L'Indonésie rejoint le bloc des BRICS    Diplomatie : Talbi Alami et Bourita à Accra    Sao Tomé-et-Principe. Le président limoge le gouvernement    La désignation d'un commissaire européen dédié à la Méditerranée, une annonce majeure passée inaperçue    Commission nationale des investissements : 171 projets approuvés, dont 53 financés par des investissements étrangers    Chambre des conseillers: Présentation du PL modifiant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    Entreprises débitrices : Ouverture exceptionnelle des perceptions de la CNSS samedi et dimanche prochains    Déclarations du 4e trimestre 2024 : panne sur le site des autoentrepreneurs    Marché des capitaux: Près de 90 MMDH levés en 11 mois    Loubna Rahmane : "Ces mesures visent à corriger les distorsions sur le marché domestique"    Guerre d'influence : La France face à la 5ème colonne algérienne [INTEGRAL]    Aide humanitaire au Liban: L'ONU a besoin d'un financement supplémentaire de 371 millions de dollars    Canada: L'Ontario renforce la surveillance à la frontière avec les Etats-Unis    Séisme en Chine: 400 personnes secourues, les recherches continuent    Ghana. John Mahama prête serment    Didier Deschamps quittera l'équipe de France après la Coupe du monde 2026    Botola D II: Aujourd'hui la J13, dimanche prochain la J14 (Programmes)    Arabie Saoudite. Quart de finale. Coupe du Roi : Benzema vainqueur de Bounou après les TAB    Real: Vinicius suspendu en Liga mais présent, ce jeudi, en Supercoupe !    Réunion de suivi des travaux d'aménagement du Grand stade de Tanger    Neymar n'exclut pas de rejoindre Lionel Messi à l'Inter Miami    Un reptile marin du Crétacé dévoile l'incroyable diversité des mosasaures au Maroc    L'activité physique adaptée : Un concept clé pour la santé    Rétro-Verso : L'adhésion à la CEDAW, une histoire porteuse d'espoir    Accidents de la circulation: 22 morts et 2.824 blessés en périmètre urbain durant la semaine dernière    Industries culturelles et cinéma : Le Maroc veut passer à la vitesse supérieure    Edito. Blockbuster ou navet pitoyable ?    Revue de presse de ce mercredi 8 janvier 2025    La CAF augmente les primes du CHAN 2024 : 3,5 millions de dollars pour le vainqueur    Remise gracieuse aux entreprises débitrices : ouverture exceptionnelle des perceptions de la CNSS en fin de semaine    Le soutien exceptionnel au secteur de la presse et de l'édition prendra fin en mars    Suspicion de pratiques frauduleuses dans certaines cliniques privées, où de fausses opérations de cataracte sont pratiquées    Casablanca Finance City: La DGI clarifie le régime fiscal des salariés    Chambre des conseillers : présentation du projet de loi modifiant et complétant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    Les couleurs du ciel du mercredi 8 janvier    Le Maroc entame l'application partielle des nouvelles normes sur le fer et l'acier turcs    Liga : Vinicius suspendu deux matches après son exclusion contre Valence    Regroupement des chaînes publiques : La SNRT finalisera l'acquisition de 2M et Medi1 TV d'ici deux mois    Un riche programme pour la célébration du nouvel an amazigh 2975    Le MMVI abrite une rencontre entre Chaïbia Tallal et le mouvement CoBrA    Cérémonie d'investiture du président ghanéen élu : Rachid Talbi Alami et Nasser Bourita présents    Dans le contexte de l'impulsion donnée par Sa Majesté le Roi à la question du Sahara marocain, la République du Ghana décide de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo « rasd »    Déficit public : le gouvernement Bayrou table sur 5%, voire 5,5% du PIB pour 2025    Xavier Driencourt appelle à des mesures urgentes face à la nocive influence algérienne en France    Marrakech. le Festival du Livre Africain reçoit Ananda Devi    Protection du patrimoine: Mehdi Bensaid dévoile les grandes lignes du projet de loi    Revue de presse de ce mardi 7 janvier 2025    Déclarations graves de Saïd Bensdira suscitent de nouveau la controverse : appels à l'extermination et accusations d'implication dans l'incitation contre le peuple kabyle    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'histoire maudite du Maroc : Peste, choléra et famine
Publié dans Yabiladi le 21 - 10 - 2018

Si les Marocains d'aujourd'hui se rappellent encore de la grande famine de 1940-1947, le Royaumr a connu de nombreuses catastrophes naturelles et épidémies. Plusieurs historiens remontent le temps pour évoquer les premières «colères de mère nature» en 1493 où famine et maladies contagieuses faisaient ravages au sein de la population.
Tout au long de son histoire millénaire, le Maroc a fait face à plusieurs catastrophes naturelles qui ont menacé sa stabilité et la survie de sa population. Si la majorité des Marocains se rappellent du rationnement drastique des produits alimentaires entre 1940 et 1947, appelé «Aâm El Boun» (l'année du bon), le royaume a connu bien d'autres misères par le passé. Famine, peste et «épidémies inconnues» étaient au menu dès 1521.
Dans un article intitulé «Population et crise au Maroc aux XVIe et XVIIe siècles. Famines et épidémies» (Cahiers de la Méditerranée, 1977), l'historien français Bernard Rosenberger est revenu sur certaines catastrophes naturelles et épidémies ayant frappé le Maroc dès le 15ème siècle. Ainsi, «en 1493, une épidémie [est] apportée par les Juifs expulsés de Grenade». Ayant sévi à Fès, cette maladie contagieuse aurait «peut-être été étendue ailleurs». D'autres épidémies non identifiées par les historiens auraient touché le royaume.
«En 1502 ou 1503, en tout cas avant 1505, une nouvelle épidémie fait des victimes en nombre suffisant pour affaiblir le souverain Wattasside. En 1511-1512 dans le Sous, une épidémie est signalée. Mais elles ne sont pas comparables à la crise de 1521-1523 qui est restée longtemps dans les mémoires.»
Bernard Rosenberger
Illustration. / DR
Les visites successives de la peste
L'historien français raconte comment cette famine exceptionnelle avait eu des «conséquences extrêmement sévères» sur les Marocains. «La misère fut atroce dans les plaines atlantiques où les parents vendaient leurs enfants pour l'équivalent de quelques mesures de grain. Le prix de l'homme atteint un taux dérisoire», rapporte-t-il.
Dans des conditions pareilles, la famine ne venait généralement pas seule. Elle aurait été accompagnée par «la maladie, vraisemblablement la peste» et ce, dès 1521. Pour illustrer, Bernard Rosenberger raconte aussi comment la famine, combinée à la peste, causèrent la mort de «milliers et milliers de personnes». «La cavalerie du souverain Wattaside se trouvait diminuée de 90% sans qu'il soit bien clair si c'était à cause du décès des hommes ou du manque de montures», ajoute-t-il.
Trente-six ans plus tard, la peste revient pour freiner la reconstitution de la population marocaine. A partir d'août 1557, elle sévissait déjà dans les montagnes du Rif et le long de la côte méditerranéenne après avoir fait son apparition en Algérie voisine dès 1553. «En janvier 1558, elle est à Fès-le-Vieux, en février au Mellah où elle fait périr de nombreux juifs. Dans la ville de Fès, il y aurait eu à certains moment, 1 000 à 1 500 morts par jour et même 3 000 selon certaines sources», poursuit l'historien.
Illustration. / Ph. Zamane
Ce n'est qu'à l'été 1559 que la maladie cesse de faire des morts après avoir couté la vie à près de 300 000 victimes. En 1580, le couple famine-maladie est de retour. Appelée «année de la toux», une «grippe» s'était associée à la famine pour frapper au lendemain de la Guerre des Trois rois et aurait duré moins d'un an.
Mais de 1597 à 1608, plusieurs catastrophes «effroyables» fondent sur le Maroc. «Peste, famine, guerre civile se succèdent ou se combinent», plongeant le pays dans le chaos. Un document espagnol, datant de mai 1597 et cité par l'historien français fait état de 450 000 morts. La sécheresse et la famine se succèdent alors, entre 1603 et 1606 puis en 1607-1608.
Choléra, pestes et… criquets pèlerins au 17ème siècle
Le 17ème siècle est lui aussi marqué par une situation apocalyptique. «De 1661 à 1663, une famine particulièrement meurtrière allait frapper le Maroc», raconte-t-on dans Hesperis Tamuda.
«L'hiver 1660-1661 fut rigoureux : froid d'abord et sec ensuite. En décembre 1660 on vit la neige à Fez, phénomène assez rare pour être noté, mais par la suite il ne tomba pas d'eau pendant plus de deux mois, et à la fin de février, les gens faisaient des prières pour la pluie à la Qarawiyin.»
Hesperis Tamuda
La sécheresse compromit les récoltes, alors que le moment des moissons fut «marqué par des violences qui attestent les difficultés éprouvées dans les campagnes». Un épisode qui se répète plusieurs fois, notamment en 1722. Une année qui sera marquée par une «grande famine», comme le rapporte Haïm Zafrani dans son livre «Deux mille ans de vie juive au Maroc : Histoire et culture, religion et magie» (Editions Eddif, 1998). Emigration, guerres civiles et pillages étaient au menu. «Après le pillage de Fès par les Oudaya en 1727, et particulièrement celui de Meknès par les Abids en 1728, le tribunal rabbinique fut appelé à juger les litiges nés de la perte des biens appartenant aux associés dans des affaires en commandite commerciale», raconte Haïm Zafrani.
Illustration. / DRPhoto d'illustration.
De 1766 à 1774, le Maroc exportait du blé vers l'Europe suite à de meilleurs rendements. Mais dès 1779, des années de sécheresse se succèdent jusqu'en 1782, comme le rapporte le chercheur marocain Ahmed Asrifi. Il s'agit aussi d'une «invasion de criquets pèlerins» qui poussera les Marocains «à manger des herbes et à consommer de la viande porcine». Le retour des pèlerins marocains en 1798 favorisera à nouveau la propagation d'une nouvelle souche de la peste. Près de 20 ans plus tard, «la peste tangéroise» fera son apparition d'abord dans la ville du Détroit.
Aam El Boun ou la grande famine du 20ème siècle
En 1834, la peste laissera place au Choléra. «La maladie avait fait son apparition en Algérie avant d'atteindre le Maroc. Cette catastrophe s'est succédée pour frapper à plusieurs reprises, soit en 1854, 1858, 1868 et 1878».
Mais l'une des catastrophes naturelles des plus sévères dont les Marocains se rappellent jusqu'à aujourd'hui est sans doute le rationnement drastique des produits alimentaires entre 1940 et 1947. «Après la défaite de la France en 1940 lors de la Seconde Guerre mondiale, l'Hexagone puisait dans les ressources de ses colonies, dont le Maroc», raconte Ahmed Asrifi. Une mesure qui avait impacté la production nationale et l'économie du royaume.
Afin de faire face à cette situation, le gouvernement de Vichy entreprend le rationnement, «fait sur une base ethnique avantageant les Français au détriment des Juifs puis des Musulmans», raconte David Bensoussan dans «Il était une fois le Maroc» (Editions iUniverse, 2012). Mais les conditions météorologiques auraient également contribué à accentuer cette crise.
Un souk au Maroc.
«Le manque d'hygiène et de nourriture sévit d'abord dans les campagnes où apparaissent rapidement les trois grands fléaux que sont la peste, le typhus et la fièvre», raconte Zamane. Les Marocains étaient tellement désespérés qu'ils «émigraient» vers des «régions davantage épargnées telles que les zones de débarquement américain où les soldats offrent des provisions à la population».
Si les chiffres français font état de 200 000 morts à cause de cette crise, l'historien Daniel Rivet estime que la seule année 1945 déplore plus de 300 000 morts.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.