La Commission de l'Agriculture a rejeté, mardi, l'accord agricole Maroc-UE. Un nouveau revers pour le Maroc au Parlement européen. La Commission de l'Agriculture au Parlement européen a refusé, mardi, le nouvel accord agricole entre le Maroc et l'UE. L'issue du vote était prévisible. Un secret de Polichinelle, vu le nombre des opposants, à Strasbourg, à la nouvelle mouture de cet accord, signée le 13 décembre dernier à l'occasion de la réunion mixte Maroc-Union européenne. Le rapport présenté par l'Italien Lorenzo Fontana a ouvertement demandé aux eurodéputés, membres de la Commission de l'Agriculture au PE, de rejeter le traité de libéralisation des exportations agricoles. Une demande qui a eu l'adhésion de 24 parlementaires, contre 14 et l'abstention de deux élus. Par ailleurs, les amendements présentés par les deux groupes socialiste et libéral, en faveur de l'accord, ont subi le même couperet : ils ont été refusés par 25 eurodéputés contre l'approbation de 14 et une seule abstention. Cette issue de vote est un double revers pour le royaume. Pour renverser la vapeur lors de la séance plénière, la diplomatie marocaine devra déployer plus d'efforts en vue de convaincre la majorité des eurodéputés de s'aligner sur les positions de Rabat. Ce vote est également un double revers pour la Commission européenne qui a fait campagne en faveur de la ratification de cet accord. Dans son rapport, Lorenzo Fontana a misé sur l' « incompatibilité des produits agricoles en provenance du Maroc avec les normes sanitaires de sécurité alimentaire et de la protection de l'environnement en vigueur à l'Union européenne ». Soulevant « les conditions de travail au Maroc » et se faisant le porte-parole du lobby agricole espagnol, il a dénoncé « la politique de dumping » des marchés des Vingt-sept menée par le royaume. Fontana a usé de la crise économique pour mettre en garde contre les répercussions négatives sur les producteurs européens de toute augmentation des exportations agricoles marocaines vers l'UE. Le refus de la Commission de l'Agriculture a été salué par les associations agricoles espagnoles. A l'exception des eurodéputés du PSOE, au pouvoir, ceux de la droite du Parti Popular et des Verts ont fait campagne pour le «non». L'accord agricole a également fait l'objet, mercredi, d'un examen par la Commission du commerce international (CCI) du Parlement européen. Sur la base du vote négatif de la Commission de l'Agriculture, cette dernière devra élaborer, en août prochain, un rapport qui sera débattu, dans un premier temps, uniquement par les membres de la CCI pour ensuite faire l'objet, en octobre, d'un vote en séance plénière. L'avis du Parlement européen reste décisif lors de la ratification d'accords économiques que le Commission européenne signe avec des pays tiers. Cette influence, les eurodéputés la doivent essentiellement au traité de Lisbonne, lequel a donné un rôle nettement plus important au PE, en étant impliqués dans la quasi-totalité des décisions au niveau européen. Le PE donne également sa bénédiction aux membres de la Commission européenne. La diplomatie marocaine était-elle consciente de cette donne ? Les revers que subit le royaume par les eurodéputés laissent entendre le contraire.