Le parti d'extrême droite Vlaams Belang (L'Intérêt flamand) n'est pas parvenu à s'emparer de la mairie d'Anvers. Le maire socialiste de la deuxième ville du pays a réussi à mobiliser les électeurs contre lui. Un Vlaams Belang (Parti d'extrême droite) en progression, un VLD (Parti libéral flamand) en perte de vitesse et un PS (parti socialiste) durement sanctionné dans ses villes, mais conforté ou en hausse ailleurs. Les élections municipales belges de dimanche n'ont pas connu de grandes surprises. Ces élections sont un succès pour l'extrême droite. Celle-ci sort en effet de ses bastions, les villes industrielles, pour s'installer dans d'autres zones. Mais pour son leader Filip Dewinter, il s'agit là d'un échec. En remportant 33,51% des suffrages à Anvers, le Filip Dewinter a réalisé un score décevant. Il a ainsi perdu son pari de s'emparer de la mairie d'Anvers, où son parti n'est plus le premier parti de la métropole portuaire. «Il ne s'est rien passé à Anvers. Le match se termine sur un score zéro à zéro», s'est consolé Filip Dewinter qui garde désormais le costume d'opposant. Le parti socialiste flamand SPA du maire Patrick Janssens dépasse le Vlaams Belang – jusque-là premier parti de la ville - avec 35,28% des suffrages, en très forte progression sur les 20% qu'il avait obtenus en 2000, selon les résultats définitifs. M. Janssens remporte aussi une victoire personnelle, en devançant largement son rival d'extrême droite Filip Dewinter sur les suffrages dits «de préférence personnelle». Autrement dit, dimanche soir, les socialistes faisaient la fête non pas parce qu'ils ont gagné, mais plutôt parce qu'ils n'ont pas perdu face à l'extrême-droite flamande. Pour sa part, le parti libéral flamand du Premier ministre Guy Verhofstadt est en chute libre dans de nombreuses communes, mais ses partenaires de la coalition, les socialistes, limitent les dégâts malgré des scandales de corruption dans le sud du pays, où ils continuent à collectionner les majorités absolues. Ce scrutin est d'une importance cruciale dans la vie politique en Belgique, où l'autonomie des communes est considérable. Ces entités locales s'apparentent à de véritables gouvernements puisqu'elles ont la charge du maintien de l'ordre, de la police locale, des permis de construire, de l'entretien de la voirie locale, de la propreté et de l'état civil. Les communes gèrent aussi un réseau d'écoles ; le plus souvent primaires, les infrastructures sportives ainsi que les centres culturels et les bibliothèques. Elles assument aussi un rôle social important auprès de la population par le biais des centres publics d'assistance sociale, des hôpitaux ou des régies immobilières. Certaines ont développé un rôle économique non négligeable souvent par des entreprises intercommunales actives dans divers secteurs. L'importance des communes est d'autant plus soulignée par la participation de la quasi-totalité des leaders politiques qui, en cette occasion, descendent dans l'arène et se portent candidats pour tester leur popularité auprès de la population. La population immigrée naturalisée, notamment d'origine marocaine, très sollicitée, est fortement représentée parmi les 55.000 candidatures. En effet, le scrutin municipal peut être considéré comme un sondage grandeur nature pour les élections législatives de 2007. Un Le Pen, version flamande Âgé de 44 ans, Filip Dewinter est le chef de file anversois du parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang, ancien Vlaams Blok condamné pour racisme en 2004. Il est connu par son discours xénophobe qui, en Belgique, séduit de plus en plus. Passé de 1% en 1981 à 24% en 2004 aux élections régionales, l'ancien Vlaams Blok provoqua un véritable séisme politique lors du dernier scrutin communal de 2000 en séduisant 33% des électeurs à Anvers. Filip Dewinter, qui joue habituellement sur la fibre identitaire flamande, s'est appuyé lors de cette dernière campagne sur deux grands sujets : la propreté et la sécurité. «Les immigrés ne savent pas faire le tri des ordures», dit-il. En décembre dernier, son arrogance l'a poussé à venir au Maroc demander aux Marocains de rester chez eux et leur expliquer qu'ils ne sont pas les bienvenus en Belgique. Il a été boudé par la presse nationale et n'a fait aucune rencontre officielle.