La Commission européenne a adopté jeudi, un projet de décision concernant un accord commercial bilatéral entre le Maroc et les 27 pour les produits agricoles, alimentaires et des biens de pêche. Le texte doit encore suivre un périple législatif pour son approbation, qui le mènera d'abord au Conseil des ministres de l'Union européenne (UE) et enfin à l'étape la plus difficile, le passage devant le Parlement européen. Cet accord négocié en décembre 2009, renforcera la position des exportateurs européens sur le marché marocain, car il prévoit une libéralisation totale pour les produits transformés sauf pour les pâtes alimentaires, par étapes dans les dix prochaines années, a précisé la Commission dans un communiqué. Pour le secteur agricole, la libéralisation concernera dans l'immédiat, 45 % de la valeur des exportations de l'UE vers le Maroc. Ce chiffre passera à 70 % dans les dix ans. Seront entièrement libéralisés d'accès au Maroc dans les dix ans, les secteurs des fruits et légumes et des produits de la conserverie, les céréales et oléagineux de même que les produits laitiers de l'UE. La pêche, qui est également couvert par l'accord, sera ouverte aux produits européens à raison de 91 % dans les cinq ans et 100 % dans les dix ans. Les exceptions pour les fruits et légumes seront les fèves, les amandes douces, les pommes et les concentrés de tomates (pour lesquels les contingents tarifaires ont été négociés) ; le blé tendre, le blé dur et leurs dérivés pour les céréales. Enfin, le lait liquide et le lait entier en poudre ne seront pas libéralisés. Même chose pour des produits dits «sensibles» comme les viandes, les charcuteries, l'huile d'olive. Ces derniers entreront au Maroc dans les mêmes conditions que les fruits et légumes. En échange, la partie marocaine aura des concessions comme la suppression immédiate des droits de douane sur 55 % des exportations totales de produits agricoles vers l'Europe. Parmi ces concessions, il y a aussi l'augmentation – comme nous l'avions annoncé précédemment – des quotas de six fruits et légumes (fraises, tomates, courgettes, concombres, ail et clémentines) mais aussi l'entrée en Europe sous forme de contingents tarifaires. A noter que le secteur des fruits et légumes représente 80% des importations de l'UE depuis le Maroc. Avant même la signature de l'accord sur la libéralisation des échanges agricoles, agro-industriels et de la pêche entre Européens et Marocains le 17 décembre 2009, les producteurs Espagnols et Français s'y étaient opposés. N'ayant pas pu empêcher la signature, ils avaient à nouveau rejeté les termes de l'accord en février 2010. L'Espagne, un des grands producteurs européens de tomate et de fraise, voit d'un mauvais œil, la commercialisation sur le Vieux continent des fruits et légumes marocains, notamment la tomate et la fraise sans droit de douane. Selon elle, l'accord lui porterait préjudice. Les agriculteurs ibériques, parlent même d'une concurrence déloyale qui signera la fin de leur filière. Quant aux Français, ils veulent également à tout prix préserver leur marché fruitier. L'accord qui vient de franchir une étape, devrait rencontrer quelques difficultés dans l'hémicycle européen. En effet, les parlementaires espagnols et français siégeant à Strasbourg, défendront avec tous les moyens, les intérêts de leurs compatriotes. Il ne faut pas non plus négliger le poids des eurodéputés, qui ont à maintes reprises, mis en cause l'accord de pêche, stipulant que l'Europe, qui ne reconnait pas officiellement la marocanité du Sahara, ne doit pas pêcher dans les eaux sahariennes.