Mardi fut, par excellence, la journée de la pêche à Bruxelles. Officiels et professionnels, chacun de son côté, se sont donnés rendez-vous au siège de la Commission européenne (CE) pour débattre de l'avenir du poisson marocain. Du côté des officiels, le ministre espagnol de l'Agriculture Arias Cañete a rencontré la Commissaire européenne Maria Damanki. À en croire ses déclarations à l'issue de cette rencontre, Cañete n'y est pas allé de main morte pour pousser Damanki à se retrousser les manches. Durant cette entrevue, Cañete a agité l'épouvantail des dédommagements. Le retard dans la conclusion d'un nouvel accord de pêche avec le Maroc coûtera cher aux caisses européennes, a-t-il laissé entendre. «Une année sans accord aura un coût de l'ordre de 15 à 16 millions d'euros en termes de dédommagements pour le secteur espagnol», a averti le responsable ibérique. La seule voie, selon Cañete, est «la célérité» pour négocier un nouveau protocole. «Nous avons évalué en détail les coûts engendrés par cet arrêt et nous avons discuté avec la Commission européenne des possibilités qui s'offrent à nous. Nous sommes arrivés à la conclusion que la somme que devraient percevoir les armateurs et pêcheurs oscille entre 15 et 16 millions d'euros, pour une période d'une année», a-t-il souligné. Relancer les négociations Toutefois, Cañete prévient que cette somme sera revue à la hausse si, dans l'avenir, aucun pacte n'est conclu car les compensations devront inclure des primes à la casse au profit de la flotte espagnole. Le ministre s'est montré relativement optimiste. Selon lui, l'Exécutif espagnol «écarte résolument» le risque de non signature d'un nouveau pacte. Cañete s'est voulu rassurant, en affirmant travailler d'arrache-pied pour la conclusion d'un traité dans les plus brefs délais. Pour cela, il a estimé que l'équipe de Mariano Rajoy a évalué que l'absence de la flotte espagnole des eaux marocaines ne durerait pas plus qu'une année, au grand maximum. Assurant au passage que son gouvernement est convaincu que la période de négociation sera plus courte et que par conséquent les compensations seront, de facto, moindres. Un message subtil à Damanaki, comme quoi la préoccupation majeure du secteur consiste plus dans la mise en place d'un protocole en bonne et due forme que dans le recours à des aides européennes. D'autre part, les membres du Conseil consultatif régional de la flotte de haute mer de l'UE (LDRAC) ont tenu une réunion de crise à Bruxelles à la demande de la Confédération espagnole de pêche (Cepesca). Au menu, le futur de l'accord de pêche avec le Maroc, mais aussi le traité de pêche liant la communauté européenne à la Mauritanie. La flotte européenne se trouve en effet dans de beaux draps après l'échec du 5e round des négociations avec cette dernière. L'accord, qui arrive à terme le 31 juillet 2012, met les armateurs espagnols dans une situation délicate. Javier Garat, le secrétaire général de Cepesca a réitéré, à la veille de cette réunion, l'importance de démarrer un nouveau mandat de négociations avec le Maroc pour sortir enfin de cette situation de crise.