et plus de 130 blessés lors des heurts armés les plus meurtriers entre factions rivales depuis l'entrée en fonction du gouvernement Hamas fin mars. Les violences, qui interviennent en pleine impasse politique pour former un gouvernement d'union nationale, ont éclaté à la suite de manifestations des membres des forces de sécurité, fidèles au Fatah du président Mahmoud Abbas, pour réclamer le paiement de leurs salaires. Les affrontements, qui avaient débuté dimanche matin à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, se sont rapidement propagés à la ville de Gaza, au nord, qui a connu les violences les plus sanglantes. Pendant plusieurs heures, le centre de la ville s'est mué en champ de bataille. Des membres de la force du ministère de l'Intérieur du Hamas y ont affronté des policiers et des membres de la Sécurité préventive. En réaction, des centaines de manifestants ont mis le feu au siège du gouvernement à Ramallah, en Cisjordanie. Ils ont également incendié des bureaux avoisinants après avoir saccagé les locaux du groupe parlementaire du Hamas. Dans la soirée, les combats se sont poursuivis : un partisan du Fatah a été tué et 35 autres personnes blessées dans la localité de Boureij, dans le centre de la bande de Gaza, alors qu'à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, des manifestants pro-Fatah ont mis le feu aux bureaux locaux du Parlement. Les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne sont en grève et manifestent depuis le 2 septembre pour réclamer leurs payes, qui n'ont été que très partiellement versées depuis la fin mars. Hier, à Gaza, des manifestants proches du Fatah ont bombardé de pierres la résidence d'un ministre du Hamas, laissant craindre une reprise des affrontements interpalestiniens malgré les appels au calme lancés par les deux camps la veille. « J'ordonne le retrait de la force exécutive (la force du Hamas) vers ses anciennes positions et j'appelle le gouvernement et son chef à prendre les mesures nécessaires pour contenir la crise », a déclaré dimanche soir Mahmoud Abbas dans un discours à la nation. Le ministère de l'Intérieur, Saïd Siam, a déployé dimanche matin les hommes d'une force qu'il contrôle dans la bande de Gaza pour tenter de ramener l'ordre après plusieurs jours de protestations, ce qui a eu l'effet contraire. Dans un souci d'apaiser les tensions, le gouvernement a immédiatement accédé à sa requête et « décidé de redéployer la force exécutive dans ses anciennes positions », a affirmé Khaled Abou Hillal, un porte-parole du ministère de l'Intérieur. Abbas a en revanche estimé, dans un entretien diffusé par la télévision Al-Jazira, qu'il ne tolérerait « jamais » que soit franchie la « ligne rouge » d'une « guerre civile ». Ce qui vient de se passer est la conséquence directe des mesures prises par la communauté internationale (en particulier l'Union européenne si prompte dans ce cas et incapable de la moindre sanction contre Israël) depuis le mois de mars : les aides financières à l'Autorité palestinienne ont été coupées, jetant les Palestiniens dans le désarroi économique et social alors que, dans le même temps, Israël multiplie ses actions militaires dans la bande de Gaza, tuant chaque jour des civils. Par ailleurs, Israël a suspendu le transfert du produit de la TVA et des taxes de douanes prélevées pour le compte de l'Autorité palestinienne qui servait à régler les quelque 170 000 employés de l'administration.