Alors que le gouvernement et les pêcheurs espagnols sont inconsolables depuis le refus du Parlement européen (PE) de proroger l'accord de pêche avec le Maroc, les agriculteurs ibériques eux appellent le même parlement à ne pas ratifier l'accord agricole. Un accord qui, soutiennent-ils, est en train de les mettre à genoux. Sacrés voisins espagnols. Après les larmes des pêcheurs, place à la levée de boucliers des agriculteurs. Réunis ce lundi 19 décembre, des associations d'agriculteurs espagnoles ont appelé le PE «à rejeter l'accord agricole» avec le Maroc, «de la même manière dont il a mis fin à l'accord de pêche». Et pour cause, ces agriculteurs estiment que leur secteur est en train de «couler» du fait de la concurrence de la tomate en provenance du Maroc. Les Espagnols reprochent aux exportateurs marocains de tomates de dépasser les quotas accordés au royaume. Durant les deux derniers mois, quelques 61 000 tonnes de tomates auraient franchi les frontières de l'UE, au lieu des 38 000 réglementaires (soit 14 000 T par mois). Conséquences : les marchés de certains pays membres sont inondés par les productions marocaines, qui étouffent la tomate espagnole, très mal en point depuis le scandale sur la bactérie E, découverte en Allemagne sur les tomates et concombres espagnols. Rajoy veut ressusciter l'accord de pêche Les producteurs ibériques avancent avoir subi des pertes considérables en raison notamment de la très forte concurrence des exportations marocaines. De 100 millions d'euros en 2002, leurs ventes ont chuté à 49 millions l'année dernière et ne devraient pas dépasser les 33 millions en 2011. Toujours selon les associations des agriculteurs ibériques, quelques 12 500 emplois ont également été détruits. Leur réquisitoire indexe en outre les conditions de travail des agriculteurs du royaume, notamment l'absence de «droits sociaux» ainsi que les normes sanitaires des produits marocaines. Last but not least, ils enfourchent la même trompette que les eurodéputés en avançant l'exclusion des populations sahraouis de cet accord suspendu à la décision du PE. D'un autre côté, le tout nouveau chef du gouvernement espagnol Mario Rajoy, a réaffirmé ce mardi qu'il comptait ouvrer pour «récupérer» l'accord de pêche rejeté mercredi dernier par les parlementaires européens. Le chef de file des populistes aux dernières législatives parle d'un accord «extrêmement important», car il profitait avant tout aux navires espagnols.