Alors qu'un autre membre de l'opposition s'est autoproclamé président du Parlement vénézuélien en ce mois de janvier, le Maroc a réitéré son soutien à Juan Guaido au moment où la crise dans ce pays d'Amérique latine entre une nouvelle phase. Alors que la crise reprend de plus beau au Venezuela, avec un Parlement unicaméral avec désormais deux présidents et un Nicolas Maduro refusant toujours de quitter le pouvoir, le Maroc a réitéré son soutien à Juan Guaido. «Le Maroc est en faveur des véritables aspirations du peuple vénézuélien et soutient M. Juan Guaido suite à sa réélection en tant que président du parlement», a affirmé, mercredi à Rabat, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita. «La position du Maroc vis-à-vis de la crise vénézuélienne a été claire dès le début», a-t-il souligné, reconnaissant de facto la «réélection» de Guaido à la tête du Parlement, tenue dans le cadre du respect de la loi vénézuélienne et le quorum nécessaire. «Le Maroc œuvre également avec la communauté internationale et avec les Etats du Groupe de Lima pour pousser vers la création d'un cadre institutionnel qui répond aux véritables aspirations du peuple vénézuélien», a souligné le chef de la diplomatie marocaine. Le ministre a ajouté que le royaume «déplore et dénonce les tentatives visant à empêcher le déroulement de cette élection». Et de faire savoir que le Maroc «va poursuivre la coordination pour aller vers une résolution pacifique de la crise vénézuélienne, respectant les aspirations du peuple vénézuélien et la légitimité dans le pays et qui est en harmonie avec les efforts fournis par l'Organisation des Etats américains (OEA), le Groupe de Lima et autres organisations qui œuvrent dans ce cadre». Rabat soutient Guaido depuis janvier 2019 Au Venezuela, l'année 2020 a débuté avec une crise, suite à l'autoproclamation, dimanche 5 janvier, de Luis Parra, député de l'opposition et rival de Guaido, comme président du Parlement vénézuélien. Plus tôt dans la matinée, celui qui a tenté pendant un an de chasser Maduro du palais de Miraflores de Caracas a été empêché d'accéder à l'hémicycle. L'élection de son rival a toutefois été reconnue par Nicolas Maduro, mais considérée par les pro-Guaido comme un «coup d'Etat parlementaire». De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé cette semaine des sanctions à l'égard de Luis Parra et ses vice-présidents, les plaçant sur la liste noire du département du Trésor américain. Washington a, par ailleurs, réaffirmé son soutien à Guaido, celui qui a passé un an à dénoncer la réélection, en 2019, de celui considéré comme l'héritier politique d'Hugo Chavez. La position du royaume s'inscrit en droite ligne avec le ton, adopté en janvier 2019, à l'égard du Venezuela. Mardi 29 janvier, Nasser Bourita avait, en effet, eu un entretien téléphonique avec Guaido avant que l'ambassadeur du Maroc au Pérou, Youssef Bella ne reçoive le représentant diplomatique au Pérou de Juan Guaido, Carlos Scull en février. En mars, le président du Parlement vénézuélien a nommé Jose Ignacio Guedez, secrétaire général du parti socio-démocrate La Causa R et président de l'Association de la cause démocratique ibéro-américaine, comme son ambassadeur au Maroc. Le royaume a également été présent, en août 2019 à la Conférence internationale pour la démocratie au Venezuela, organisée par le Groupe de Lima, réunissant 14 pays du continent américain, dans la capitale péruvienne. De plus, à l'ONU en septembre dernier, Rabat a réaffirmé son soutien au Venezuela. En marge de la 74e session de l'Assemblée générale de l'ONU, le chef de la diplomatie marocaine s'était même réuni avec Julio Borges, chargé des Affaires étrangères de Juan Guaido. Le Maroc a, d'ailleurs, reçu de ce dernier la promesse de revoir la position de Caracas sur le dossier du Sahara occidental. Caracas reconnaît, en effet, la «RASD» depuis août 1982.