Grand favori des élections législatives, le chef de file de la droite espagnole Mariano Rajoy apparaît comme un homme de parti discret et austère. Décryptage d'une victoire annoncée, résultant plus de la déroute économique que d'un véritable charisme du candidat. «L'homme impassible » : c'est ainsi que Graciano Palomo a titré la première grande biographie de Mariano Rajoy, publiée en ce début 2011. D'aspect assez austère, le chef de file du PP est un homme « sérieux, raisonnable, modéré et avec une bonne préparation technique», estime le journaliste-biographe. Après les défaites aux élections de 2004 et 2008, celui qui n'a conservé que de justesse sa place à la tête du PP s'apprête vraisemblablement à vivre pourtant son grand jour de gloire lors des législatives de ce dimanche. Une victoire plus due à la conjoncture économique, qui a causé l'effondrement de Zapatero, qu'à son charisme, manifestement aux abonnés absents. Mariano Rajoy s'apprête donc à devenir «président malgré lui», comme se plaisent à dire avec humour certains journalistes espagnols. De l'ombre de Fraga à celle d'Aznar Originaire de Galice et après des études de Droit, Mariano Rajoy fait ses premiers pas en politique dans l'ombre de Manuel Fraga, ancien ministre franquiste, galicien lui aussi, et fondateur de l'Alliance Populaire (AP), ancêtre du PP. Une victoire plus due à la conjoncture économique, qui a causé l'effondrement de Zapatero, qu'à son charisme, manifestement aux abonnés absents. Après son entrée à l'AP au début des années 80, il commence comme député au Parlement de Galice, avant d'accéder en 1986 au poste de vice-président du gouvernement galicien. En 1989, alors que l'Alliance Populaire est refondée sous le nom de Parti Populaire, le PP actuel, Rajoy est nommé membre du comité exécutif national du parti. C'est dans les années qui ont suivi qu'il devient peu à peu l'homme de confiance de José Maria Aznar, ancien président du Parti Populaire et chef du gouvernement durant deux mandats, de 1996 à 2004. Sous la présidence d'Aznar, Mariano Rajoy multiplie les postes clés : ministre des Administrations publiques en 1996, puis ministre de l'Education et de la Culture en 1999; avant d'accéder au poste de ministre de l'Intérieur en 2001. Durant cette période, il participe activement à la vie du parti, en menant avec succès la campagne électorale de 2000 et en occupant le poste de porte-parole du gouvernement en 2002 et vice-président du parti. Survivant après deux défaites Après le deuxième mandat d'Aznar, il est choisi pour lui succéder, écartant ses concurrents d'alors, Rodrigo Rato et Jaime Mayor Oreja. Après sa désignation, Mariano Rajoy est battu aux élections de 2004 et 2008. Après ces deux défaites, il ne conservera son poste que difficilement, triomphant de justesse des luttes intestines de son parti. Lors de sa réélection à la tête du parti en 2008 au Congrès de Valence, il décide alors de s'entourer de femmes, Maria Dolores de Cospedal et Soraya Saenz de Santamaria, pour donner une image plus centriste et moderne du parti. En tant que chef de l'opposition, il critique vivement le gouvernement Zapatero sur la réforme du statut d'autonomie de la Catalogne, la régularisation des 700 000 sans papiers ou encore sur les négociations avec l'ETA et l'adoption du mariage homosexuel. Aujourd'hui en passe de devenir le prochain chef du gouvernement, Mariano Rajoy a déjà annoncé une ligne politique toute en austérité, avec de nombreuses coupes dans les budgets, afin de satisfaire les exigences de Bruxelles. Comme un avant-goût de victoire La semaine dernière, Mariano Rajoy était opposé, à l'occasion d'un débat télévisé, au socialiste Alfredo Perez Rubalcaba. Selon les sondages effectués par plusieurs journaux, le chef de file du PP est sorti vainqueur de l'affrontement sur petit écran, confortant ainsi sa position de grand favori pour les législatives. Tandis que Rajoy bottait en touche, le nez plongé dans les fiches de son programme, le candidat socialiste adoptait quant à lui une autre technique, multipliant les interpellations agressives. Au lendemain du débat, le quotidien espagnol El pais estimait que tous deux s'étaient contentés d'occuper «les positions que leur assignent les sondages : Rajoy sur le banc bleu (les sièges réservés au gouvernement à la chambre des députés), Rubalcaba dans ses fonctions de chef de l'opposition avec des questions souvent restées sans réponses précises». Selon une vaste enquête publiée vendredi dernier par le Centre d'Enquêtes sociologiques, un organisme public indépendant, les socialistes s'acheminent vers une défaite historique, avec 29,91% des intentions de vote contre 46,60% pour le PP.