Les réunions de mardi et de mercredi seront décisives pour la suite de l'accord agricole qui sera soumis au vote des eurodéputés en séance plénière. La semaine en cours s'annonce décidément très décisive pour l'accord agricole qui lie Rabat à Bruxelles, puisque la Commission de l'agriculture au Parlement européen se penche dès aujourd'hui sur l'examen de ce traité. Son avis est primordial pour l'entrée en vigueur des avantages qu'avait concédés la CE au royaume, le 13 décembre 2010, à l'occasion de la réunion mixte Maroc-Union européenne. La presse espagnole, s'appuyant sur un rapport élaboré par l'eurodéputé Lorenzo Fontana, avance que l'issue du vote, au sein de cette commission, serait négative pour le royaume. Toutefois, la partie n'est pas encore perdue pour Rabat, des amendements présentés par certains groupes proches du Maroc au PE pourraient, non pas renverser la vapeur, mais au moins réussir à modérer le texte final de la résolution. Mercredi 13 juillet, c'est au tour de la Commission du Commerce international au Parlement de Strasbourg de procéder à un échange de vues avec d'une part le ministre Aziz Akhannouch et d'autre part, des membres de la Commission européenne. Le débat sera, sans aucun doute, vif et franc. Si Rabat et Bruxelles ont des positions quasi-identiques sur l'importance de l'élargissement de l'accord agricole y compris aux produits en provenance du Sahara, les eurodéputés pensent, plutôt, le contraire. Bien avant la signature du nouvel accord, ils n'ont cessé de dresser des obstacles à cette ratification, faisant de la question du Sahara leur principal cheval de bataille. Une position qui tranche complétement avec celle de la Commission européenne. Pour mémoire, fin mai, Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE, dans une lettre adressée aux eurodéputés, a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara, en tant que « puissance administrative ». « Le Sahara occidental est un territoire non-autonome et le Maroc est la puissance administrative de facto », souligne la missive de la diplomate anglaise. « Les exportations de produits du Sahara occidental, sont de facto régulés par les lois internationales (…) et si l'administration du Maroc au Sahara est admise (…) il est tout à fait normal d'appliquer ces lois en y incorporant les produits agricoles et de pêches à l'accord d'association » conclu entre les deux parties. Le Sahara sera un des sujets phares de la réunion du mercredi mais non pas le seul. Les eurodéputés proches du puissant lobby agricole espagnol réunis sous la bannière de l'association FEPEX ( la Fédération espagnole des associations de producteurs et exportateurs de produits agricoles, créée en 1987), comptent soulever au cours de la réunion du mercredi, des questions qui se rapportent aux normes sanitaires et environnementales et l'incorporation dans l'accord des clauses sociales exigeant notamment des agriculteurs marocains le respect des droits des travailleurs. Autant de points qui constituent des zones d'ombre du dossier marocain. L'issue des réunions de mardi et mercredi sera décisive pour la suite de l'accord agricole qui sera soumis au vote des eurodéputés en séance plénière. L'accord de pêche et son pendant agricole sont deux dossiers pris en otage par les caprices des eurodéputés. Le Maroc n'est pas le seul perdant sur les deux tableaux. Pour la pêche, l'Espagne a tout à gagner d'un renouvellement, voire même d'une prorogation de l'actuel accord qui a expiré le 27 février et dont la prorogation d'une année attend toujours la bénédiction du Parlement de Strasbourg. Si ce dernier refuse, ce sont plus de 10 000 postes d'emploi directs et indirects qui seront perdus. L'Union européenne perd également. Bruxelles devra passer à la caisse et dépenser des millions d'euros en guise de compensation pour les sans-emplois. L'UE avait déjà fait l'expérience de 1999 à 2007, avec tout de même une différence de taille : les finances ne sont plus au vert comme auparavant.