En ces moments pénibles où le monde est mobilisé pour faire face à la propagation de coronavirus covid-19, Yuval Noah Harari, auteur de livre Homo deus, écrivait à juste titre qu'après la famine, les épidémies et les maladies infectieuses constituaient le deuxième plus grand ennemi de l'humanité. Nous savons tous que les villes ont été dans le passé et aujourd'hui une pépinière idéale et un terreau favorable des agents pathogènes. La plus mémorable de ces épidémies est la peste noire qui se déclara au début des années 1330, quelque part en Asie de l'Est pour se propager via une armée de rats et de puces et gagna rapidement toute l'Asie, l'Europe et l'Afrique du Nord. En moins de 20 ans, elle a causé la mort de presque 200 millions. En 1520, une autre pandémie virulente s'est déclenchée au Mexique. Il s'agit de la variole, qui, en deux mois a terrassé au moins un tiers de la population mexicaine. Deux siècles plus tard, les européens ont introduit à Hawaï les premiers germes de la grippe, de la tuberculose et de la syphilis. Par la suite, ils y ajoutèrent la typhoïde et la variole. Les îles Hawaïennes étaient densément peuplées avec 2 millions d'habitants en 1778, elles ne comptaient plus que 700 000 survivants en 1853. En 1918, au cours de la première guerre mondiale, les soldats français sur le front ont commencé à mourir par millier d'une grippe particulièrement virulente qu'on nomma la «grippe espagnole». En quelques mois, le virus toucha près d'un milliard d'habitants – un tiers de la population mondiale – Au total, la pandémie tua entre 50 et 100 millions de gens en moins d'un an. Outre ces tsunamis épidémiques qui frappaient l'humanité toutes les quelques décennies, l'humanité était aussi confrontée à des vagues plus petites, mais plus régulières, de maladies infectieuses qui tuaient par million chaque année. Au cours du siècle dernier, l'humanité est devenue plus que jamais vulnérable à l'épidémie en raison de la conjonction de populations croissantes et, notamment, de développement de moyens de transport. Or, l'incidence et l'impact des épidémies ont spectaculairement diminué au cours des toutes dernières années. Ce résultat tient au progrès sans précédent de la médecine au XX° siècle qui nous a apporté des vaccins, des antibiotiques, une meilleure hygiène et une infrastructure médicale bien meilleure. En 2014, pas une seule personne ne fut infectée ni tuée par le virus de la variole. La victoire est si complète que l'OMS a décidé de cesser de vacciner les personnes contre la variole. Néanmoins, nous restons de temps en temps alarmés par le déclenchement d'une nouvelle épidémie potentielle, comme celle du SARS (Syndrome respiratoire aigu sévère) apparu en 2002-2003, de la grippe aviaire en 2005, de la grippe porcine en 2009-2010 d'Ebola en 2014 et de Coronavirus (covid-19) que nous vivons ces temps-ci. Comme dans le passé, grâce à l'efficacité des contre-mesures, toutes les autres épidémies ont été enrayées. Celle à laquelle nous sommes affrontés aujourd'hui sera à son tour vaincue. Faisons confiance aux femmes et aux hommes de la science et misons sur l'outil le plus sûr dont nous disposons, c'est-à-dire la recherche scientifique. Et comme disait le philosophe français Auguste Comte «science d'où prévision, prévision d'où action», on ne saurait mieux résumer la force exceptionnelle de la science. *Enseignant universitaire