Les relations commerciales euro-marocaines ont fait un pas en avant à la fin 2009. C'est du moins ce qu'on peut lire sur l'une des recherches du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM). En effet, le 14 décembre 2009, un procès-verbal a été signé, autour de l'avancement de la libéralisation du commerce bilatéral du secteur agroalimentaire et de la pêche. Cet accord entre dans le cadre de la feuille de route euro-méditerranéenne pour l'agriculture. Intitulé «feuille de route de Rabat», l'accord avait été adopté en novembre 2005. Ce document a marqué l'ouverture de négociations entre le Maroc et la Commission européenne dans le but d'améliorer l'accord commercial existant dans l'Accord d'association. Celui-ci ne traitait que de produits faisant partie d'un échange de concessions, selon une liste limitée. Partant, il ne concernait pas l'ensemble des produits agricoles frais et transformés, ni les produits de la pêche. Meilleures conditions d'accès au marché Le nouvel accord a vu le jour après quatre ans d'âpres négociations. Il devrait être prochainement soumis à ratification des pays partenaires, pour une entrée en vigueur envisagée dès 2011. Du côté marocain, le texte prévoit une libéralisation totale immédiate de 45% des importations en provenance de l'Union européenne (UE), ainsi qu'une période de transition pour la libéralisation complète de certains produits. Que dit la feuille de route ? Suivant la feuille de route, 61% des produits importés seront libéralisés en premier lieu en 5 ans. Ensuite, l'accord projette de parvenir à 70% de libéralisation en 10 ans. A titre d'exemple, la grande partie de produits laitiers, des oléagineux et des céréales européens bénéficieront d'une libéralisation immédiate et totale. Les produits agricoles transformés seront libéralises progressivement d'ici 10 ans, exception faite des pâtes alimentaires pour lesquelles l'accord prévoit une limitation quantitative. Les secteurs des fruits et légumes et les conserves alimentaires seront aussi entièrement libéralisés dans les 10 ans à venir. En revanche, certains produits sensibles n'étant pas concernés par une libéralisation complète bénéficieront néanmoins de meilleures conditions d'accès au marché marocain. Cette dernière mesure concerne les viandes, la charcuterie, le blé, l'huile d'olive, les pommes et le concentré de tomates. Enfin, le secteur de la pêche sera également libéralisé pour les produits de l'UE (91% au bout de 5 ans et dans sa totalité dans 10 ans).Côté Europe, l'accord prévoit la suppression des droits de douane pour 55% des importations agricoles en provenance du Maroc. Il établit également une augmentation des contingents tarifaires pour six fruits et légumes qui constituent la majorité des importations communautaires (tomates, fraises, courgettes, concombres, ail et clémentines). Le Royaume est autorisé à augmenter ses exportations de tomates de 22% dès la ratification de l'accord et de 40% au bout de cinq ans. S'agissant des importations de courgettes et de concombres dans l'espace communautaire, elles sont appelées à doubler, voire plus. Bruxelles rassure ses producteurs Selon les spécialistes, ces mesures suscitent des mécontentements chez les producteurs européens de fruits et légumes, notamment en Espagne et en France. Celles-ci restent minées par les prévisions de hausse des exportations marocaines sur le marché communautaire, ce qui pourrait aboutir à une chute des prix, déjà au plus bas. En outre, Bruxelles souligne dans un communiqué que pour ces produits sensibles les calendriers d'entrée ont été maintenus. D'un autre côté, il se veut rassurant en arguant du fait que la position des exportateurs européens sur le marché marocain devrait se renforcer, notamment dans le secteur des produits agricoles transformés. «Pour les autorités marocaines, ces négociations ont permis au Royaume de renforcer le positionnement des exportations agricoles chérifiennes sur les marchés de l'UE et d'adapter les mesures de l'accord aux orientations du plan Maroc vert», peut-on lire sur le site du CIHEAM. Par ailleurs, l'accord prévoit des dispositions sur le respect des obligations internationales concernant les aspects sanitaires et phytosanitaires. Partant, les négociateurs ont prévu de démarrer prochainement des négociations sur la protection des indications géographiques. Hausse du déficit agroalimentaire au Maghreb et en Egypte Selon les dernières données mises à disposition par Ubifrance et les Missions économiques françaises sur le secteur agricole, les pays maghrébins ainsi que l'Egypte ont connu une forte progression de leur déficit commercial agroalimentaire en 2008, notamment à cause d'une grande augmentation des importations des céréales, des huiles et corps gras et des aliments pour animaux. La principale hausse d'importations au Maroc est celle des céréales (blé) en provenance de la France, d'Allemagne et d'Argentine (respectivement +90%, +120% et +83%). 47% des produits agroalimentaires importés par la Tunisie ont été des céréales, suivies des corps gras et huiles qui représentent 18%. Les importations algériennes sont dominées par le blé, celles-ci ayant augmenté de 123% par rapport à 2007. En Egypte, après le bond des importations de céréales en 2007, les huiles et le corps gras deviennent le 2e poste à l'import. D'un autre côté, la hausse générale des importations des céréales et corps gras a accentué la présence du Brésil et de l'Argentine en tant que fournisseurs des pays de la région. L'Argentine est désormais le deuxième fournisseur agroalimentaire du Maroc et de l'Egypte ainsi que de l'Algérie, où elle est suivie du Canada et du Brésil.