Hier mardi, les Belges ont assisté à un scandale digne des partis politiques d'extrême droite. Le Vlaams Belang, un parti d'extrême droite flamand, a lancé un site internet visant à dénoncer les sans-papiers. Une initiative qui a choqué au-delà des frontières belges. Détails. En Belgique, un parti d'extrême droite flamand a lancé, mardi 10 avril, un site internet sur lequel les citoyens peuvent dénoncer les immigrés clandestins. Le chef du Vlaams Belang, Filip Dewinter, a justifié cet appel à la délation sur le site meldpuntillegaliteit.be par la présence de dizaines de milliers d'illégaux dans les grandes villes de Belgique et les problèmes qu'elle provoque selon lui: travail au noir, criminalité, abus sur les prestations sociales. Les faits mentionnés seront communiqués à la police, a-t-il précisé, rapporte Romandie. Filip Dewinter s'est inspiré du parti d'extrême droite au Pays-Bas. Ce dernier a mené une initiative similaire en février dernier. Choqué par la méthode, le parlement européen avait réagi, mais ça n'a pas empêché le parti belge de la répéter. «Initiative ouvertement xénophobe» Dès la médiatisation de l'affaire, les socialistes et démocrates (S&D) ont tiré la sonnette d'alarme. «De la même manière que l'Union européenne, par le vote d'une résolution du Parlement européen, a clairement dénoncé cette initiative et demandé au gouvernement néerlandais de condamner sans délai ce site internet, nous devons condamner de manière ferme et urgente ce nouveau site web d'appel à la délation», a déclaré Sylvie Guillaume, vice-présidente du groupe S&D au Parlement européen. «Nous ne pouvons pas laisser se multiplier et se banaliser ce type de démarches, défend la parlementaire. L'extrême droite, partout en Europe, n'a plus aucun complexe, et non contente d'accuser les étrangers de tous les maux, veut organiser un système de délation parfaitement inique au sein de la société européenne. Il ne peut être toléré en aucune manière que la haine de l'autre soit érigée comme réponse politique. Les citoyens européens méritent mieux que cela» Idéologie nazie? L'initiative de M. Dewinter a été dénoncée par le principal mouvement antiraciste belge. «Ce point de signalement est parfaitement illégal, M. Dewinter le sait bien. Il veut choquer et provoquer», a-t-il déclaré Jozef De Witte, directeur du Centre pour l'Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme. Selon lui, cette initiative rappelle celles prises par les nazis dans les années 1930 ou la Stasi en Allemagne de l'Est. L'Europe condamne La Commission européenne a indiqué mardi, par la voix d'un porte-parole, qu'elle condamnait ce type d'initiatives, «qui ne correspondent pas aux valeurs» qu'elle défend. Mais elle a souligné que d'éventuelles poursuites pour incitation à la haine raciale relevaient des juridictions nationales et non de l'exécutif européen, non compétent en la matière, même si la Charte européenne des droits fondamentaux entrée en vigueur il y a deux ans fixe «un cadre général». Selon l'agence de presse Belga, la Commission belge de la vie privée étudie les actions juridiques qu'elle pourrait entreprendre contre cet acte visant les personnes en séjour illégal. «Si des données à caractère judiciaire sont récoltées de cette façon, il y a alors atteinte à la législation sur la protection de la vie privée. Actuellement, le but poursuivi n'est pas clair du tout», a indiqué une porte-parole de la Commission. Puisque le traitement des informations à caractère judiciaire évoqués par le parti d'extrême droite [criminalité, travail au noir,…] relève de la police et des autorités judiciaires. Avec les différentes réactions des politiques, du mouvement antiraciste et de la Commission européenne , le site n'était plus opérationnel mardi soir. Marocains de Belgique Les citoyens d'origine marocaine en Belgique constituent la communauté étrangère la plus importante numériquement parlant. Ils étaient estimés à 350 000 par le corps diplomatique marocain en 2009. Ils sont nombreux à avoir la nationalité belge et plusieurs autres sont en situation irrégulière. En 2009, certains faisant partie du Mouvement des travailleurs sans papiers ont plaidé auprès des autorités dans un reportage. Quelques temps plus tard, ils ont été régularisés, précise à Yabiladi, Moussa Mazid, un ancien responsable du Mouvement.