Le Parti Socialiste en France est sur un petit nuage après le basculement ce week-end du Sénat vers la gauche, un basculement qui à sept mois de l'élection présidentielle, fragilise une future candidature de Nicolas Sarkozy mais redonne confiance à l'opposition. Ainsi les socialistes n'hésitent pas à en remettre une couche et ressortir leurs anciennes propositions de loi. L'une d'elle a refait surface dimanche soir : faire voter les étrangers aux élections locales. Une proposition relancée non seulement par SOS Racisme et par Martine Aubry qui l'avait déjà mentionnée en janvier dernier. Pour donner aujourd'hui le droit de vote aux étrangers, il faut une modification de la Constitution et donc un accord du Sénat. La Constitution Française de 1958 est claire à ce sujet : les immigrés qui n'ont pas la nationalité française ne peuvent pas voter : "Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques". Il faudra attendre la fin des années 70 pour que l'article de la Constitution soit remis en question par Jacques Chirac. Puis en 1981, c'est François Mitterrand qui s'en chargera. Cette proposition apparait dans son programme de campagne à l'élection présidentielle. Mais il l'abandonnera très vite. On accusera même François Mitterand de vouloir faire augmenter les voix du Front National. Après 2002, quelques élus de droite se sont également déclarés favorables à ce projet à titre personnel. Dans la liste, on trouve Nicolas Sarkozy ou encore Jean Louis Borloo mais ils n'ont pas su convaincre leur parti. Paradoxe Aujourd'hui les seuls étrangers qui peuvent voter en France sont les étrangers des pays membres de l'Union Européenne. Ils peuvent ainsi voter aux élections municipales et aux élections européennes, grâce au Traité de Maastricht en 1992. En revanche, un immigré maghrébin ou africain qui a vécu et travaillé en France depuis 40 ans par exemple n'est pas considéré comme un citoyen à part entière. Pourtant il travaille, cotise, paie son loyer, ses impôts et autres taxes mais lorsqu'il s'agit de donner son point de vue pour améliorer la vie de sa municipalité, il ne le peut pas. Une discrimination dénoncée par une dizaine de maires de grandes villes françaises depuis le début de l'année 2011. Polémique Ce qui est sûr, c'est que Martine Aubry a crée une nouvelle fois la polémique chez la droite et depuis hier les membres de l'UMP montent au créneau. Bruno Beschizza, le secrétaire national à l'emploi des forces de sécurité a déclaré que la proposition de droit de vote des étrangers était «une idéologie servant la dissolution de la Patrie et qu'elle ne prendrait effet qu'après la régularisation massive de tous les clandestins», rapporte France Soir. Mais le rejet de cette proposition ne vient pas seulement de la droite mais des propres rangs du Parti Socialiste, lui-même. Malek Boutih, membre du PS qui soutien François Hollande a déclaré que la proposition d'Aubry était une faute d'analyse. "Cette proposition n'est pas une priorité pour le Parti socialiste. Le Sénat doit aider le pays sur le point de vue économique et sociale. Martine Aubry a dit une bêtise et tendu une perche pour se faire battre", explique-t-il à RMC. Une nouvelle convergence de point de vue qui ne va pas arranger les affaires du parti à deux semaines des primaires socialistes.