L'accord agricole risque de subir le même sort que son pendant à la pêche. Le PP espagnol prend la tête d'un front contre l'élargissement du protocole signé le 13 décembre 2010. Tensions en perspective avec l'Espagne de Rajoy. Le passage, en février prochain, de l'élargissement de l'accord agricole entre le royaume et l'UE à la plénière du Parlement européen, sera un nouvel épisode de la série des crises tant redoutée, depuis l'arrivée des conservateurs à la Moncloa. Et pour cause, le PP au pouvoir, par le biais de sa section andalouse, s'apprête à donner des consignes à ses eurodéputés de voter contre le projet d'augmenter le contingent de certains produits agricoles en provenance du Maroc. Pire encore, il compte mener une forte campagne de lobbying auprès des autres formations politiques à Strasbourg, en vue de les amener à adopter la même position. Une mission qui ne s'annonce pas difficile ; les conservateurs espagnols comptant déjà sur l'adhésion des groupes Verts et de l'extrême gauche. Seul leur manque le soutien des eurodéputés socialistes du PSOE. Ces derniers, depuis leur cuisante défaite aux élections du 20 novembre, sont sur la défensive. Contrairement à la droite qui observe une position claire sur cette question, la gauche est dans la confusion. Toutefois, le fait de n'être plus au pouvoir est un élément qui pourrait les rapprocher davantage des positions défendues par le PP. Sur ce dossier, les Espagnols ont une longueur d'avance sur les Marocains. Les informations en provenance du Parlement européen, ou d'Espagne, ne laissent guère de place à l'optimisme. Carte électoraliste Si le PP d'Andalousie a pris la tête des opposants à l'élargissement de l'accord agricole, c'est pour des raisons purement électoralistes. Les 17, 18 et 19 février, cette section du parti au pouvoir en Espagne aura rendez-vous, à Séville, avec l'élection de son secrétaire général. Javier Arenas, un des caciques du PP andalous depuis les années Aznar, compte rempiler pour un nouveau mandat, le premier pas vers la concrétisation de son principal objectif : la présidence de la région autonome d'Andalousie. Une ambition qui passe inéluctablement par l'adhésion, autour de sa candidature, des présidents des puissantes associations d'agriculteurs, de solides réservoirs électoraux pour la droite espagnole. C'est dans ce contexte que s'inscrit la campagne d'Arénas contre les produits agricoles en provenance du Maroc, au point de constituer un front réunissant l'Andalousie, Murcie, les Iles Canaries et même Valence. Force est de constater que sur ce dossier, les Espagnols ont une longueur d'avance sur les Marocains. Les informations en provenance de Strasbourg, siège du Parlement européen, ou de l'Espagne, ne laissent guère de place à l'optimisme. Un vote négatif des eurodéputés serait lourd de conséquences, notamment sur le plan économique et pour l'agriculture nationale. Un secteur qui n'est pas encore parvenu à diversifier ses marchés. Sa dépendance de l'Europe lui est préjudiciable d'autant qu'il reste exposé aux aléas de la pluviométrie. Double jeu L'Espagne de Mariano Rajoy entend convaincre la Commission européenne d'initier des négociations avec le Maroc, pour un nouvel accord de pêche. Son ministre de l'Agriculture est attendu aujourd'hui à Bruxelles pour entamer des contacts devant mener au retour des chalutiers européens, dont la majorité est espagnole, dans les eaux du royaume. Parallèlement à cette volonté, les mêmes dirigeants se montrent, jusqu'à présent, hostiles à tout élargissement de l'accord signé le 13 décembre 2010, prévoyant une libéralisation contrôlée de certains produits agricoles. Un acte qui attend encore sa concrétisation sur le terrain, à cause notamment du très indispensable feu vert du Parlement de européen qui tarde à se manifester.