Critiquant un accord agricole « déséquilibré», le gouvernement de droite espagnol multiplie les déclarations et les démarches, pour un nouveau protocole adapté aux seuls intérêts espagnols. L'accord agricole entre le Maroc et l'Union européenne est de nouveau sur la table des discussion au sein du Parlement des 25. La Commission du commerce international au sein du Parlement européen planchera, à partir de ce mercredi, sur un des dossiers chauds unissant, ou plutôt opposant, le royaume et la communauté européenne. Si la position du puissant lobby espagnol du secteur agricole est très connue, celle du gouvernement présidé par Mariona Rajoy vient tout juste d'être dévoilée… officiellement par le ministre des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo. Dans un entretien publié dimanche par le quotidien ibérique El Pais, le chef de la diplomatie espagnole précise que les eurodéputés du Partido Popular au pouvoir ont « voté contre l'accord agricole ». Il a, en cela, fait référence au vote, début juillet 2011, de la Commission de l'agriculture relevant du parlement européen, au cours duquel le protocole a été rejeté par 24 voix contre 14 pour, avec l'abstention de deux eurodéputés. Margallo estime que l'accord agricole de décembre 2010 est «déséquilibré». Pour un nouvel accord Une position conforme aux revendications des associations d'agriculteurs espagnols. Le ministre ne ferme pas, pour autant, toutes les issues à la négociation avec la partie marocaine. Dans l'entretien précité, il annonce que, suite à la visite au Maroc de Mariano Rajoy, le 18 janvier, il a été décidé que le ministre de l'Agriculture espagnol, Miguel Arias Canaté, se déplacerait à Rabat, le 9 février prochain. Saâdeddine El Othmani, en charge du département des Affaires étrangères, est également attendu dans le cadre d'une visite de travail à Madrid. Le tout, en vue de la conclusion d'un « accord qui satisfasse les deux parties et leurs intérêts légitimes ». Ces deux annonces de Garcia-Margallo n'ont pas été accompagnées de dates. En revanche, elles laissent entendre que l'examen de l'accord agricole par les eurodéputés pourrait subir de nouveaux reports, afin de laisser du temps à la Commission européenne d'introduire des amendements avant son adoption ou non, par Strasbourg. Sur ce point, Madrid a toutes les cartes en main. En plus des eurodéputés du groupe populaire qui lui sont acquis, elle compte également sur le soutien, pour d'autres raisons, des élus des Verts et de l'extrême gauche. Petite précision : le Français José Bové, le rapporteur chargé de la rédaction du rapport qui sera examiné le mercredi 25 janvier, et l'Italien Lorenzo Fontana, qui a présenté le document sur la base duquel la commission de l'agriculture s'est prononcée en juillet 2011 contre l'accord agricole, appartiennent au groupe des Verts. Pragmatisme espagnol Si le gouvernement espagnol ne semble guère pressé quant à la ratification du protocole agricole, ce n'est nullement le cas quand il s'agit de l'accord de pêche. Un dossier sur lequel le cabinet de Rajoy multiplie, et à une cadence accélérée, les initiatives à même de garantir aux 64 chalutiers, notamment de l'Andalousie et des Iles Canaries, un retour rapide dans les eaux marocaines, y compris au Sahara. Sur ce point, nos voisins du Nord se montrent très pragmatiques. C'est dans ce contexte que s'inscrit la volonté du gouvernement du PP de souligner, comme rapporte l'agence EFE, à la Commission européenne, «l' intérêt» que revêt la conclusion d'un nouvel accord pour «toutes les parties » ; bien entendu, l'Espagne en premier, d'autant plus que 2012 ne s'annonce guère sous de meilleurs auspices pour les conservateurs au pouvoir à Madrid. Preuve en est les dernières prévisions de la Banque d'Espagne, annonçant une croissance économique négative estimée à -1,5%. Ce n'est qu'en 2013 que cet institut monétaire prévoit une légère amélioration de 0,2%.