Est-ce le bout du tunnel pour l'accord agricole ? Le vote, jeudi, en faveur de sa ratification par la Commission du commerce international au Parlement européen donne des raisons d'espérer en attendant la plénière du 15 février. Le Maroc a pris une belle revanche au Parlement européen. Le très attendu vote de la Commission du commerce international, effectué dans la matinée du jeudi, est clairement en faveur de l'élargissement de l'accord agricole, signé entre Rabat et Bruxelles, le 13 décembre 2010. Le rapport présenté par l'eurodéputé José Bové, demandant le rejet de ce protocole, a subi de larges modifications. Le 15 février, la plénière du PE se prononcera, une fois pour toutes, sur ce protocole. Sans crier victoire, Youssef Amrani, le ministre délégué aux Affaires étrangères, dans des déclarations au Soir échos, assure que «ce vote atteste que l'Union européenne a répondu favorablement aux attentes du Maroc pour établir les fondements d'une relation multidimensionnelle, intégrant, outre le dialogue politique, une coopération économique et un échange fructueux en vue d'explorer les possibilités de construire, ensemble, un espace économique commun ». Et d'ajouter que « le ministre des Affaires étrangères, Saâd-Eddine El Othmani, et moi-même, sommes déterminés à expliquer aux eurodéputés notre position », précisant au passage « qu'il y a eu des démarches, en ce sens ». Revers pour Rajoy … Ce vote est un sérieux revers pour l'Espagne de Mariano Rajoy. Les conservateurs au pouvoir à Madrid n'ont pas caché leur intention de se prononcer contre l'accord agricole, au point de mobiliser tous les députés du Partido Popular au Parlement européen dans cette aventure. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a même qualifié, dans un entretien accordé à El Pais, l'accord agricole de « déséquilibré ». Et de proposer des rounds de négociations entre Madrid et Rabat pour la conclusion d'un nouvel protocole qui prendrait en considération les intérêts des deux pays. Les socialistes du PSOE, pour des raisons purement électoralistes (les élections dans la région autonome d'Andalousie auront lieu le 25 mars), leur ont emboîté le pas. Tardivement mais sûrement. …Et pour le Polisario En plus de l'Espagne de Rajoy, ce vote est également un revers pour le Polisario. Son réseau de soutien au Parlement européen a mené, depuis décembre 2010, une campagne hostile à la ratification de l'accord agricole. Une quête au cours de laquelle le front a déployé une folle énergie, multipliant les initiatives et les correspondances à l'adresse des services juridiques de la Commission européenne et à Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'UE. Le vote de la Commission du commerce international sera suivi, par son passage, mi-février, à la plénière du PE. D'ici cette date, rien n'est encore gagné. Le souvenir de l'accord de pêche est toujours vivace pour nous le rappeler. Adopté par les membres de la commission dela pêche et d'agriculture, il a été rejeté par la plénière. Ce qui va changer L'accord signé le 13 décembre 2010 a apporté quelques avantages pour les exportateurs marocains de produits agricoles. La tomate, fleuron de l'agriculture nationale destinée à l'export, verra son contingent passer, à l'horizon 2014, à 285.000 tonnes contre 233.000 actuellement en vigueur. Les exportations en clémentines arrivent en seconde position. Elles sont appelées à connaître une hausse conséquente : de 130.000 à 175.000 tonnes. Cette augmentation bénéficiera, également, à la courgette. Son volume d'exportation subira une hausse importante, passant du simple au double, soit de 25.000 tonnes à 50.000 tonnes. Les concombres seront touchés par la grâce de cet élargissement de l'accord agricole, de 5.600 tonnes, ils seront 15.000 tonnes. Les exportations en ails font partie de cette liste. De 1.000 tonnes actuellement, elles passeront à 1.500 tonnes. L'accord agricole de 2010 prévoit, en outre, l'ouverture de nouveaux contingents pour les fraises de 3.600 tonnes en avril. Entre autres.