Un double meurtre à caractère raciste, qui a eu lieu à Anvers, la métropole flamande, a choqué un pays où les agressions racistes se sont multipliées ces dernières semaines. Anvers, deuxième ville de Belgique, attire une importante population multiculturelle. Revers de la médaille, l'extrême droite y séduit plus d'un tiers des électeurs. C'était dans les ruelles de cette ville qu'un jeune skinhead a abattu, jeudi dernier, une jeune fille africaine et la fillette 2 ans dont elle avait la garde. Un double meurtre odieux à caractère raciste qui a secoué l'opinion publique belge. Au lendemain de ce crime, l'ensemble du pays était sous le choc. Surtout que la presse flamande a souligné que le jeune néo-nazi avait l'intention de tuer le plus d'étrangers possible. Selon le quotidien flamand De Morgen, l'agresseur, Hans Van Themsche, un Anversois de 18 ans, a laissé dans sa chambre une lettre indiquant clairement ses intentions. «S'il n'avait pas été arrêté par un agent de police, qui a fait feu sur lui, le bain de sang aurait été encore plus grand», a expliqué un enquêteur au Morgen, au lendemain d'un meurtre qui choque un pays où les agressions racistes se sont multipliées ces dernières semaines. «Ses yeux crachaient le feu, comme s'il voulait détruire tous ceux qui se trouveraient sur son chemin», a ajouté au même journal Luc Wauters, un témoin de la tuerie. «C'était comme dans "Bowling for Columbine", le film qui relatait le massacre commis par des adolescents dans un lycée américain, relevait un autre témoin, Serge Meysmans. Hans van Themsche, qui n'était pas connu de la justice belge, s'était rasé les cheveux en début de semaine, selon ses proches. Jeudi matin, il a acheté sans difficulté une carabine 9 mm et une vingtaine de balles, a dénoncé le bourgmestre (maire) socialiste d'Anvers, Patrick Janssens.Vêtu d'une longue veste noire dans laquelle des insignes et des tracts d'extrême droite ont été retrouvés, il a entamé son raid meurtrier à la mi-journée dans le centre historique de la métropole flamande. C'est d'abord une femme turque de 46 ans, qui lisait un livre sur un banc, qui a été visée. Blessée au ventre, la jeune femme serait hors de danger, selon le parquet d'Anvers. Ensuite, le jeune skin, qui baignait dans un milieu d'extrême droite (son grand-père avait combattu aux côtés des nazis sur le front de l'Est et sa tante est une parlementaire du parti nationaliste Vlaams Belang), s'en est pris à une jeune fille au pair d'origine malienne, Mata N'Doyie. La jeune fille et la petite Luna, 2 ans, la fille de sa famille d'accueil, des restaurateurs anversois, dont elle a la garde, sont abattues quelques rues plus loin. Elles sont décédées sur place. Les plus hauts responsables belges, du Roi Albert II au Premier ministre, ont fait part de leur émotion vendredi. Le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, s'est dit «choqué par ces crimes horribles et lâches qui sont une forme de racisme extrême». «Nul ne peut désormais ignorer ce à quoi l'extrême droite peut mener», a ajouté le chef du gouvernement belge, en lançant un appel pour que le pays ne soit pas entraîné dans une «spirale de violence». Jusqu'à présent, les appels au calme semblent avoir été entendus. Aucune violence n'a été relevée à Anvers, la deuxième ville du pays où vivent de nombreuses communautés : populations juives orthodoxes, immigrés d'origines turque ou marocaine. Les crimes racistes se sont multipliés ces derniers jours en Belgique. Le cadavre d'un Marocain a été repêché mercredi dans l'Escaut, encore à Anvers.