Pour l'ancien ministre islamiste, Mohamed Najib Boulif, la priorité aurait dû être accordée à régler d'abord les graves déficits commerciaux du Maroc avec la Chine et les Etats-Unis et non à celui avec la Turquie d'Erdogan. La volonté du ministre de l'Industrie, du commerce et de l'économie verte et numérique de réviser l'Accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie a fait sortir quelques hauts cadres du PJD, dont Mohamed Najib Boulif, des bois. L'ancien ministre sous les gouvernements Benkirane et El Othmani I a laissé entendre que le déficit de l'ALE avec Ankara n'est pas aussi grave par rapport à ceux enregistrés avec d'autres pays partenaires du royaume. Moulay Hafid Elalamy a précisé, le lundi 13 janvier à la Chambre des représentants, que le Maroc perd chaque année 2 milliards de dollars avec la Turquie. «En 2015, le déficit avec la Chine était 25 milliards de dirhams, ensuite il est grimpé à 45 MMDH en 2018. Avec les Etats-Unis, il était environ 18 MMDH en 2015 pour ensuite passer à 25 MMDH en 2018», a écrit le président de la commission des Marocains du monde au PJD dans un article publié par le site officiel de la Lampe. Et de préciser que les chiffres susmentionnés figurent dans un rapport de Bank Al Maghrib. La priorité aurait dû être accordée aux déficits avec la Chine et les Etats-Unis Dans ce contexte, «la priorité ne devraient-elle pas être accordée aux 45 milliards de dirhams de déficit avec la Chine ou à la réévaluation de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis en vue d'examiner la montée du déficit ayant atteint 25 MMDH avec ce pays ?», s'est interrogé l'ancien ministre délégué aux Affaires générales du gouvernement. Visiblement peu convaincu par les arguments présentés par Moulay Hafid Elalamy lundi 16 janvier à la Chambre des représentants, le PJDiste a appelé à «une lecture scientifique attentive» de l'ALE avec la Turquie. Et d'attribuer le déséquilibre criant dans les échanges avec le pays d'Erdogan à «la faiblesse de nos exportations vers ce pays, qui se sont maintenues jusqu'à présent à environ 5,5 milliards de dirhams». La réaction mesurée de Mohamed Najib Boulif à la détermination du ministre de l'Industrie de réviser l'ALE avec la Turquie tranche toutefois avec la colère ayant envahi les islamistes de la Lampe suite à la réinstauration, en 2018, des droits d'importation sur les produits textile importés ce pays. Pour mémoire, l'ancien président du groupe des députés du PJD, Driss Azami avait pointée une mesure «sélective qui renvoie un signal que des partenaires soient dans le viseur», soulignant qu'«il y a des produits en provenance d'autres pays qui concurrencent le produit marocain jusqu'au dumping mais sans qu'ils soient taxés».