Une fois de plus, le Parlement européen s'avère une citadelle qui résiste à l'assaut de la diplomatie marocaine, officielle ou parlementaire. Le débat au parlement européen sur le nouvel accord agricole en est le parfait exemple. Les relations entre cette institution et le Maroc ne sont pas au beau fixe. Et c'est encore un euphémisme. Mardi, les services juridiques du PE ont appelé la Commission européenne à apporter des éclaircissements sur l'impact de l'élargissement de l'accord agricole sur la population du Sahara. Cette nouvelle position du PE intervient suite à des questions formulées par des eurodéputés, notamment les Verts, sur la validité juridique de l'inclusion du Sahara dans les clauses de la nouvelle mouture de l'accord agricole entre l'Union européenne et le royaume qui sera prochainement examiné par le Parlement européen. L'approbation de ce dernier est nécessaire pour l'entrée en vigueur du nouvel accord. Les services juridiques du Parlement européen, dans leur réponse aux questions des eurodéputés, avouent qu'ils ne sont pas en mesure de confirmer si «le nouvel accord sera appliqué au territoire du Sahara occidental ou non» ni «comment la population locale en bénéficiera». Les mêmes services juridiques se montrent, par ailleurs, très sceptiques quant à l'impact sur les habitants du Sahara de la libéralisation des échanges agricoles entre le Maroc et l'UE. Autant de questions qui demeurent en suspens. Dans ce contexte, ils renvoient la balle à la Commission européenne pour qu'elle éclaire la lanterne du PE sur ces questions. Un préalable avant que les eurodéputés ne se prononcent sur l'adoption ou le rejet de l'accord agricole. Les services juridiques du PE demandent des réponses écrites avec des engagements précis de la CE que la région du Sahara ne soit pas concernée par l'élargissement de cet accord. Une demande parfaitement en phase avec les thèses du Polisario. Rappelons au passage que le mouvement de Mohamed Abdelaziz compte de solides relais dans cette institution de l'UE. Ce qui n'est d'ailleurs pas le cas côté marocain. Le prétexte «Sahara» Le document des services juridiques du PE a fait, le même jour, l'objet d'un débat à la Commission agriculture et pêche au Parlement européen. Euphorique, la presse espagnole rapporte que nombreuses sont les voix (Parti populaire européen, Verts et Libéraux) qui se sont élevées pour critiquer les clauses du nouvel accord agricole. Certains eurodéputés ont même appelé à son abrogation, comme le Français José Bové (Verts), chargé de la rédaction du rapport, qui s'est montré un fervent partisan du «non». Force est de constater que la question du Sahara n'est qu'un prétexte brandi par certains députés pour «justifier» des positions contraires aux intérêts du Maroc. Pour le puissant lobby agricole espagnol ou encore celui français, toute libéralisation des échanges commerciaux entre Rabat et Bruxelles n'est pas la bienvenue. Pour mémoire, le 13 décembre dernier, à l'occasion de la réunion mixte Maroc-Union européenne chargée du suivi de l'accord d'association, il a été procédé à la ratification d'un nouvel accord agricole. Un acte qui a mis un terme à des mois d'atermoiements de la part de l'UE. Et pour cause, depuis le 17 décembre 2009, Rabat et Bruxelles ont convenu d'augmenter le contingent de certains produits agricoles marocains écoulés sur le marché des Vingt-Sept