L'artiste Hajib a revisité, dimanche à Rabat, l'histoire et la portée culturelle de la musique populaire de l'Aïta, un patrimoine culturel millénaire à part entière qui retrace tout un pan de l'Histoire du Maroc. Intervenant à une rencontre culturelle organisée par le réseau des cafés culturels et le café Milano, le chanteur populaire est revenu sur les multiples facettes de cet art, qui transcende la simple pratique musicale pour s'ériger en patrimoine national et en une des déclinaisons de la créativité populaire marocaine, où l'appel à l'amour la dispute à celui de la guerre. Cette musique de la plaine qui a pris naissance dans le domaine des tribus Abda, Doukkala et Chaouia au gré des fêtes et des circonstances de la vie, avant de se répandre et prendre plusieurs formes a été un point fédérateur de ces tribus, et une forme d'expression poétique et militante, a souligné le chercheur. Au gré des «ayouts» interprétées avec brio par les chikhates, cet art né au XIX siècle porte et résume avec éloquence l'Histoire de larges étendues du territoire du Maroc et d'une grande partie de ses habitants, pour devenir au fil des siècles une pratique musicale dans la majorité des régions du pays, a rappelé Hajib. C'est l'expression d'une histoire sociale peuplée de héros, de personnages mythiques et de mémoire ancestrale, a-t-il dit. L'Aïta au Maroc, un art menacé de tomber dans les oubliettes Cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la stratégie d'élargissement du réseau des cafés culturels. Elle fait suite aux expériences de plusieurs cafés rbatis où ont été débattus plusieurs thèmes culturels et intellectuels. La rencontre a connu la participation de dizaines de férus de l'art de l'Aïta, et de chercheurs dans ce domaine qui n'a pas encore révélé tous ses secrets.