Le Maroc ne cache plus son soutien au «président intérimaire du Venezuela», Juan Guaido, depuis la conversation téléphonique entre ce dernier et le chef de la diplomatie marocaine. Une normalisation des relations diplomatiques entre Rabat et Caracas qui inquiète le Polisario et l'Algérie. Après avoir observé le silence pendant plusieurs jours sur la crise vénézuélienne, le Maroc se dirige vers une normalisation de ses relations diplomatiques avec Caracas. Mardi, au siège de l'ambassade du royaume à Lima, capitale du Pérou, l'ambassadeur du Maroc, Youssef Bella a reçu Carlos Scull, représentant diplomatique au Pérou de Juan Guaido, dont Rabat a reconnu la qualité de «président intérimaire du Venezuela». Carlos Scull a tenu à transmettre les remerciements du peuple vénézuélien pour le soutien du Maroc, qu'il a qualifié de «premier pays africain à soutenir le gouvernement du président Juan Guaido». Le responsable a également affirmé que «le régime de Nicolas Maduro a affecté le peuple vénézuélien et gravement endommagé nos relations internationales», indique l'agence MAP. Lundi, c'est le président vénézuélien par intérim qui a salué le soutien du Maroc au Venezuela. Dans une brève déclaration à la chaîne Al Ghad, Juan Guaido s'est félicité du soutien des pays arabes et «particulièrement le Maroc» aux forces de l'opposition au régime de Nicolas Maduro. Carlos Scull et Youssef Bella, mardi 19 février à Lima. / Ph. MAP Mardi 29 janvier, le chef de la diplomatie marocaine a eu un entretien téléphonique avec Guaido lors duquel la question du Sahara, et notamment la reconnaissance par Caracas de la «RASD», a été abordée. «Le gouvernement Guaido a pour priorité d'établir les relations avec le Maroc, eu égard aux dénominateurs communs et à l'Histoire partagée entre les deux pays», a indiqué le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale dans un communiqué. Cité par la MAP, le conseiller aux Affaires étrangères de l'Assemblée nationale vénézuélienne, Manuel Avendano a souligné de son côté l'intention de son pays de «reconsidérer sa reconnaissance de la RASD sous le gouvernement du président par intérim Juan Guaido». Le soutien du Maroc à Juan Gaido inquiète «Nous souhaitons une solution pacifique à ce différend régional (…) Nous soutenons toute voie qui mènera dans ce sens, dans le cadre de l'ONU», a-t-il ajouté, réitérant ainsi le souhait du gouvernement Guaido d'établir des relations «ouvertes», «étendues» et «solides» avec le royaume. Ce dernier n'avait pourtant pas pris part à la deuxième investiture du président Nicolas Maduro, décriée par l'opposition dans son pays et la communauté internationale. Le Maroc a surtout observé le silence pendant plusieurs jours avant de tendre à nouveau la main au Venezuela pour normaliser ses relations avec ce pays d'Amérique latine. Preuve que cette normalisation inquiète en Algérie et à Tindouf, plusieurs médias algériens ont relayé les propos tenus lundi 18 février par l'ambassadeur de Nicolas Maduro à Alger. Ce dernier, dans une interview accordée au média algérien Al-Massa, a estimé que le royaume «n'est pas en mesure de parler de la nature démocratique au Venezuela et en Amérique latine, car il connaît parfaitement la position d'Hugo Chavez et de Nicolas Maduro à l'égard de la question du Sahara occidental». «Le Maroc entend tirer profit de la position de Guaido. Celui-ci veut obtenir l'appui de n'importe quelle partie», a-t-il fustigé. Mais ce que l'ambassadeur, l'Algérie et le Polisario oublient, c'est que le Maroc ne se serait pas aventuré à soutenir Guaido s'il n'était pas sûr que les jours de Nicolas Maduro à la tête du Venezuela étaient comptés sur le bout des doigts.