C'est l'un des dossiers les plus attendus de la rencontre d'aujourd'hui. Mariano Rajoy en est en tout cas fort convaincu. Sa visite à son homologue marocain intervient dans un contexte où les pressions du gouvernement espagnol auprès du Parlement européen (PE) sont montées de plusieurs crans ces derniers jours. Objectif : obtenir de Maria Damanaki, la présidente de la Commission de Pêche du PE, qu'elle diligente de nouvelles négociations dans l'espoir de remettre à flot l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE, ou du moins trouver le moyen de compenser les pertes provoquées par le rejet de l'accord. En effet, une semaine auparavant, le ministre espagnol de l'Agriculture, Arias Cañete, opérait une descente lobbyiste à Bruxelles et réclamait la somme de 30 millions d'euros que l'UE devrait verser aux pêcheurs espagnols, en guise de compensation de la mise au chômage forcé de la centaine de navires ibériques concernés. Pour l'heure, les observateurs les plus proches du dossier laissent courir le bruit que Rajoy profiterait de sa rencontre avec le roi pour solliciter une autorisation exceptionnelle de pêche dans les eaux marocaines, pour éviter le pire aux opérateurs espagnols. Ce cas de figure a déjà un antécédent dans le passé, lors de la catastrophe écologique provoquée en 2003 par le naufrage du pétrolier «Prestige». L'option est en tout cas la seule envisageable, face à l'impossibilité juridique pour les deux pays de s'engager dans un accord bilatéral. Pour l'heure, l'option d'un nouvel accord de pêche sur de nouvelles bases est en examen entre professionnels des deux pays. La Commission mixte les réunissant vient de tenir, la semaine dernière à Barbate, en Espagne, une rencontre pour s'entendre sur la position à adopter au lendemain du rejet de l'accord de pêche. «Nous regrettons le blocage du protocole pour des motifs politiques, alors qu'il devait être réexaminé seulement dans ses aspects techniques et économiques», indique-t-on dans le communiqué officiel sanctionnant la réunion. L'entité demande aux autorités concernées de tenir compte de ses propositions d'amélioration des conditions techniques du protocole sous leurs aspects actuels. «Nous continuerons aussi nos efforts de sensibilisation des membres du Parlement européen, des Etats membres, de la Commission européenne et du gouvernement du royaume du Maroc», déclarait la même communication. Pour rappel, le 14 décembre dernier, le Parlement européen rejetait, à l'issue d'un vote, la reconduction de l'accord de pêche Maroc-UE. Ce «non» a noyé tout un partenariat en vertu duquel 119 bateaux européens, dont 100 espagnols, bénéficiaient d'un permis de pêche dans les eaux marocaines. L'on comprend alors facilement pourquoi la pilule a encore du mal à passer chez nos voisins ibériques...