L'annonce de la composition du premier gouvernement de Mariano Rajoy, mercredi soir, a suscité une grande surprise dans les milieux politiques et des médias. Une seule explication reste toutefois à retenir. Il s'agit d'abord d'un cabinet minoritaire de 14 membres dont le président de gouvernement, soit l'équipe gouvernementale la plus réduite depuis la restauration de la démocratie en Espagne, en 1978. C'est aussi un gouvernement constitué de vétérans dont la moyenne d'âge est de plus de 50 ans. Il est enfin, c'est le plus important, le noyau dur du Parti Populaire composé des « amis intimes » de Rajoy. En faisant la radioscopie de ce gouvernement, tout observateur averti peut relever que Rajoy a mis sur pied un gouvernement de circonstance truffé d'économistes et dont la préoccupation centrale sera le redressement de la comptabilité publique. A la différence du dernier gouvernement socialiste de Zapatéro, une seule personne va se charger de la coordination de l'ensemble des ministères. C'est Soraya Saénz de Santamaria (40 ans), désignée par Rajoy comme seule Vice-présidente, ministre de la Présidence y Porte-parole du gouvernement. Plusieurs lectures s'apprêtent. Toutefois, l'actuel cabinet compte transmettre un message de tranquillité et de transparence à la société espagnole. Certains observateurs le jugent comme étant proche de l'église pour son profil conservateur. D'autres le cataloguent comme un gouvernement de technocrates avec des hommes qui ont rompu leurs bosses dans les méandres de la politique. Enfin, une catégorie d'observateurs le qualifie de « machiste » pour n'avoir pas respecté la parité des sexes avec seulement quatre femmes (contre dix hommes). Ce qui est cependant primordial dans toute analyse est le programme que vont défendre les nouveaux ministres. La plupart d'entre eux sont déjà connus pour avoir occupé des portefeuilles au gouvernement d'Aznar ou assumé des responsabilités au Parti ou aux commissions parlementaires. Le profil de ce gouvernement correspond parfaitement aux premières intentions de Rajoy de réduire le déficit public. Il avait promis dans son discours d'investiture, lundi dernier au parlement, de le réduire de 16,5 milliards d'euros alors que d'autres sources proches du Parti Populaire ont laissé entendre, mercredi soir, que l'objectif serait en 2012 de porter ce chiffre à 40 milliards d'euros. Quels sont les départements et rubriques qui seront affectés par l'austérité budgétaire ? A la suite des mesures drastiques appliquées par le gouvernement socialiste, le budget de l'administration publique a désormais l'aspect d'un corps squelettique avec des coupes dans tous les départements, affectant particulièrement les services sociaux. Ceci invite à prévoir des moments durs pour les catégories les plus vulnérables, les immigrés, les chômeurs et personnes en quête d'un nouvel emploi ainsi que pour les jeunes et les universitaires. Toute éventuelle réduction du budget public aura une conséquence immédiate sur l'état du bien-être, la qualité de l'éducation et de la santé publique. Concernant les futures relations entre le Maroc et l'Espagne, il est logique de s'intéresser à la figure de la personnalité qui succède à la socialiste Trinidad Jiménez à la tête du département des Relations Extérieures et de la Coopération. C'est José Manuel Garcia-Margallo (67 ans), un intime ami de Rajoy. Il est probable qu'il eut d'intenses rapports avec la délégation du Maroc auprès de l'Union Européenne et avait assisté aux négociations des accords entre le royaume et cette organisation régionale. Il a le mérite qu'il ne s'était jamais occupé directement, en tant que responsable politique, d'un dossier sensible dans les relations maroco-espagnole au cabinet d'Aznar. Doté de grandes connaissances en matière économique, il était le conseiller préféré de Rajoy dans les questions communautaires. Il compte une expérience de plus de trente ans comme député dont plus de la moitié passée au Parlement européen où il siège depuis 1994. Licencié en droit en 1965 de l'université catholique de Deusto, de Bilbao, il avait occupé son premier poste de fonctionnaire à l'époque du franquisme. Il fut élu député pour la première fois en 1977 pour l'Union du Centre Démocratique (UCD) d'Adolfo Suarez. Comme eurodéputé, il a été attaché à Strasbourg à la commission des Affaires Economiques et Monétaires. Autre aspect innovateur dans le cabinet Rajoy consiste à lire, jeudi dans la presse, les déclarations des biens des nouveaux ministres. L'actuel gouvernement, qui a été bien accueilli par l'ensemble des formations politiques, a la mission d'apporter les solutions urgentes aux problèmes épineux auxquels fait face la société. Pour les cinq millions de chômeurs, peu importe la couleur du parti qui gouverne. L'accès à un emploi est vital pour pouvoir sortir du cercle vicieux de la pauvreté et la marginalisation. Les nouveaux ministres d'Espagne Vice-présidente, ministre de Présidence et porte-parole: Soraya Saenz de Santamaria. Ministre des Affaires Extérieures et de la Coopération: José Manuel García Margallo. Ministre de l'Intérieur: Jorge Fernández Díaz. Ministre de la Defensa: Pedro Morenés. Ministre de la Justice: Alberto Ruiz Gallardón. Ministre de l'Economie: Luis de Guindos. Ministre des Finances et Administrations Publiques: Cristobal Montoro. Ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme: José Manuel Soria Ministre de l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement: Miguel Arias Cañete. Ministre de l'Education et la Culture: José Ignacio Wert. Ministre de la Santé, Services Sociaux et Egalité: Ana Mato. Ministre du Développement: Ana Pastor. Ministre de l'Emploi y de la Sécurité Sociale: Fátima Báñez.